quelques réflexions sur la rencontre du 27 juillet

Le 29 Mai 2011 j’avais écrit ce texte, impressionnée par son rire communicatif. Rire et résilience que j’ai retrouvé plusieurs fois chez les ivoiriens. Comme les Juifs qui devaient s’adapter à tous les exils, les Ivoiriens ont su rire d’eux-mêmes…
Mais aujourd’hui, je ne sais plus si le rire actuel de Laurent Gbagbo est celui que j’essayais de décrire. Je n’y vois plus le feu; et je ne pourrai plus redire « le grain tombé en terre, c’est du rire en germe »…
Shlomit

Lettre au Président Gbagbo: le Rire de l’Espérance

Cher Président !

C’est votre rire qui m’a fait vous aimer et m’attacher à vous : un rire franc, net, contagieux !
A l’image du programme de “matin bonheur” dont j’étais devenue une fan !

Je regretterai toujours de ne pas vous avoir écrit quand il en était encore temps, avant votre humiliation publique ! Un rédacteur du Nouveau Courrier, avec lequel j’ai plusieurs fois correspondu et qui est devenu un ami très cher, m’y encourageait et se proposait de vous transmettre ma lettre !
Mais vous m’impressionniez tellement que je n’ai jamais su comment commencer cette lettre…

Ce ne sont pas les propos savants pouvant occulter la personne comme un paravent, qui m’intimidaient chez vous, mais le regard « clair » et limpide, toujours suivi d’un rire ! Je vous imagine maintenant en train de rire quand moi une franco-israélienne de type caucasien vous entretiens sur votre regard clair et lumineux !

Oui, cher président, votre rire c’est vous, un rire franc, naturel, pas sophistiqué ! Et je peux vous imaginer aussi intimidé, embarrassé, mais je ne vous vois pas avec un sourire gêné, de mise, forcé, mal à l’aise, un sourire confit en bonnes œuvres et bonnes intentions, comme celui que nous distillent tous les journaux, depuis que c’est Mr Docteur en Economie qu’on nous a installé sur votre siège !

En fait, jusqu’à la dernière minute de ce que l’on a pu voir de vous, vous étiez digne, rempli de la sérénité, de la sécurité, de l’audace que seule confère la certitude d’être à la bonne place, au bon moment; cette confiance en D.ieu qui est la marque de fabrique la plus visible, pour quelqu’un de l’extérieur comme moi, et ce rire tranquille, le rire d’Isaac, le rire de Dieu.

Aux socialistes français qui ont inventé la “force tranquille”, je rétorquerai que bien plus que Mitterrand, c’est vous qui l’incarnez : voila, par dessus tout, ce qui vous a rendu insupportable à vos ennemis, car vous abattiez le travail en gardant toujours intacts cette énergie, cet optimisme des hommes de conviction. Chez vous, pas de visage austère, crispé, celui des gens qui veulent prouver à tous l’importance de leur charge, le poids de leurs responsabilités par leur mine patibulaire; le visage de ceux qui ne prennent plus le temps de rire, ni même de sourire, sinon sous forme de rictus !

Une interview de vous a circulé, lorsque vous étiez déjà à Korhogo : pour beaucoup, c’était vous ! d’autres étaient plus sceptiques ! Moi j’y ai retrouvé votre rire et votre paix à toute épreuve. Des ennemis, même avec les meilleurs publicistes n’auraient pu vous plagier ainsi ! et si c’est un faux, c’est un vrai faux, d’un ami qui nous veut du bien, parce que votre enthousiasme est celui de toute la nation !

En ce moment les nouvelles vous concernant sont inquiétantes. On écrit que vous êtes en soins intensif à l’hôpital Pisam d’Abidjan, car cette horde de sauvages aux ordres de la Bête et son disciple vous a méchamment traité et même tenté de vous assassiner, et elle ne serait pas à son coup d’essai !

Je ne veux voir que votre rire, n’entendre que votre rire, car il est fort, il est plus fort que le découragement et le doute, plus fort que la mort !

Le rire d’Isaac, c’est vous ! A l’incrédulité de sa mère et de son père , Dieu a donné un signe, le rire, Isaac, le rire de D.ieu qui s’impose, même quand celui-ci est ligoté et allongé sur l’autel du Moria, pour devenir poussière et cendre ! L’abandon total, la nuit noire, le grain tombé en terre, c’est du rire en germe !

