quelles sont les zones à risque et pourquoi

Voici une excellente étude topographique qui détermine les raisons des zones à risque d’inondation à Abidjan. Cette étude qui date de 2015 s’est concentrée sur le Cas du bassin-versant de Bonoumin-Palmeraie (commune de Cocody)
Brillante étude claire et précise réalisée par Armand KANGAH et André ALLA DELLA, tous deux respectivement Maître-Assistant et Maître de Conférences à l’Institut de Géographie Tropicale (IGT) à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody-Abidjan Côte d’Ivoire.
J’ai pris mon temps pour le lire et voici ce que vous devez retenir en 20 points:

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1. Le bassin-versant de Bonoumin-Palmeraie avec les quartiers installés dans le fond de la vallée de Bonoumin (Bonoumin-village et Riviera 2) connaissent de grandes inondations depuis 1992, avec des hauteurs d’eau variant entre 100 et 200 cm. Ces inondations ont atteint la grande vallée de la Palmeraie en 2010 et surviennent chaque année au carrefour de la Riviera 3, dans tout le secteur du magasin Cap Nord et à la rue Ministre de la Palmeraie.

2. Ces inondations ont atteint la grande vallée de la Palmeraie en 2010 et surviennent chaque année au carrefour de la Riviera 3, dans tout le secteur du magasin Cap Nord et à la rue Ministre de la Palmeraie.

3. La présente étude s’appuie sur les nouveaux outils d’analyse et de gestion de l’espace que sont le modèle numérique de terrain (MNT) et le système d’information géographique (SIG).

4. L’aléa inondation dans ces zones est très faible, car les têtes de vallées et les vallons jouent un rôle de collecteur et d’orientation des eaux de ruissellement vers des collecteurs plus grands. La quantité d’eau ruisselée dans ces axes, fut-elle importante, ne suffirait pas à créer une inondation sur ces zones, à moins que ces derniers soit obstrués.

5. La seule zone où l’aléa inondation est très élevé est la grande vallée à fond très large qui s’étend sur plus de 4 km du quartier Palmeraie jusqu’à l’exutoire. Elle couvre plus de 495 ha et est le passage obligé de toutes les eaux collectées dans le bassin-versant. Pourtant des enjeux y existent qui pourraient être endommagés en cas d’inondation.

6. Le bassin-versant de Bonoumin-Palmeraie présente également des secteurs où les constructions se sont densifiées (35,50 % de l’espace), en particulier dans sa partie ouest, à l’exception de Bonoumin et de la Riviera-Golf.

7. Les conséquences prévisibles d’une inondation sur les enjeux dans ces zones sont énormes. En effet, les enjeux y sont nombreux et importants, car ces espaces sont très fortement urbanisés, avec une concentration importante de l’habitat, des équipements et des infrastructures.

8. Les zones à risque élevé: Elles concernent 10 % des zones où une inondation causerait beaucoup de dommages, à cause de la forte présence humaine. Les sites identifiés se trouvent à l’intérieur des quartiers, notamment à Bonoumin, à la Palmeraie, à la Riviera, au Golf et à Attoban. Ces zones correspondent aux constructions que les sociétés immobilières ont bâties sur des versants mais dont une partie a été réalisée dans les vallées.

9. Les zones à risque très élevé: Les zones où le risque d’inondation est très élevé s’étendent sur plus de 232 ha, soit plus de 28 % des surfaces inondables. Elles concernent le fond de la vallée principale, un fond plat dont la largeur dépasse par endroits 1 km. Ce fond que se partagent en partie la Palmeraie, Bonoumin, Allabra-SOGEPHIA et Riviera-SIDECI est totalement urbanisé, avec les constructions individuelles, collectives et d’importants équipements et infrastructures.

10. En effet, chaque année, à une ou à plusieurs reprises, il tombe pendant 4 à 7 jours de suite 200 à 500 mm d’eau à Abidjan (ALLA, 2013), tout comme en juin 2014, il est tombé à Cocody 103 mm le 18, 108,8 mm le 27, 108,9 mm le 28 et 107 mm le 29. Ces inondations dans les fonds de vallée ont un caractère brutal.

