11 Avril 2011 : le couronnement d’une imposture de l’impérialisme
COORDINATION DU FPI EN EXIL
COMMÉMORATION DU 11 AVRIL 2011
CONFÉRENCE PUBLIQUE DU MINISTRE KONE KATINAN
11 Avril 2011 : le couronnement d’une imposture de l’impérialisme
INTRODUCTION
Le 11 avril 2011 reste un référent historique pour la Côte d’Ivoire. En effet, ce jour-là, une expérience, porteuse d’une espérance nouvelle pour les Ivoiriens et pour les Africains, s’est estompée de la plus violente des manières par l’effet des bombes franco-onusiennes. Une fois encore, l’épée occidentale a transpercé le cœur du continent africain sous le couvert d’une opération salvatrice de certaines valeurs jugées transcendantales pour toute l’humanité. Une présentation simple et linéaire de la crise politique ivoirienne donne un aperçu, pour le moins, déformé d’une situation qui, en réalité, est plus complexe. Ce qui est abusivement présenté comme une opération de restauration de la démocratie est, en fait, une remise en cause des fondements mêmes de l’échafaudage de cette démocratie. De Gaule n’est certainement pas le seul qui établit, à raison, un lien entre la démocratie et la souveraineté lorsqu’il affirme que : « la démocratie, c’est le gouvernement du peuple exerçant la souveraineté sans entrave ». C’est pourquoi, cette présentation simple et déformée de la crise ivoirienne doit être impérativement corrigée par une restitution exacte de la vérité. La guerre livrée à la Côte d’Ivoire fut un long assaut contre le droit des peuples, dits faibles, de disposer d’eux-mêmes, conformément aux codes de bonne conduite découlant de l’ordre westphalien, rafraîchi par celui de San Francisco connu sous le nom de Chartre de l’ONU. Mais cet ordre, qui apparaît comme un consensus minimum pour la sauvegarde de la paix dans le monde, reste constamment perturbé par la classe dominante qui contrôle les Etats de l’intérieur et de l’extérieur. Cette classe capitaliste, détentrice exclusive du pouvoir de décision, au détriment des peuples, affine ses méthodes de contrôle du monde, jour après jour, en déployant tout un réseau d’instruments de propagande aux effets corruptifs très puissants sur la conscience de leurs victimes. Il y a donc deux ordres qui gouvernent le monde dont l’un sert de camouflage à l’autre pour la réalisation de ses objectifs cachés. Il y a d’un côté l’ordre onusien infiltré et instrumentalisé par l’ordre né en 1973 à Saltsjöbaden en Suède (l’ordre du groupe dit de Bilderberg) sur inspiration de Henry Kissinger. C’est cette approche dualiste de l’ordre mondial qui consacre l’imposture comme paradigme de la gouvernance des relations internationales. En expliquant en quoi le 11 avril 2011 est le couronnement d’une imposture de l’impérialisme, nous nous efforçons de mettre à la lumière du jour les pratiques de l’ordre de l’obscurité afin de restituer, à l’observateur non averti et asservi par la propagande, la face immergée des liens invisibles qui tiennent en laisse tout un continent. Ce faisant, nous faisons du 11 avril 2011, non plus comme un référent pour les seuls Ivoiriens taxés de pro-Gbagbo aveuglés par un quelconque radicalisme, mais pour l’ensemble des peuples soumis aux diktats de l’impérialisme du capital. Il y a donc d’abord une vérité historique à restituer en ce qui concerne la crise ivoirienne.
Le mot imposture est emprunté au Latin. Du bas latin impostura et du Latin classique imponere, l’imposture renvoie au mensonge et à la tromperie. L’imposture est le perfectionnement de l’art de duplicité qui consiste à présenter une chose fausse sous le couvert d’une vraie. L’évocation du mot couronnement fait référence à un mouvement, et tout mouvement s’apprécie à la fois dans le temps et dans l’espace. L’espace visé par notre réflexion étant bien délimité (la Côte d’Ivoire), il ne reste plus que le temps comme élément déterminant du mouvement de l’histoire de la crise ivoirienne, temps axé autour du 11 avril. Il y a donc un avant 11 avril et un après 11 avril.
- Avant le 11 avril 2011
- Une crise unique artificiellement divisée
Le 19 septembre 2002, un coup d’Etat est tenté pour renverser les institutions mises en place à la suite d’une élection démocratique emportée par le Président Laurent GBAGBO et son parti. Ce coup d’Etat est intervenu alors que le gouvernement venait de conclure un accord politique entre les différents acteurs consécutif au grand forum dit de réconciliation. A la suite de cet accord, un gouvernement d’union nationale est formé dans lequel siègent tous les partis politiques signifiants. Ce coup de force apparaît donc anachronique, et porte en lui-même tout l’ADN de la duplicité ( l’imposture) de ses promoteurs. Le coup de force ayant échoué, les maitres d’ouvrage et maitres d’œuvre le transforment rapidement en rébellion. Vite, cette rébellion est présentée en robins de bois qui viennent réinstaurer des valeurs démocratiques bafouées par le nouveau régime ivoirien à peine de s’installé. Le charnier de Yopougon, dont l’on ne parle plus, sert d’inspiration à la confection de scénarios d’horreur pour alimenter la propagande d’un conflit religieux entre un sud chrétien et un nord musulman, lequel conflit mettrait les derniers en situation de péril imminent.