Président, nous sommes avec vous dans cette nuit, profonde et noire, silencieuse de votre rire, mais avec confiance, et avec toutes les paroles d’encouragement et d’audace, nous voulons ensemble, avec vous et à votre place si vous êtes trop faible, rire du Rire de Dieu, du rire de celui qui siège dans les cieux, du Rire qui est un feu, le feu de l’ardeur de Dieu, de sa colère qui épouvante les ennemis et les met en déroute ! Du rire de celui qui fait passer son fils -vous- de la mort à la vie !

Tout est là : Psaume 2.

Soyez béni. Que le Tout-Puissant pose sur vous sa main, pour qu’ensemble, un jour prochain, nous puissions nous émerveiller de sa délivrance !

Avec toute ma respectueuse affection,

Abel Shlomit
shlomit.abel@gmail.com

ET pourtant ce soir, je lis les propos de Adjoumani Kobenan qui rapporte ses premières impressions après la rencontre Ouattara/Gbagbo. C’est l’art d’envoyer des fleurs sans trop se remettre en question. « les images que nous avons vues ce mardi 27 juillet 2021 sont les meilleures que l’on pouvait espérer voir en ces temps de quête de réconciliation nationale ». Effectivement le petit clan autour de Ouattara a du trembler jusqu’au moment où Gbagbo est sorti de voiture et a donné l’accolade à son bourreau.
Si une telle attitude, comme si rien ne s’était passé, comme si on s’était quitté la veille a pu faire chavirer tous ces hommes qui n’ont eu de cesse de détruire l’image de LG et ses acquis, tant mieux. Mais il me reste en bouche l’amertume ressentie par tous ceux qui ont définitivement disparu de l’Histoire et de la terre des vivants. Ou alors sommes-nous face à la stratégie voulue de celui qu’on appelait le boulanger, celui qui savait enfariner ses interlocuteurs? En tout cas le Ouattara/LG « qui ont décidé de tourner la page et d’ouvrir pour la Côte d’Ivoire le grand portail de la paix » a besoin d’être explicité car une vraie réconciliation ne peut se faire sur le dos des victimes, et elles sont nombreuses. Mais assurément ce qui s’est vécu « C’est un moment de grand soulagement »

Puisse ce soulagement opérer de miracles et empêcher tous dénis de justice.
Shlomit

Peut être une image de 1 personne et costume
Kobenan Kouassi Adjoumani, prof de français devenu ministre sous Gbagbo puis Ouattara. En 2002 il est ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, et occupe ce poste jusqu’en 2005. Il retrouvera ce poste le 11 juin 2011 sous Ouattara.

«Le RHDP se réjouit du caractère particulièrement chaleureux de ces retrouvailles entre le Président de la République, SEM Alassane Ouattara et le Président GBAGBO LAURENT qui ont décidé de tourner la page et d’ouvrir pour la Côte d’Ivoire le grand portail de la paix.
Le RHDP voudrait ici saluer, une fois de plus, le leadership du Président Alassane Ouattara, sa clairvoyance politique, son engagement constant en faveur de la paix et du vivre ensemble.
Nous voudrions également saluer la démarche empreinte d’humilité du Président Gbagbo qui a exprimé en des termes justes, en sa qualité de chef de fil des prisonniers, son souhait de voir ces derniers libérés.
En tout état de cause, les images que nous avons vues ce mardi 27 juillet 2021 sont les meilleures que l’on pouvait espérer voir en ces temps de quête de réconciliation nationale. Les discours que nous avons aussi entendus étaient les plus beaux que nous pouvions entendre dans notre marche commune vers la paix sincère et véritable.
C’est un moment de grand soulagement, parce que cette rencontre entre le Président de la République, SEM Alassane Ouattara et le Président Laurent Gbagbo ouvre des perspectives heureuses et très prometteuses pour notre pays. J’ai personnellement noté dans leurs discours beaucoup de sincérité, de respect réciproque, beaucoup de fraternité et de convivialité. C’est ainsi que l’on devrait faire la politique».