Ouattara compromet l’avenir des générations futures

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Côte d’Ivoire : la dette publique atteindra 13,5 milliards d’euros à la fin de l’année
Endettement colossale de la Côte d’Ivoire: Ouattara compromet l’avenir des générations futures
Le président Laurent Gbagbo n’a-t-il pas eu recours à la dette extérieure ? L’économiste-journaliste Maurice Lohourignon répond par l’affirmative. A une nuance près que, selon lui, ce recours à l’extérieur était encadré et occasionnel. A preuve, l’instauration du budget sécurisé qui impose au pays de ne compter en plus grande partie que sur ses ressources propres à travers une maximisation des recettes et une gestion rigoureuse des finances publiques. Et par la suite la mise en place de budgets prudents qui obéissent à la même logique que l’endettement n’est pas une fatalité. L’objectif global est d’éviter les erreurs du passé.
En effet, rappelle Maurice Lohourignon, les difficultés économiques de la Côte d’Ivoire commencent au début des années 1980 et sont marquées par les premières secousses socio-économiques et financières, liées aux multiples emprunts extérieurs du « mirage ivoirien » (expression plus indiquée que le « miracle ivoirien ») de la période Houphouët-Boigny. Elles sont étayées par quelques repères tangibles. Notamment la baisse des recettes d’exportation des principaux produits café, cacao, (campagne 82-83), le lancement des programmes d’ajustement structurel (PAS), dès 1982), le démantèlement de la Caisse de stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles (Caistab) dès la campagne 89-90. On note également la libéralisation des filières agricoles, la privatisation des sociétés d’Etat et la dévaluation du FCFA en janvier 1994. « Ces repères économiques sont complétés par des repères de gouvernance ainsi que des chiffres qui permettent déjà de situer la responsabilité et le niveau de l’endettement du pays. En effet, en 1993 à l’arrivée au pouvoir de Konan Bédié, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire s’élève à 4200 milliards FCFA, soit 142,5% du Pib. Elle atteindra 8500 milliards FCFA en 1996, soit 155% du Pib », soutient-il. C’est alors que ce que Maurice Lohourignon appelle les « experts de la haute finance » irradient autour des acteurs au développement la notion de la dette et son traitement. Il rappelle ainsi les réflexions et les démarches qui vont conduire, de 1985 à 1996, au programme de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Il s’agit d’un traitement différent du rééchelonnement, qui concerne les pays lourdement endettés, qui ne sont plus capables de rembourser leur dette et qui, du coup, deviennent un « danger » pour toute l’économie mondiale.
Gbagbo hérite d’une dette de 6.700 milliard Fcfa Cette nouvelle approche vise à alléger leur dette pour la rendre soutenable afin de leur permettre de continuer le remboursement. On s’aperçoit alors que la définition est plutôt opérationnelle. Elle renvoie à des indicateurs, à un niveau d’endettement déterminé : une dette supérieure à 150% du Pib et dont la « soutenabilité » excède le ratio de 250% du Pib. La Côte d’Ivoire ayant atteint ces niveaux en 1996, le régime Bédié n’avait plus qu’à postuler ! Ainsi, soutient l’exposant, quand Laurent Gbagbo est élu président de la République en Octobre 2000, il hérite d’une dette de 6700 milliards FCFA et d’un taux de croissance négatif. Mais le plus important, c’est que la communauté internationale ne le connait pas assez bien parce qu’il n’est pas issu de la sphère économique. Car, il s’agit de savoir si ce nouveau président – qu’on n’attendait pas à cette haute fonction – a la volonté et la capacité de rembourser leur argent. Pour les rassurer, le premier geste fort que pose Laurent Gbagbo, c’est de rembourser les 18 milliards FCFA de l’Union européenne que le régime précédent avait vendangés dans des factures douteuses au ministère de la Santé. Il engage par la suite des réformes pour mettre plus en confiance de la communauté financière internationale. Ainsi, une atmosphère nouvelle semble renaître entre la Côte d’Ivoire et les institutions internationales. Ce qui permet de reprendre les négociations concernant la mise en œuvre de l’initiative PPTE. On se rappelle toute la campagne de raillerie orchestrée en son temps par l’opposition qui trouvait dégradant que la grande Côte d’Ivoire (40% de l’Uemoa) soit qualifiée de pays pauvre. Le conférencier donne une comparaison imagée pour marquer cette volonté de Laurent Gbagbo, c’est la situation de l’ancien ministre qui continue d’être « traité avec les honneurs dus à son rang ». On lui demande des cotisations identiques à celles des ministres en fonction, alors qu’il n’a plus les mêmes moyens financiers.