L’accord de Linas Marcoussis couronne l’officialisation d’une rébellion sanglante, en violation de tous les principes de droit international et des conventions sous-régionales ou africaines.
Ayant été légitimée, la rébellion s’adonne au pillage des ressources des zones qu’elle contrôle jusqu’au vol, par le casse, des agences de la BCEAO de Bouaké, de Korhogo et de Man. L’importante somme, ainsi volée, sert à alimenter un réseau de corruption qui renforce le pouvoir de la rébellion dans le silence coupable de tous.
En lieu et place de la pression qui devait être mise sur la rébellion pour qu’elle désarme, c’est plutôt le camp gouvernemental que l’on charge des péchés contre la démocratie, en ce qu’il refuserait d’organiser les élections. L’idée est de culpabiliser d’avance le Président Laurent GBAGBO. La violence, qui s’abat sur les alliés du Président Laurent, dans le nord de la Côte d’Ivoire, est ignorée au décompte final de l’élection présidentielle organisée en octobre et novembre 2010, malgré le nombre élevé de victimes parmi lesquelles l’on enregistre des morts. Lorsque la crise éclate suite à cette élection contestée, l’on s’ingéniera à dissocier ladite crise de la rébellion de 2002 à 2010, alors que ce sont les mêmes rebelles qui combattent pour le candidat Ouattara. Mieux, l’armée rebelle sera transformée illégalement en armée officielle et recevra l’appui conséquent qui avait été refusé en 2002 à l’armée officielle. D’un point de vue juridique et politique, 19 septembre 2002 marque le début des nombreuses violations de la souveraineté la Côte d’Ivoire.
- Les violations de la souveraineté de la Côte d’Ivoire
Le professeur Pierre Kipré, dans un esprit de synthèse saisissant, donne un aperçu à la fois juridique, anthropologique et politique du concept de souveraineté dans son mouvement historique. Pour lui, en effet : « la souveraineté n’est pas simplement une question « juridique » d’autodétermination et de liberté d’expression ; c’est surtout celle de la capacité de faire des choix pour soi et d’assumer totalement ces choix, en conscience, à l’intérieur des frontières et à l’extérieur. Voilà pourquoi la souveraineté se situe en amont de la formation de l’Etat et irrigue celle-ci en permanence. À une compréhension étriquée et formelle de la souveraineté correspond toujours un Etat croupion, formellement « indépendant », mais en réalité dépendant ». Si, du point du point de vue historique, l’on a tendance à associer le concept de souveraineté à la notion d’Etat-nation, anthropologiquement, le concept se confond à la création des premières sociétés primitives. Dans une vision philosophique, le concept reste la conséquence première du contrat social, quel que soit l’angle sous lequel celui-ci se laisse appréhender (sous l’angle absolutisme de Hobbes ou libéral de Locke ou Montesquieu). C’est donc un concept fondamental et transcendantal à toutes les sociétés humaines, cristallisé par des millénaires d’expérience, et porté par toute les conventions nationales et internationales que, par opportunisme et par ruse, l’impérialisme tente de sacrifier sur l’autel de la mondialisation. Dans la crise ivoirienne, la duplicité de la communauté dite internationale et de ses relais internes, par rapport au concept de la souveraineté, a été portée à un niveau très élevé. Alors que toutes les résolutions de l’ONU sur la crise ivoiriennes (pas moins d’une dizaine) reconnaissent la souveraineté de la CI en tant que membre à part entière de l’ONU, dans la pratique, l’ONU s’est comportée en Côte d’Ivoire comme dans un pays sous administration onusienne. De la gestion militaire de la crise ivoirienne à la gestion des élections, en passant par la gestion diplomatique, la communauté internationale a excellé dans l’imposture.
- L’imposture militaire
Alors que c’est en tant que pays souverain, membre de l’ONU, que la Côte d’Ivoire fait appel à celle-ci pour l’aider à régler sa crise consécutive à la rébellion, les forces onusiennes vont très vite se présenter comme un supplétif de l’armée française déployée sous le nom de force licorne. La dualité du commandement, dans le dispositif militaire des forces militaires internationales, constitue la plus grande escroquerie à la fois morale et intellectuelle de l’impérialisme en Côte d’Ivoire. La force Licorne recevait les ordres de l’Etat-major français, donc du gouvernement français, et les forces onusiennes de leur Etat-major, donc du SG de l’ONU pour le compte du CS de l’ONU. La position léonine de l’armée française, dans le dispositif des forces des forces militaires présentes en Côte d’Ivoire, va justifier ses actions belliqueuses et conquérantes contre les forces ivoiriennes en novembre 2004 ; d’abord par la mort de ses soldats à Bouaké ; aujourd’hui l’on sait qu’elle a été commanditée par le gouvernement français d’alors, ensuite, par les tueries massives des civils de l’hôtel ivoire. C’est cette même armée qui ; dans une interprétation fausse et malhonnête de la résolution 1973, portera l’estocade au régime du Président Laurent GBAGBO le 11 avril 2011. L’interprétation abusive et malhonnête de la résolution 1973, elle-même prise sur la base d’une manipulation de l’opinion à partir de faits non avérés, est une preuve supplémentaire de l’imposture diplomatique qui a prévalu dans la résolution de la crise ivoirienne.
