Planification du développement : les ivoiriens invités à réguler les naissances

Pour la Ministre ivoirienne du Plan et du Développement, Kaba Nialé, la démographie galopante est un frein à l’émergence de la Côte d’Ivoire. Au terme d’une visite d’inspection le jeudi 3 août 2017, dans les locaux de l’Institut national de la statistique (Ins) et à l’Office nationale de la population (Onp), elle a exposé les dangers de ce phénomène et invité les populations au contrôle des naissances.

Pourquoi une telle visite à l’Ins et à l’Onp ?
– Il s’agit là de deux structures importantes dans le politique de planification, de réflexion et de suivi-évaluation de l’activité économique. Ce sont des structures pour lesquelles l’Etat a entamé des reformes importantes. L’Ins a bénéficié de beaucoup d’actions de redynamisation. Il en est de même pour l’Onp qui a été créée en 2012 et qui a bénéficié de toute l’attention du gouvernement. Il était  important pour nous de faire le point avec chacune des structures, regarder les avancées, les défis qui restent, afin de pouvoir les accompagner de la façon la plus efficace.

Peut-on dire que la démographie galopante et non maîtrisée constitue un frein au développement du pays ?
– Absolument ! Vous savez, au niveau de nos partenaires au développement,  les questions de statistiques et les questions de populations sont revenues au centre des préoccupations pour accompagner nos pays vers l’émergence. On l’a dit, lorsque vous n’avez pas un instrument de mesure efficace, vous ne pouvez pas apprécier les pas que vous faites. Mais surtout, vous ne pouvez pas bénéficier d’indicateurs pour vous orienter efficacement.  Sur ce plan, l’Ins a fait beaucoup d’efforts. Mais il doit aller encore plus loin. En ce qui concerne la population, c’est la clé à toutes les rencontres internationales. La préoccupation du dividende démographique revient sans sesse. C’est pourquoi nous trouvons vraiment important d’écouter l’Onp, afin de voir comment l’épauler. Nous devons faire de notre dividende démographique, une préoccupation nationale. Ce sont des questions qui ne sont pas faciles à aborder. Puisqu’elles touchent à des habitudes, à des traditions même. Il était important que nous venions l’écouter pour voir comment le ministère peut l’aider à réussir sa mission.

Si nous vous suivons bien, vous êtes en train d’inviter les ivoiriens à ne pas faire beaucoup d’enfants ? Si c’est le cas, comment entendez-vous leur faire changer de comportement ?
– Nous sommes en train de dire aux ivoiriens que, si chaque couple fait beaucoup d’enfants, à son propre niveau, le défi pour les éduquer, les élever tous et leur donner toutes les chances de la vie, sera énorme. Au niveau de l’État, le défi pour leur prise en charge sociale devient crucial. Que ce soit au niveau des infrastructures éducatives, sanitaires, des infrastructures de prise en charge sociale, la sécurité, etc, ça devient important. Il y a aussi le défi d’absorber toute cette jeunesse, qui est vraiment important. Ça retarde notre pays dans l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs. Tout ceci fait que le niveau de l’indice de développement humain n’est pas satisfaisant dans notre pays. Puisque, chaque fois que l’État crée de la richesse, nous avons cette forte population qui fait de la pression sur les infrastructures sociales pour être à la hauteur. Elle fait de la pression en terme de besoin de création d’emplois, pour pouvoir en bénéficier. Je pense que les populations comprennent cela. C’est pourquoi je dis qu’il faut nous réfléchissons avec nos populations, pour voir comment nous pouvons les accompagner dans la gestion des naissances. Ce sont quelques fois des questions culturelles, d’éducation. Je suis convaincue que les populations sont conscientes du fait que, plus les naissances seront contrôlées, mieux les infrastructures existantes pourront efficacement prendre en charge les enfants nés et réduire considérablement les taux de mortalité infantile.

Propos recueillis par Jean-Hubert Koffo