Attaque de Bassam: que deviennent les assaillants arrêtés ??
De présumés auteurs de l’attaque terroriste de Grand-Bassam ont été arrêtés au Mali. Mais, deux ans après, les autorités ivoiriennes n’ont transmis officiellement aucune commission rogatoire à leurs homologues maliennes, ni formulé aucune demande d’extradition des présumés assaillants. Et les victimes, en dehors d’une stèle, auront perdu la vie pour rien.
Cela fait exactement deux ans que la Côte d’Ivoire a connu une attaque terroriste. Le dimanche 13 mars 2016, en effet, des présumés djihadistes ont attaqué, en pleine journée, des civils à la plage de la cité balnéaire de Grand-Bassam. Le bilan officiel est lourd: 21 morts dont 15 civils, 3 présumés assaillants et 3 éléments des forces spéciales.
L’enquête a connu un rebondissement au Mali, sanctuaire du djihadisme. Les forces spéciales des services de renseignements maliens ont arrêté, dans la nuit du 16 au 17 avril 2016, le présumé numéro deux du groupe organisateur de l’attaque djihadiste à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire: le Malien Alou Doumbia.
Il serait le logisticien du groupe et très proche collaborateur de Kounta Dallah, présenté comme le cerveau de l’attaque du 13 mars 2016 dans la première capitale politique ivoirienne.
Dans ce même pays, les vendredi 25 et samedi 26 mars 2016, deux suspects clés, de nationalité malienne, ont été arrêtés dans deux opérations distinctes dans la partie septentrionale, grâce notamment à un téléphone abandonné par le commando qui a attaqué la station balnéaire de Grand-Bassam.
Ce téléphone a permis aux enquêteurs de les localiser au nord de Mali: Mydi Ag Sodack Diko, au sud de la ville de Gao, plus précisément, dans la localité de Gossi, et Ibrahim Ould Mohamed, au nord-ouest, à quelque 80 kilomètres de Tombouctou, plus précisément dans la localité de Goundam.
Le premier aurait servi à loger les assaillants, notamment le cerveau de l’opération. Peu après l’attaque, ce suspect aurait pris un avion à Abidjan, direction Bamako, avant de se diriger vers le nord du Mali où il vient d’être arrêté. Le second serait très proche et même le chauffeur et bras droit de Kounta Dallah.
Une source malienne au cœur de l’enquête est formelle: «On met-là la main sur le noyau dur d’une organisation sous-régionale du terrorisme. Nous avons visiblement à faire au même groupe qui a fait mener des attaques à Bamako, Ouagadougou et à Grand-Bassam».
La Convention relative à l’entraide judiciaire en matière pénale dans la CEDEAO appréhende la coopération judiciaire pénale comme «l’aide judiciaire la plus large possible dans la lutte contre les infractions de toute nature, en particulier contre le crime».
La Côte d’Ivoire officiellement n’a transmis aucune commission rogatoire aux autorités maliennes, ni formule aucune demande d’extradition des présumés auteurs. Pourtant, le 3 juillet 2015, pour contrer la menace du groupe islamiste Ansar Dine du touareg malien Iyad Ag Ghali, la Côte d’Ivoire a renforcé son arsenal juridique avec la loi anti-terroriste. Celle-ci prévoit des peines de dix à vingt ans de prison et autorise des perquisitions de jour comme de nuit, des interceptions de correspondances, des gardes à vue prolongée… Elle a été prise pour la forme.