- L’imposture diplomatique
A l’ONU, l’ambassadeur de France est le super ambassadeur de ses anciennes colonies africaines bien que celles-ci aient, chacune, une représentation diplomatique. Usant de la position de membre permanent du Conseil de Sécurité de son pays, l’ambassadeur français à l’ONU a l’initiative des résolutions qui concernent des pays francophones d’Afrique. Dans la crise ivoirienne, alors que tout est établi, dès le départ, qu’elle était partie prenante, la France agit dans son intérêt exclusif à l’ONU contre le gouvernement ivoirien. Ayant choisi son camp, la diplomatie française travaillera 8 ans à affaiblir le camp du Président Laurent GBAGBO. Ainsi la résolution 1973, prise suite au fameux bombardement du marché et à la marche des femmes du 3 mars, constitue en elle-même, une belle escroquerie, puisque les faits antérieurs rendent, de plus en plus incertains, les deux faits déclencheurs de cette résolution. En effet, dans ses conclusions, la commission de réconciliation dirigée par Konan BANNY, faute de preuves matérielles et de témoignages probants, n’a pas retenu le bombardement du marché d’Abobo comme faisant partie des 11 faits graves qui auraient entamé la cohésion et la paix en Côte d’Ivoire. De même, le procès en cours à la CPI jette de grosses incertitudes sur les tueries des femmes le 3 mars 2011. Tout comme il n’y a jamais de tueries massives de civil en Libye, il est désormais établi qu’il n’y a jamais eu de tueries massives de civils planifiées par le Président Laurent GBAGBO, encore moins, à l’arme lourde en Côte d’Ivoire. La résolution 1973 et son application relèvent de l’imposture diplomatique, entamée à Linas Marcoussis. Cette réunion, convoquée par la France qui avait utilisé le Président sénégalais Wade pour torpiller la médiation de la CEDEAO conduite par Gnassingbé Eyadema, a été le point de départ de l’imposture diplomatique. C’est cette imposture qui aboutira à la gestion catastrophique du contentieux électoral par la communauté dite internationale.
- L’imposture dans la gestion des élections.
Alors que la Côte d’Ivoire reste un pays souverain, comme le stipulent toutes les résolutions de l’ONU, paradoxalement, l’on lui impose un dispositif juridique et institutionnel qui viole sa souveraineté dans l’organisation des élections. D’abord, l’ONU créé un poste de représentant du SG de l’ONU chargé d’organiser les élections en Côte d’Ivoire en lieu et place des institutions constitutionnelles. L’Onu s’engage à financer également lesdites élections. Quand interviennent les accords de Ouagadougou de 2007, le poste de représentant chargé d’organiser les élections est supprimé et ses compétences, réduites à une simple certification des élections, sont transférées au représentant du SG. La Côte d’Ivoire retrouve la plénitude de ses compétences dans l’organisations desdites élections. Dans la foulée, tout le financement desdites élections est abandonné à l’Etat souverain de Côte d’Ivoire. L’on se rappelle l’interview, dans un journal ivoirien, de l’ambassadeur français André Jarnier qui disait « c’est celui qui organise les élections qui les finance ». Les élections coûteront autours de 250 milliards de FCFA (500 millions $). Ramenées à la population votante (environ 6 millions), elles sont certainement les plus chères du monde. Paradoxalement, l’on refusera à la Côte d’Ivoire, le droit de le trancher le contentieux, qui en a résulté, conformément aux dispositions de sa constitution. Par une alchimie juridique qui relève de l’imposture, la certification, qui n’est qu’un simple avis de conformité, sera placée au-dessus de la décision du conseil constitutionnel, décision par nature inattaquable et non réformable. L’on ferme les yeux sur l’annonce illégale de la commission électorale. L’on poussera l’imposture jusqu’à dénier au candidat Laurent GBAGBO, citoyen jouissant de ses droits civiques, d’ester en justice pour réclamer réparation de son droit lésé. Le recours qu’il fait, devant le conseil constitutionnel de son pays, pour dénoncer l’immensité de la fraude dont il a été victime, dans les bastions de la rébellion favorable à son adversaire, est considéré comme une hérésie contre la démocratie par une communauté internationale se disant civilisée. Les juges, du Conseil constitutionnel, qui se sont prononcés sur ce contentieux, dans un pays souverain, sont sanctionnés par l’Union Européenne pour délit de camaraderie avec le citoyen Laurent qui, dans ses fonctions de Président de la République, les avait nommés comme tels des années avant, comme cela se fait dans tous les pays dits « civilisés ». L’imposture capitaliste avait choisi son camp. Ayant créé l’imposture ab initio, la communauté internationale du capital continue de la soutenir après le 11 avril 11.