La dette tombe à 4.000 milliards Fcfa. La Côte d’Ivoire était un pays à revenu intermédiaire, mais tellement endetté qu’elle ne pouvait plus supporter les engagements liés à ce rang. Il était donc plus juste, pour le président Laurent Gbagbo de se battre pour sortir le pays de ce rang devenu une chaîne, renoncer à ces honneurs artificiels et encombrants pour revêtir, comme d’autres pays autour de nous, l’habit de pays pauvre très endetté et bénéficier des facilités offertes à ce titre pour sortir de la pauvreté. Cependant, selon le panéliste, Laurent Gbagbo n’en a pas pris la graine parce que l’initiative PPTE comporte par endroits des actions contenues dans son programme économique telles que l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des services sociaux de base, la préservation de l’environnement, la promotion de l’égalité du genre et de sécurité sociale, et la décentralisation comme moyen de participation des populations au processus de développement et de réduction des disparités régionales. L’exposé en vient alors à la gestion-même du programme de l’initiative PPTE, aux actions de la gouvernance Gbagbo pour maitriser ce programme. L’objectif était de continuer à honorer le service de la dette, de l’ordre de 400 milliards FCFA par an, et être en mesure de réaliser le programme de la Refondation pour lequel il a été élu. Toute la rigueur et le sérieux mis dans gestion des ressources de l’Etat vont aider à une meilleure mobilisation des recettes. « Ainsi, le budget de la Côte d’Ivoire passe progressivement de 1289,1 milliards FCFA en 2001 à 2529,5 milliard FCFA en 2009. Ces efforts de gestion et de bonne gouvernance, ajoutés aux négociations politiques engagées par le président Laurent Gbagbo, jusqu’à l’Accord politique de Ouagadougou (APO), vont aboutir à l’atteinte du point de décision du programme de l’initiative des PPTE le 31 mars 2009. On note qu’avec cette nouvelle gestion de la dette, la Côte d’Ivoire a pu rembourser régulièrement le service de sa dette. De sorte qu’à fin 2010, la dette de notre pays a diminué pour retomber à 4000 milliards FCFA, contre 6700 milliards FCFA en 2000, soit une baisse de 40%. Le ratio de la dette extérieure par rapport au Pib est tombé également à 16,6% contre 88,7% en 2000 », explique Maurice Lohourignon.
Toujours selon lui, toutes ces performances seront reconnues par les bailleurs de fonds au moment de l’atteinte du point d’achèvement, dans un rapport du Fmi de septembre 2012. Ce rapport note en effet qu’« (…) En 2009, l’économie ivoirienne a tiré avantage de l’amélioration relative de l’environnement sociopolitique, économique et financier. Cette situation a permis au gouvernement (du président Gbagbo, ndlr) de conclure un programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC, ex-FRPC) en mars 2009, assorti de l’atteinte du point de décision de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE), de bénéficier d’appuis financiers extérieurs contribuant à l’apurement substantiel des arriérés de paiements intérieurs et d’obtenir une restructuration de la dette vis-à-vis des créanciers membres du Club de Paris. ». Le même rapport ajoute : « (…) En Côte d’Ivoire, l’économie a relativement bien résisté aux effets de la crise financière mondiale de 2008. Le taux de croissance du Pib s’est établi à 3,8% en 2009 contre 2,3% en 2008, excédant pour la première fois le taux démographique (2,9%), depuis 1999.».
