Ouattara, l’homme qui vit à côté de l’histoire

CÔTE D’IVOIRE : LEÇON D’ARROGANCE SOUS L’APATAM PRÉSIDENTIEL

L’image contient peut-être : une personne ou plus, texte qui dit ’LKK 699D UMERCREDI 9AoUT2020.qxp_Mis 18/08/2020 21:39 age1 Ibrahin Boubacar Keïta été mardi aujourdhui Prix 300Fcfa aujourdhuinews2018@gmail.com N°1699 19.08.20 OUATTARA Coup d'État au Mali IBK ARRÊTÉ, LE FEU SE LE PIRE, RAPROCHE DE NOS FRONTIÈRES C'EST QU'IL SE CROIT LE MAITRE DE TOUT Alassane Ouattara a lundi, populations plusieurs régions pays pour elles 'actualité politique et sociale relative troisième mandat. maîte absolu de tout.....PAGES2-3-4 umed l'une démarré tôt matinée, par unemutineri...PAGE1 Microbes contre les manifestants Amnesty International publie le témoignage d'un policier ivoirien Troisième mandat Plusieurs villes ont encore manifesté’

Alassane Ouattara a reçu, lundi, les populations de plusieurs régions du pays et a commenté pour elles l’actualité politique et sociale relative au troisième mandat. En maître absolu de tout.
Les visiteurs du chef de l’Etat ont sans doute trop appris. Sous leurs yeux, Alassane Ouattara a en effet balayé du revers de la main la polémique sur le troisième mandat qu’il trouve futile. « Je ne rentre pas dans ce faux débat sur la Constitution (car) qui d’autre connaît mieux cette Constitution que moi ? », se demande-t-il, plein de morgue.

Alors que la rue gronde de colère et l’accuse depuis une semaine d’avoir violé son serment, le président choisit la fuite en avant et appelle ses opposants à respecter la Constitution qui, selon sa seule lecture, lui permet de briguer un troisième mandat.

Embarras au RHDP

Pourtant, son propre camp a dû choisir un nouvel angle de communication pour paraître crédible aux yeux des populations face à l’ampleur de la contestation. Selon cette approche, le chef de l’Etat ne brigue pas un troisième mandat mais un premier mandat puisqu’on est dans une autre République et que ce qui a été fait dans l’ancienne ne compte pas. Pour asseoir une telle thèse dans les consciences, le magistrat Epiphane Zoro Bi Ballo, ce petit juge qui avait délivré un certificat de nationalité à Alassane Ouattara à Dimbokro alors qu’il n’en remplissait pas les conditions, a été mis à contribution. Sur les plateaux de la télévision nationale, il a ainsi évoqué le principe de non-rétroactivité de la loi pour justifier la légalité de la posture du président.

Mais il n’arrive pas à convaincre, y compris dans son propre camp puisque Cissé Bacongo a fini par reprendre son argumentation d’autrefois sur l’interdiction d’un troisième mandat en raison des articles 55 et 183 de la Constitution. Enfin, si le chef de l’Etat refuse de se prononcer sur le sujet devant des invités venus de toute façon le soutenir dans sa quête plus qu’improbable, c’est essentiellement parce qu’il n’arrive pas à faire passer la pilule.

Le mauvais rêve de 2010 hante les esprits

Au sein de la population, les appels à ne pas franchir le pas se sont multipliés ces dernières semaines. Me Cheickna Sylla, l’un des fils de Yacouba Sylla et personnalité importante de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire a appelé Alassane Ouattara à ne pas briguer un troisième mandat parce que cela lui est interdit par la Constitution et parce que son entêtement peut mettre en péril la sécurité du pays. « (…) A la fin de cette année 2020 à forte senteur électorale et sensible, il vous incombe en votre qualité de garant de la stabilité nationale, de favoriser une atmosphère propice à la réconciliation vraie de tous les fils et filles de notre pays qui ne veulent plus revivre les affres de 2010 », a-t-il objurgué dans une lettre ouverte relayée sur les réseaux sociaux.

Cet appel rejoint d’ailleurs celui de l’Imam Aguib Touré qui rappelle au président de la République qu’il ne doit pas manquer à sa parole. « On avait dit au président de ne pas se présenter et il a dit qu’il ne se présente pas. On l’a remercié pour cela. Maintenant qu’il dit qu’il veut se présenter, nous lui demandons de se rappeler sa promesse et de ne pas manquer à sa parole, car les conséquences risquent d’être générales. Car pendant que lui sera protégé, la communauté musulmane sera dans les problèmes. Quant à ceux qui soutiennent n’importe qui et n’importe quand c’est leur problème. Nous avons dit cette vérité au président précédent, nous la disons au président actuel et nous disons à tous les musulmans de prier pour la paix en Côte d’Ivoire et de ne pas soutenir un individu », a sèchement coupé le guide religieux.

Une telle prise de position venant d’un Iman est une première en Côte d’Ivoire et marque à quel point le chef de l’Etat est isolé sur la scène nationale, l’opposition continuant par ailleurs de réclamer son retrait. Même Pascal Affi N’guessan, le président de l’une des tendances rivales du FPI, a demandé à M. Ouattara de renoncer à son projet de briguer un troisième mandat au moment où il est encore temps, alors qu’il s’était jusque-là montré peu impliqué dans les manifestations.

La vie ne doit donc pas être rose à la présidence et le chef de l’Etat reçoit désormais des populations. Chose qu’il n’aime pas particulièrement et qu’il reprochait autrefois à Laurent Gbagbo, son prédécesseur. Le président a tenté d’expliquer à ses visiteurs du jour pourquoi il a renié sa propre parole en embrayant sur la rhétorique du don de soi. « Si les uns et les autres savaient combien d’années il m’a fallu pour préparer Amadou Gon. On ne peut pas préparer un successeur en quatre semaines ou en deux ou trois mois ; donc c’est un sacrifice que je fais », a-t-il indiqué. Mais une telle justification fait rire puisqu’elle ne peut pas expliquer que l’on viole une Constitution pour cela d’une part et que, de l’autre, qu’un chef de l’Etat renie ainsi, sans sourciller, sa parole cinq petits mois plus tard.

Ouattara prépare la guerre

Mais ces explications biscornues montrent surtout à quel point Alassane Ouattara est déterminé à ignorer tous les appels à la pondération qui se démultiplient. Du coup, la Côte d’Ivoire est à nouveau dans une situation d’impasse qui ne pourrait, a priori, que se solder par de nouvelles violences, puisque le chef de l’Etat moque aussi ouvertement ses opposants à prendre la rue s’ils veulent marcher, assurant que la violence ne passera pas.

A propos de violences, Amnesty international a noté celles des microbes et vient de publier un rapport dans lequel elle accuse la police ivoirienne d’autoriser des hommes armés à attaquer les manifestants. L’organisation des droits de l’Homme fait ainsi allusion au van vert qui avait convoyé les microbes à Yopougon-PMI et dans plusieurs autres villes en proie aux manifestations contre le troisième mandat. Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore fait de commentaires sur ce rapport qui va sûrement embarrasser les soutiens extérieurs d’Alassane Ouattara, de plus en plus circonspects après avoir vanté un démocrate donnant l’exemple, de l’aveu d’Emmanuel Macron, lui aussi, devenu totalement aphone.

SEVERINE BLE
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Avec Alexis Bayoro Gnagno Excellence Zadi Vacka Mamadou Traoré
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