- L’imposture d’après 11 avril 11
Cette imposture se lit au niveau juridique et judiciaire, au niveau politique et économique avec des acteurs que l’on recrute dans le camp même des supposées victimes de l’imposture d’avant avril 2011.
- L’imposture juridico-judicaire
Depuis Avril 2011, le droit et la justice se jouent de la morale et de la conscience humaine en Côte d’Ivoire. La violation de la constitution et les persécutions judiciaires font corps avec l’imposture de la gouvernance du régime ami et fidèle serviteur de l’impérialisme.
- Les violations régulières de la Constitution
Alors que la Constitution de 2000, en de nombreuses dispositions, notamment l’article 98, le lie à sa propre décision en ce que, une fois prise, cette décision s’oppose à tout pouvoir, qu’il soit national ou international y compris à lui-même, le Conseil Constitutionnel va violer la Constitution qu’il est censé protégé en accordant un deuxième serment au candidat Ouattara après celui accordé au candidat Gbagbo. Cette deuxième décision, du Conseil Constitutionnel est doublement irrégulière, en ce que, d’une part, elle a placé les simples recommandations de l’UA au-dessus de la Constitution ivoirienne, et d’autre part, ce deuxième serment vient comme une remise en cause d’une précédente décision devenue définitive par sa nature. Nous savons aujourd’hui que ce deuxième serment a été exigé par les réseaux obscures de la françafrique. Ce viol de la Constitution constitue le point de départ d’une série de viols de ladite constitution par le nouveau pouvoir d’Abidjan sous le regard admiratif de la communauté dite internationale.
- L’imposture judiciaire
Depuis le 11 avril, la justice, qu’elle soit nationale ou internationale, a choisi son camp. La balance judiciaire n’a plus d’équilibre. La justice prolonge l’imposture en ne poursuivant et en ne condamnant que le camp des vaincus de la guerre impérialiste. Les arrestations arbitraires, assorties de condamnations tout aussi arbitraires, en constituent la preuve évidente. Au tribunal ivoirien, les pro-Gbagbo ne vont pas pour être jugés, ils vont pour être condamnés.
Sur le plan international, 7 ans de détention provisoire pour le Président Laurent GBAGBO et 4 ans pour le ministre Charles Blé Goudé, la CPI poursuit l’imposture de ses créateurs en Côte d’Ivoire. Elle a mis moins d’un mois pour émettre des mandats d’arrêt contre un camp et plus de 7 ans sans le moindre mandat d’arrêt pour l’autre camp, malgré les dénonciations des nombreux crimes de ce camp. Par 12 fois, l’on a refusé la liberté provisoire au célèbre otage de la CPI aux seuls motifs de sa popularité. Le déroulement de son procès constitue, en lui-même, toute une imposture. La décision d’ajournement de 2013 de la chambre préliminaire I et le délai supplémentaire accordé au bureau du procureur pour aller chercher des preuves supplémentaires, alors le Président Laurent GBAGBO est maintenu en prison, sont deux actes qui, à eux-seuls, constituent une entorse à toute morale et aux principes généraux de droit. La décision de confirmation de charges pourrait porter aussi tout l’impact d’une manipulation, pratique par excellence de l’imposture, après le décès du juge Kohl dont la rigueur et le professionnalisme sont reconnus de tous à la CPI. On a du mal à croire qu’un tel homme ait pu se donner, comme défi de sa vie, de traiter absolument le cas du Président Laurent avant de mourir. Or c’est ce que laisse penser sa mort, deux semaines après sa démission, elle-même intervenue deux semaines avant, pour cause de maladie grave. A peine installé, le nouveau Président de la CPI, le Sous-traitant nigérian, veut Simone Gbagbo alors que les autres criminels, bien connus, sont au pouvoir ou lorgnent encore le fauteuil présidentiel en Côte d’Ivoire. Les imposteurs ne veulent pas se dédire en envoyant leur relais devant leur cour, d’autant plus que lesdits relais continuent de leur assurer immensément le retour sur l’investissement, objet principal de cette imposture.
- L’imposture politico-économique
- Le recul inquiétant de la démocratie
Au niveau politique, la démocratie, sans être une panacée en la matière, reste, quand même, le meilleur moyen de gestion des contradictions inhérentes au contrat social. De nombreux facteurs permettent d’en mesurer l’effectivité dans une communauté donnée. Mais les plus importants à notre sens sont :
- Le respect des libertés individuelles par l’Etat
- La soumission de l’Etat à la loi
- Le respect des opinions minoritaires
Si l’on s’en tient au discours triomphant des autorités françaises de l’époque, l’intervention violente de la France, pour renverser le Président Laurent GBAGBO, visait à sauver la démocratie. Conf. Nicolas Sarkozy « les Ivoiriens ont aussi droit à la démocratie » ou François Fillon devant l’Assemblée nationale française : « l’intervention de l’armée française s’est faite dans la légalité avec un mandat de l’ONU pour restaurer la démocratie ». Les dirigeants actuels ont été aussi très prolixes sur la question. Bédié, sur F24 : « La France nous a aidés à chasser un dictateur féroce ». Soro Guillaume, devant les militaires « vous avez combattu le bon combat pour la démocratie ». Ouattara sur F 24 :« la démocratie a souffert ces dix dernières années en Côte d’Ivoire ». Le Procureur de la République, Christophe Koffi : « on ne peut pas poursuivre les sauveurs de la Côte d’Ivoire », parlant des rebelles. Aujourd’hui, qu’en reste-il de la démocratie pour laquelle le FPI s’est battu, à perdre haleine, dans notre pays ?
