refuser ou non d’aller aux élections

 LÉGISLATIVES: A QUI PROFITE LA PARTICIPATION?

1)Pour Ouattara, si nous participons à ces élections, ce sera l’occasion rêvée pour lui de se venger en nous donnant un nombre de députés très faible pour présenter le FPI qui combat férocement son régime depuis 2011 comme minoritaire pour mieux le réprimer par la suite. Pendant ce temps, son régime sera légitimé par notre participation et les abstentions records du peuple et de ses propres partisans aux élections de 2015, au référendum de 2016 et au stade FHB n’auront plus de poids. L’argument de la minorité sera retourné contre notre camp qui a suffisamment démontré sa popularité dans les récentes mobilisations et les appels au boycott réussis.

2) Pour le FPI, en y allant, nous donnons un vernis démocratique à un régime tyrannique. Depuis 2011, ce régime s’est illustré avec une rare cruauté et une barbarie inouïe que même la répression du parti unique n’a pas atteint. C’est pourquoi, j’estime que le contexte de 1995 diffère totalement de celui d’aujourd’hui. Par notre participation aux législatives, nous allons polir l’image d’un régime totalement noirci par de nombreux crimes, nous allons légitimer des lois iniques à l’Assemblée nationale sans pouvoir les impacter. Mais par notre abstention, nous nous donnons les moyens de continuer à combattre, à dénoncer et à présenter Ouattara aux yeux du monde comme une dictature et Tôt ou tard, il sera contraint par le peuple ou le nouvel ordre mondial qui se dessine à abdiquer ou à partir du pouvoir. Il faut inscrire notre combat dans le temps et dans la patience et non dans une stratégie immédiate de survie suicidaire.

3) Participer mais avec quelle contrepartie ?
Si nous devons y participer, à quel prix devons nous le faire? Avec la CEI actuelle qui donne des taux de participations imaginaires, pouvons nous aller aux élections législatives sans obtenir des reformes profondes? Avec nos prisonniers à la maca et les ivoiriens en exil, pouvons nous les abandonner dans la souffrance sans régler au préalable leur libération et leur retour avant les législatives? Si nous y allons sans négociations et sans contrepartie importante qui va justifier et crédibiliser notre participation, nous nous rendons ridicule et notre boycott des présidentielles de 2015 et du référendum de 2016 aura alors été inutile. Mais mieux, la participation risque d’entamer gravement la crédibilité de notre combat vis à vis du peuple et de le démobiliser à terme. Dès lors que nous aurons légitimé ce régime, il nous sera difficile désormais de le combattre. Or, c’est dans notre rejet de ce régime de dictature que nous puisons les ressorts et les motifs de la mobilisation du peuple pour neutraliser Ouattara.

4) Enfin, être député dans ce pays n’a aucune valeur. Dès que tu votes non à un projet de loi on bloque tes indemnités de présence ou bien on ne te reconduit plus comme candidat pour te punir. Tout est fait pour contraindre le député à adouber tous les textes. Le PDCI a présenté sans succès 110 amendements lors du référendum. Que peuvent faire quelques députés du FPI dans cet hémicycle qui ressemble fort à des réunions du RDR à la rue Lepic?

Idriss Ouattara