CPI, le désamour
Après plusieurs mois de suspension, le procès de la honte vient de reprendre son triste cours depuis le lundi, 6 février dernier. Nous venons tous d’être témoins, au cours de cette semaine qui s’achève, de l’audition d’affilée de trois témoins.
Aussi et sans nulle nécessité de nous intéresser à la vacuité frappante de leurs allégations manifestement sujettes à caution, nous plaît-il plutôt de mettre en relief les évolutions notables actuelles dans la conduite même du procès Gbagbo Laurent et Blé Goudé.
Ces évolutions dans la conduite de ce procès, étant loin d’être fortuites, et devant nécessairement impacter l’issue du procès, il importe d’y jeter un regard plutôt politique. Tous conviennent, en effet, que les poursuites contre Gbagbo et Blé sont ostensiblement politiques.
Ce constat est illustré, du point de vue procédural, entre autres par, d’une part, le nombre pléthorique de témoins à charge fantaisistes – plusieurs centaines – retenus primitivement pour, était-il prétendu, contribuer à l’éclatement d’une certaine vérité, et d’autre part, une lenteur excessive, calculateur et dommageable, dans l’audition des témoins.
Aussi tous ces facteurs conjugués, devraient-ils permettre à ce procès de durer 4ans, au moins, pour visiblement permettre à Dramane OUATTRA de boucler, tranquillement, ses 10ans de commandement à la tête des ivoiriens.
Pourtant, la culpabilité d’un accusé ne pouvant être déterminée qu’à l’issue d’un procès, la célérité reste le principe dans le fonctionnement de toute juridiction criminelle, à l’effet de minimiser le dommage que pourrait souffrir éventuellement cet accusé qui, plus est, placé en état de détention, au cas où le procès se soldait par son innocence.
Sur cette occurrence, et tout en notant, au passage, l’extraordinaire maestria avec laquelle ces praticiens des sciences juridiques soignent méticuleusement les intérêts de leurs deux clients, il n’en va pas moins que seuls, il leur aurait été quasiment impossible d’infléchir notablement le cours du procès dans le sens de la brutale célérité actuellement observée.
Ainsi, au titre du nombre pléthorique de ces témoins visiblement en pleine villégiature que mus par l’éclosion de la vérité, il est acquis que la Cour a dorénavant arrêté la décision de réduire drastiquement leur nombre.
Quant à la conduite même des débats, si, dès le démarrage de ce procès, le 28 janvier 2016, il est constant que si on avait accéléré ces auditions, comme tous l’observent aujourd’hui, il n’aurait pas été consacré 2 semaines d’audition à un seul témoin, parce qu’on tenait tout simplement à couvrir, vaille que vaille, les 4 années, au moins, promises.
La reprise de ce procès a donc permis de constater qu’il est possible, dans le cadre d’une bonne justice, d’entendre 3 témoins, au moins, en une seule semaine, là où, jadis, le premier témoin était encore dans les vestiaires.
Il en résulte donc que, s’il avait été imprimé un tel rythme à ce procès, il n’aurait pas été impossible que la seule année 2016 suffise pour en connaître l’issue.
Car, en prenant 3 auditions de témoins par semaine, cela aurait donné, par exemple, 12 auditions par mois, au lieu de deux ou trois au maximum.
Mais, que personne ne s’y méprenne ! Ces changements heureux observés, dans la conduite de ce faux procès, ne tirent nullement leurs motivations dans la providence.
Comme nous n’avons de cesse de le répéter, l’issue de tout procès, qu’il soit de droit commun, au plan interne, ou manifestement politique, comme ce qui se déroule actuellement à la Cpi, tient intimement compte de l’environnement socio-politique.
En effet, les dernières levées de bouclier de certains États, et non des moindres, contre cette Cpi, la mobilisation soutenue de la Diaspora ivoirienne depuis plus de 5ans, la dextérité des cyber-résistants ivoiriens, et la cerise sur le gâteau, l’historique Pétition dont l’occurrence a servi d’alibi pour expliquer la tragédie ivoirienne à certains peuples de la planète dont les dirigeants en assument une grosse part de responsabilité, sont pour 90% dans ce revirement de situation dans ce procès.
C’est en cela que j’avoue personnellement que si Dramane OUATTRA avait été en butte à cette avalanche actuelle de mutineries, depuis 2012, Gbagbo Laurent et Blé Goudé auraient bénéficié depuis lors, ne serait-ce que d’une liberté provisoire.
Qui est-ce qui serait en capacité de nous prédire que si Dramane OUATTRA vidait aujourd’hui le plancher ivoirien, le mois de mars 2017 trouverait encore Gbagbo Laurent et Blé Goudé, dans cette situation d’otage ? Personne !
Dès lors, tout en saluant tous ces acteurs de ces évolutions, tous doivent convenir que du brisement de ces chaînes, injustement portées à nos valeureux leaders, dépend moins des salamalecs intempestivement prescrits par certains, que de nos prises d’initiatives, de responsabilités, aussi bien individuelles que collectives.
Tchedjougou OUATTARA Toujours
Roger Dakouri Ledj