Les libertés individuelles sont ramenées à des proportions qui rappellent les pires régimes dictatoriaux. Le droit de manifester est interdit aux opinions dissidentes au gouvernement. De nombreux opposants sont en prison pour avoir participé à des manifestations publiques. Le régime de l’information préalable, prévu par la constitution, est remplacé par celui de l’autorisation préalable en ce qui concerne les manifestations. Pour cela, des opposants sont condamnés à de très lourdes peines. Les dernières en date concernent les condamnations de privations de libertés et de droits civiques pour 17 opposants. L’un se trouve encore en prison. Il s’agit du vice-Président Tiédé Jean-Gervais.
Au titre des libertés individuelle, la presse de l’opposition est soumise à une persécution étouffante. Régulièrement, les journalistes sont arrêtés, et les interdictions de parution des journaux sont devenues très banales ; tout le contraire de ce que l’on notait sous le régime du FPI. Certains journalistes ont même perdu la vie. Le Procureur de la République menace ouvertement les cyber-activistes. Une loi est prise pour limiter la liberté de la presse. Désormais tout écrit concernant des faits, vieux de plus de 10 ans, est proscrit, quand bien même lesdits faits seraient exacts. Ces écrits tombent sous le coup de la diffamation. Non seulement nous n’avons plus le droit de nous exprimer librement, mais désormais, nous sommes contraints à une amnésie collective.
L’Etat, après le 11 avril, est au-dessus de la loi. Les nombreux cas de violation de la Constitution que nous venons de citer, par ceux mêmes qui en sont les garants, en constituent le plus grand témoignage. La confusion des pouvoirs est une réalité. En Côte d’Ivoire, le Président de la République nomme certains membres du parlement (Sénateurs). De même, des personnes libérées par la justice peuvent être maintenues en prison sur décision du ministre de l’intérieur. (cas de Samba David, et de militaires).
L’opposition ivoirienne, notamment celle proche du Président Laurent GBAGBO, vit un cauchemar depuis le 11 avril 2011. C’est le pouvoir qui décide souverainement qui doit diriger les partis d’opposition. Ainsi le FPI est divisé entre pro et anti-régime. Il en va ainsi pour le PIT, le MFA et maintenant le PDCI.
En ce qui concerne les Pro-GBAGBO, ils sont persécutés à l’intérieur comme à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Ils sont plus de 250 cadres, proches du Président Laurent ou ayant travaillé avec lui, qui sont en prison dont un grand nombre sans jugement. Ceux qui sont contraints à l’exil ne sont pas plus lotis. Certains pays n’hésitent pas à violer la convention de Genève de 1951 sur la protection des réfugiés pour faire plaisir au pouvoir d’Abidjan. Les récentes arrestations, par erreur sur leur identité, de deux cadres du FPI en exil au Ghana sont inquiétantes. Il faut rappeler que des pays ont extradé extrajudiciairement des cadres proches du Président Laurent GBAGBO vers la Côte d’Ivoire. Cette façon de faire est totalement illégale. L’ONU a du mal à reconnaître les exilés ivoiriens, qui apparaissent comme un miroir qui lui restitue la laideur de son œuvre en Côte d’Ivoire. En 2014, pendant la journée des réfugiés, Ban Ki Moon, alors SG de l’ONU a omis de citer les exilés ivoiriens dans la liste des exilés du monde.
Toutes ces nombreuses entorses à la démocratie sont faites dans le silence de la bonne communauté internationale au nom du capital qu’il tire de la Côte d’Ivoire, l’objectif final de toute cette imposture.
- La prédation de l’économie ivoirienne : l’objectif final de l’imposture impérialiste
« La Côte d’Ivoire est confrontée à des taux de pauvreté inquiétants, surtout par rapport au potentiel énorme dont dispose le pays. Près d’un habitant sur deux est considéré comme pauvre selon les chiffres officiels » dixit le représentant de la banque mondiale à Abidjan en 2014.
