Simine Gbagbo raconte son 11 avril 2011

LA PREMIÈRE DAME SIMONE GBAGBO RACONTE LE 11 AVRIL 2011 :
« COMMENT UN REBELLE M’A AIDÉE EN ÉCHANGE DE MES BIJOUX ».

<< Je vous raconte un dernier moment pour moi-même qui avait été extrêmement dur à vivre. Le 11 Avril , on a finalement dû se rendre. Donc, on m’a prise pour m’amener à l’hôtel du Golf. Mon mari avait déjà été évacué à l’hôtel du Golf. Il m’a fallu traverser la cour. Le véhicule qui devait m’amener était garé devant la résidence de l’ambassadeur de France. Il fallait partir de la cour et marcher jusqu’à ce véhicule. Mais tout le long, toute la cour était remplie de FRCI surexcités, les armes à la main. Et il fallait traverser ce fleuve pour arriver à la voiture. Mais le nombre de coups que j’ai reçu sur la tête, sur le cou, dans le visage etc. Par moment, je tombais. Il y’a un jeune FRCI qui a eu pitié de moi, il est venu et il m’a aidée à marcher. À un moment donné ,je suis tombée et il m’a dit : « Maman si tu ne te lèves pas tu vas mourir sous les coups » .
Je lui ai dit mon fils, je ne peux pas me relever seule. Si tu ne m’aides pas, je ne suis pas capable de me relever. Alors il me soulevait et on reprenait la marche sous les coups. Je suis tombée au moins trois fois et puis finalement, j’ai pu atteindre le véhicule et j’y suis montée. Quand je suis tombée et me suis assise tout tremblant complètement épuisée, il me dit : « Maman je t’ai aidée maintenant il faut me payer » . Je lui ai dit mon fils, comment vais-je te payer ?
Je n’ai rien en main. Et je n’ai plus rien comment est-ce que tu veux que je te paye ?
Il me dit : « Mais maman tu as quelques bijoux sur le bras » . Je lui ai dit « tu as raison. Toi au moins tu mérites cela puisque tu m’as aidé ».
J’ai enlevé le bracelet que j’avais à la main, j’ai enlevé la montre que j’avais sur l’autre main. J’ai enlevé mes boules d’oreilles, la chaîne que j’avais au cou et je lui ai donné. On a souffert de ce genre de chose et cela n’a pas été facile, mais Dieu nous a protégés . On aurait tous pu mourir là. Dieu nous a protégés.

Interview réalisée par Maxi Domingo