11. En effet, on trouve dans la plupart des quartiers du bassin-versant des collecteurs de base bétonnés auxquels sont raccordés des collecteurs secondaires des quartiers déjà équipés. Ce système de drainage qui fonctionnait très bien dans les années 1990 est confronté actuellement à un problème de dimensionnement et d’encombrement dû au manque de civisme des riverains qui se débarrassent de plus en plus de toutes sortes d’ordures dans les caniveaux à ciel ouvert.

12. La majorité des collecteurs ont été créés dans les années 1990 et répondaient aux besoins d’assainissement pluvial, à un moment où la végétation forestière sur les terrains en amont favorisait l’infiltration d’une bonne partie des eaux de pluie. Les lotissements successifs ayant remplacé la forêt conduisent à un accroissement de l’importance du ruissellement.

13. Ainsi que l’affirment DE NONI et al., (1988) « non seulement l’urbanisation des bassins-versants accélère puissamment les temps de concentration du ruissellement, mais aussi multiplie le coefficient de ruissellement, c’est-à-dire le rapport entre le volume d’eau ruisselé et celui précipité, par N, en fonction du bassin-versant ». C’est ce qui se passe actuellement dans le bassin-versant de Bonoumin-Palmeraie, avec la recrudescence des inondations dans les secteurs à risque plus élevé, mettant en danger les populations et leurs biens.

14. Pour réduire les inondations dans ce bassin-versant, il serait souhaitable d’assurer dans un premier temps un curage régulier de tous les collecteurs pour faciliter la circulation des eaux de ruissellement. Ensuite, pour tenir compte de l’augmentation du volume d’eau à évacuer, il importe de redimensionner les ouvrages existants et d’en créer de nouveaux, dans la perspective d’une gestion préventive des inondations.

15. Ainsi, sur une superficie de 4 880 ha, environ 942 ha, soit 20 % de l’étendue du bassin-versant, sont susceptibles d’être inondés, en cas de pluie. Ils correspondent principalement aux fonds de vallées, lieux de passage naturel des eaux de ruissellement.

16. Malheureusement, dans les secteurs où ces fonds de vallées sont bien dégagés, ils sont par endroits occupés par des installations humaines.

17. En effet, lors de l’urbanisation du principal fond de vallée, l’Etat a pris soin de l’aménager en l’équipant d’un important réseau de drainage. Avec le temps, ces canalisations ne sont plus adaptées à cause de la mise à nu de tous les terrains du bassin-versant.

18. Dans la mesure où cette dénudation du sol favorise un accroissement du volume des eaux de ruissellement, les ouvrages de drainage n’arrivent plus à évacuer les eaux qui débordent.

19. Cette situation expose dangereusement les populations de certains quartiers (Palmeraie, Riviera-Allabra, Bonoumin) installés en partie dans les zones à risque d’inondation élevé et très élevé.

20. Compte tenu de la qualité des constructions, déguerpir les populations comme ce fut le cas en 2015, dans la vallée de Gobelet où l’habitat était essentiellement précaire, ne paraît pas une solution recommandable. Il conviendrait plutôt d’agir sur l’aléa inondation, en agrandissant les ouvrages existants pour les adapter aux besoins d’écoulement des eaux de pluie.

PS: Vous pouvez télécharger l’Etude complète ici: https://goo.gl/UWf2CV
communiqué par Edith Brou Blandon

Une pensée sur “quelles sont les zones à risque et pourquoi

  • 22/06/2018 à 15:03
    Permalink

    Compte tenu de la qualité des constructions, déguerpir les populations comme ce fut le cas en 2015, dans la vallée de Gobelet où l’habitat était essentiellement précaire, ne paraît pas une solution recommandable. Il conviendrait plutôt d’agir sur l’aléa inondation, en agrandissant les ouvrages existants pour les adapter aux besoins d’écoulement des eaux de pluie.

    Donc des solutions avaient été proposées depuis longtemps…

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