Même si le gouvernement ivoirien tente de minimiser cette réalité en se fondant sur une enquête qu’il a diligentée auprès de l’Institut National des Statistiques (INS), qui révèle que ce taux de pauvreté est passé « de 51% en 2011 à 46% en 2015 », la réalité quotidienne des populations prend à défaut le résultat de cette enquête. Il est en effet difficile de soutenir une telle affirmation dans un contexte marqué par de nombreux remous sociaux que l’on observe ici et là dans le pays à cause, entre autres, de la cherté de la vie, de la chute et la mévente du cacao qui constitue le moteur de l’économie. Cette affirmation est également contredite par le faible taux de l’indice du développement humain en occupant la 174e place en 2016 contre 172 en 2012. Le manque de transparence dans la gestion des ressources publiques, marqué notamment par un budget de souveraineté hors norme de 347 milliards de FCFA (lettre du continent), dans un pays qui n’est pas en guerre, reste révélateur de la faiblesse de la gouvernance actuelle. Les contrats de gré-à-gré sont devenus la norme. L’hypertrophie institutionnelle avec la création de 3 nouvelles institutionnelles (Vice-Président alors que le poste de PM est maintenu, la chambre des rois et chefs traditionnels, le Sénat), dont l’utilité de certaines reste à démontrer, en rajoute à la prédation. Les récompenses faites aux amis et parents, sous forme de contrats juteux, attestent de la prédation organisée en bande. Cela concerne le clan familial et les amis et bienfaiteurs hexagonaux. Aucune limite morale n’est respectée. Nicolas Sarkozy, certainement le Président le plus polémique de la Vème française, en termes de moralité, est pratiquement l’ambassadeur itinérant de la CI auprès du Qatar, avec comme mission le « funds rising » (levée de fonds) après avoir porté, avec succès les intérêts du groupe Accord) ; Monsieur Jean-Marc Simon est devenu tout juste après la guerre, est devenu consultant et a ouvert un bureau de consultance non loin des champs Elysées, avec comme client principal, la Côte d’Ivoire. C’est sa prime de guerre. Le juge Ramaël, qui instruisait l’affaire André Kieffer avec une passion dévorante, ne s’est pas gêné, selon la lettre du Continent N° 674 du 15 janvier 2014, de postuler pour être Conseiller à la Présidence chargé de la réforme de la justice avant même la fin de son instruction. Depuis lors, ce dossier, qui semblait constituer une priorité pour la justice et les médias français au temps du Président Laurent GBAGBO, est tombé dans les oubliettes. S’agit-il d’une simple coïncidence ?
A peine déchargée de ses fonctions de Représentante du SG de l’ONU en Côte d’Ivoire, la nigérienne Aîchatou Mindaoudou, s’est constitué un cabinet de communication en Côte d’Ivoire. Son cabinet bénéfice déjà de gros contrats selon une révélation de la « la Lettre du Continent Young-Jin Choi, certificateur universel des élections de 2010 a eu sa prime de guerre du côté d’Azito. C’est lui qui a porté, avec succès, les intérêts du groupe sud-coréen Hyundai Engineering et Construction, retenu pour augmenter de 139 MW la centrale électrique d’Azito. ». La liste des amis récompensés à titre individuel est longue.
Pour les entreprises françaises, le 11 avril 2011 est la clé du sésame qui leur ouvre les trésors ivoiriens. Bouygues a récupéré le contrat de la construction du 3ème pont qu’il avait perdu pour surfacturation au profit des Chinois sous la gouvernance du Président Laurent GBAGBO. Le cumul des arriérés, au titre de la subvention d’équilibre que l’Etat ivoirien doit à Bouygues, après moins de 4 ans d’exploitation dudit pont, se chiffre à environ 60 milliards de FCA. C’est un consortium dirigé par le groupe Bouygues qui a ravi l’onéreux contrat de construction du métro ivoirien de plus de 1, 5 milliards d’euros qui sera exécuté et exploité par lui. Le groupe casino vient de s’installer en présence de Nicolas Sarkozy. Carrefour, les boulangeries et pâtisseries Paul ont pris leur part de gâteau. Désormais, air France opère deux vols par jour en direction d’Abidjan après avoir pris le contrôle d’air Côte d’Ivoire. La liste des récipiendaires français pour service rendu à la « démocratie » est très longue/
Incapable d’imagination, le gouvernement s’abreuve à toutes les sources, même les plus toxique pour la population. Il est contraint de prendre des mesures impopulaires comme l’interdiction d’importation des véhicules vieux de plus de 7 ans, contrepartie des financements reçus du COP 21. C’est en effet, pour respecter l’engagement pris devant le COP 21, pour lequel engagement il a déjà été financé, que le gouvernement ivoirien a pris la décision d’interdire l’importation des véhicules vieux de 7 ans.
Au niveau même des performances économiques, le plus grand risque vers lequel court la Côte d’Ivoire, à une vitesse vertigineuse, reste la bulle de l’endettement. Profitant des acquis de la gouvernance du Président Laurent GBAGBO qui, grâce au programme PPTE conduit courageusement, dans des conditions difficiles à quel encablures de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un allègement substantiel de sa dette. La conséquence de cet allègement est le renforcement des capacités d’endettement du pays grâce à sa conformité aux standards de la banque mondiales et du FMI. Malheureusement, au lieu de profiter pour bâtir une économie de production solide grâce aux nouveaux emprunts, le gouvernement ivoirien opte pour la croissance à partir de l’endettement. Le rythme d’endettement est très élevé en Côte d’Ivoire ( de 2400 milliards de fcfa en 2012, la dette atteint aujourd’hui environs 9000 (8863 milliards en fin 2017) de fcfa, et les nouvelles dettes ne sont adossées à aucune production nationale. S’endettant pour rembourser d’autres dettes, même pour des besoins de fonctionnement (le dernier concours budgétaire de la France pour couvrir les salaires de décembre 2017 révélé par La Lettre du continent), le gouvernement ivoirien plonge le pays dans des lendemains incertains. Alors que l’historien GBAGBO envisageait de profiter de l’amélioration des capacités de mobilisation des ressources de la Côte d’Ivoire pour opérer, grâce aux nouveaux prêts, une transition économique vers une économie d’industrialisée et de services, l’économiste Ouattara, lui, opte pour la croissance à partir des infrastructures à faible impact sur la production nationale. La différence est nette entre les deux approches, en termes de gestion à long terme de la dette. En effet, une amélioration, par la mécanisation de l’agriculture ou par une transformation, in situ, des produits agricoles ou miniers, participerait plus à accroitre la production nationale et à améliorer, par voie de conséquence, les ressources budgétaires internes qui sont appelées à supporter, au bout du compte, le remboursement de la dette que certaines infrastructures qui bien que nécessaires, ne peuvent constituer une priorité aujourd’hui. ( cas du métro d’Abidjan par exemple). Non seulement la première approche nous soustrait des de la dépendance de l’économie de rente très versatile, mais elle participe mieux à la lutte contre la pauvreté qui est endémique en Côte d’Ivoire. La croissance portée par l’endettement est une fuite en avant qui conduit les adeptes dans l’impasse. La Côte d’Ivoire y est presque. La dernière loi de finances et son annexe fiscale sont les signes évidents de cette impasse. En effet, l’une des conditions pour ne pas tomber dans la catégorie des pays pauvres très endettés, synonyme d’une dégradation de sa situation vis-à-vis des agences de notation, est que le rapport entre Valeur actualisée nette de la dette (VAN) et les recettes budgétaires doit se situer en dessous de 250%. La situation de la Côte d’Ivoire, au 31 décembre 2017 est la suivante :
VAN =8863 ;
Recettes : Direction générale des douanes : 1723 + DGI : 1963,4= 3686,4
VAN/Recettes budgétaires = 8863/3686,4×100= 240,4%
Comme on le voit, l’étau se resserre dangereusement autour du gouvernement ivoirien. Pour améliorer ce rapport ou tout au moins le maintenir en l’état, il reste deux options : augmenter concomitamment, à dû concurrence, la VAN et les recettes budgétaires, ou, alors, augmenter de façon significative les recettes budgétaires. L’équation est difficile puisque le PIB, étant porté par des investissements ayant un faible impact sur la production nationale à forte valeur ajoutée, l’assiette de l’impôt a du mal à s’élargir. Il ne reste plus au marteau du fisc à taper sur les mêmes personnes. D’où la révolte unanime qu’a suscitée la dernière annexe fiscale. Tous les pays, qui ont consommé les acquis du PPTE sans améliorer son outil de production interne, se trouve dans la situation de la Côte d’Ivoire.
La bulle de la dette ivoirienne finira par s’éclater, malheureusement à une période où le gouvernement, responsable de cet endettement, n’en répondra plus. C’est le summum de la perfidie.
L’imposture est poussée jusqu’à ignorer les acquis du Président Laurent tels que le 3ème pont, l’échangeur de la riviera 2, la route parallèle au boulevard Mitterrand, les travaux de drainage et d’ouverture de la route du zoo, le pont de Jacqueville, le prolongement de l’autoroute du nord, l’hôpital de Gagnoa, le CHU d’Angré, la prise en charge des arriérés d’eau et d’électricité des zones occupées par la rébellion, la prise en compte de la dette des intrants due par les cultivateurs de coton du nord, du fait de la rébellion, et, par-dessus tout, le maintien de l’Etat qui ne s’est pas effondré. C’est bien le programme PPTE, initié et conduit quasiment à son terme, qui a permet à la Côte d’Ivoire de bénéficier, dans le cadre du C2D, des financements français qui ont permis la réalisation de beaucoup de travaux :
Depuis 2012, la Côte d’Ivoire a bénéficié de deux contrats C2D d’un montant global de 1151 milliards de FCfa (1,750 milliards d’euros) pour financer divers projets de développement. Le premier contrat couvre la période 2012-2015 pour un montant de 413 milliards (630 millions d’euros). Il était en cours de réalisation quand le second, plus important de 738 milliards (1,125 milliards d’euros), a été conclu pour couvrir la période 2014-2020. C’est le premier C2D qui a assuré le financement des travaux suivants, regroupés en lots :
- Lot : 1 Abobo-pharmacie Matenin-carrefour Plaque II-Cash ivoir-gare Sotra-camp commando Abobo.
- Lot 2 : Adjamé avenue Reboul ; Adjamé avenue 13-E50-école franco-arabe.
- Lot 3 : Yopougon route d’Azito.
- Lot 4 : Yopougon, points critiques dans la commune de Yopougon quartier lièvre rouge ; Yopougon, points critiques du Chu de Yopougon ; Yopougon point critique quartier Maroc.
Le second contrat, estimé à 1300 milliards de FCFA ( 2 milliards d’Euros) prévoit, entre autres, les travaux de mise en place de 54 périmètres maraichers irrigués et, surtout, le financement du prolongement de l’autoroute de Bouaké à Ferkessédougou
En 2013, le gouvernement avait remboursé une partie de sa dette intérieure, notamment celle des fournisseurs pour environs 16,4 milliards par le mécanisme du C2D.
Les embellies économiques naturelles, qui interviennent toujours après des années de guerres, sont présentées comme relevant des miracles par la propagande impérialiste. La réalité n’a pas mis du temps pour se signaler. L’on feint d’ignorer que c’est la volonté de l’impérialisme de contrôler la Côte d’Ivoire, depuis la mort du Président Houphouët Boigny, qui a privé la Côte d’Ivoire d’une progression régulière de son économie depuis 1999. Les nombreuses crises politico-militaires alimentées par l’impérialisme français, à la recherche d’une alternative sure pour succéder à son défunt ami en 1993, qui sont à la base du retard qu’accuse la Côte d’Ivoire par rapport à son voisin ghanéen.
C’est aussi, par mauvaise foi qui participe à l’imposture, que l’on célèbre des performances économiques du régime d’Abidjan, alors que les fondements de ces performances ont été établis par la gouvernance de Laurent GBAGBO. Ce sont les gains prévisibles du PPTE et les opportunités qu’il offrait, à terme à la Côte d’Ivoire, qui a justifié, entre autres, l’implication violente et directes des multinationales, en particulier françaises et du gouvernement français, pour le compte de celles-ci, dans la crise ivoirienne. Le gouvernement et les multinationales français voulaient un ami à la tête de la Côte d’Ivoire pour gérer les retombées du PPTE. Ce faisant, ils étaient assurés d’en tirer le meilleur parti. Toute la propagande sur la gouvernance du gouvernement n’est qu’autosatisfecit pour leurs succès en Côte d’Ivoire au détriment du peuple. Malheureusement cette propagande n’est plus capable de cacher l’imposture de l’impérialisme en Côte d’Ivoire. Elle est connue même des alliés du régime.
Conclusion
En guise de conclusion, ce sera un appel que je lance à l’endroit de tous les pro-Gbagbo. Le combat dans lequel nous sommes engagés est difficile et il sera certainement long si nous ne nous y prenons garde. Nous ne pouvons combattre un ennemi redoutable, comme l’impérialisme, sans prendre le temps de le connaître. C’est un système qui a peaufiné ces méthodes au fil du temps. Il s’appuie sur un réseau dense d’acteurs gouvernementaux, non gouvernementaux, nationaux comme internationaux. Ces derniers temps, les réseaux sociaux nous offrent une image hideuse de nous-mêmes. Injures gratuites, diffamations, atteinte aux valeurs sociales de notre Continent. Ce faisant, nous sommes victimes consentantes des services d’intelligence que nous combattons. Leur objectif est de nous faire douter de nous-mêmes et même des capacités de celui que nous considérons comme notre Chef, notre référent. Les services nous ont donné la verge pour nous flageller et détruire notre dynamisme. Après avoir eu peur de notre activisme sur les réseaux sociaux, ils ont fini par nous retourner cet activisme contre nous-mêmes. On ne peut combattre l’imposture en étant acteur de cette imposture. Le combat que nous menons nous impose l’autodiscipline. Le défi est énorme et nous n’avons pas le droit de trahir le combat de l’espérance de notre peuple et du peuple africain. Rappelons-nous ce que Frantz Fanon déclarait, à la conférence d’Accra sur la paix et la sécurité organisée par Kwame Nkrumah, dans son allocution intitulée : « Pourquoi nous employons la violence ?» :
« Le régime colonial est un régime instauré par la violence. C’est toujours par la force que le régime colonial s’est implanté. C’est contre la volonté des peuples que d’autres peuples plus avancés dans les techniques de destruction ou numériquement plus puissants se sont imposés. Je dis qu’un tel système établi par la violence ne peut logiquement qu’être fidèle à lui-même, et sa durée dans le temps est fonction du maintien de la violence. Violence dans le comportement quotidien, violence à l’égard du passé qui est vidé de toute substance, violence vis-à-vis de l’avenir, car le régime colonial se donne comme devant être éternel. »
Ce qu’il disait de la colonisation vaut encore plus pour l’impérialisme dont la colonisation n’en constitue qu’un aspect.
Et pourtant dix ans, nous avons prouvé que la Côte d’Ivoire a du génie pour tenir tête à l’impérialisme. En 2011, c’est parce que nous les avons battus à tous les niveaux qu’ils ont utilisé leur arme, avec laquelle ils terrorisent le monde depuis plusieurs siècles : la poudre à canon. C’est aussi une leçon que nous avons comprise.
JUSTIN KONE KATINAN
Porte Parole du Président Laurent Gbagbo