Ainsi, après l’atteinte du point de décision, le 31 mars 2009, la Côte d’Ivoire avait à réaliser 13 déclencheurs pour parvenir au point d’achèvement. Et lorsque ce point est atteint en juin 2012, les bailleurs de fonds (Banque mondiale, Fmi et Bad), dans leur évaluation, écrivent que sur ces 13 déclencheurs, 8 déclencheurs ont été effectivement réalisés entre 2009 et 2010. La réalisation des 5 déclencheurs restants a fait l’objet d’une dérogation en raison de la crise post-électorale dans le pays.
Les bailleurs de fonds félicitent le régime Gbagbo C’est pourquoi le conférencier retient que le président Gbagbo a été spolié d’une victoire, puisque tous les déclencheurs ont été réalisés sous lui. Les tenants de la communauté financière internationale ont décidé de l’achever avant l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative des PPTE. Lequel sera accordé gracieusement par la formule des « dérogations », à celui qu’ils ont choisi de mettre à sa place par les armes. « Il s’agit de la diabolisation du régime Laurent Gbagbo, devant le succès de sa politique de gestion de l’initiative PPTE. Au plan interne, elle est conduite par la rébellion qui s’active sur le plan diplomatique où elle mène une campagne sur le travail des enfants dans les plantations de cacao, les assassinats montés de toute pièce pour accuser un supposé « escadron de la mort qui serait proche du couple présidentiel etc. Elle gère pratiquement toute la moitié Nord du pays où elle lève un impôt spécial pendant que ses représentants sont membres du gouvernement Gbagbo. Ceux-ci détiennent même des postes-clés tels l’Agriculture, le Commerce, l’Industrie et même l’Economie et Finances comme on le découvrira après la chute du régime. Faisant ainsi obstruction à la réussite de la gouvernance Gbagbo. Au niveau international, les pays qui gouvernent les institutions financières imposent une surveillance stricte de l’utilisation des allègements obtenus dans la réalisation des programmes sociaux jugés alors irréalistes ou inadéquats. Ils réclament en même temps des élections alors que le programme de désarmement qu’ils financent par ailleurs n’est pas encore achevé. Cela conduit à la mise à l’écart des actions de développement intégré qui s’inspire de la base de la politique de la Refondation», conclut-il.
Le fpi, la vraie solution aux problèmes de la Côte d’Ivoire
Le Fpi et sa politique de Refondation est la seule alternative qui se présente aux malheurs de la Côte d’Ivoire relativement à la gestion du régime Ouattara. Pour le Dr. Boni Béda, maître-assistant à l’niversité de Cocody, le parti de Laurent Gbagbo présente plus de crédibilité que le Rdr au pouvoir. Il rappelle que le Fpi a été créé officiellement en 1982. C’est un parti qui prône l’alternance pacifique, soutient les libertés syndicales et politiques. Il soutient également une économie sociale du marché qui place l’Ivoirien au centre des décisions d’investissement. Toujours selon lui, le Fpi a mis un point d’honneur dans la gestion des finances publiques : transparence (amélioration et vulgarisation du Sigfip), efficacité (appel à candidature aux postes-clés de l’administration financière), restructuration du cadre réglementaire qui responsabilise les gestionnaires des fonds publics, et surtout une discipline budgétaire qui évite au mieux le recours à l’emprunt extérieur. Quand Laurent Gbagbo a été chassé du pouvoir, la Côte d’Ivoire revendiquait un excédent budgétaire de 113.385.312.240 FCFA. Pour un pays où une partie des recettes était gérée par une rébellion qui était aussi prise en compte par les ressources générées par la partie gouvernementale. Quant au Rdr, il a été créé le 27 septembre 1994. Pr Boni Béda le dépeint comme un parti néolibéral qui excelle dans la violence, place l’intérêt des étrangers avant celui des nationaux, applique une politique de discrimination ethnique ou «rattrapage ethnique », selon l’expression d’Alassane Ouattara, qui ronge la décence sociale. Au chapitre économique, le Rdr pratique un libéralisme sauvage du laisser-faire où les plus gros dévorent les plus petits, où les ressources productives sont contrôlées par les multinationales qui ont contribué à l’installer au pouvoir. Le budget tient sur les aides budgétaires et les emprunts extérieurs systématiques. Aux surfacturations des commandes aux détournements des fonds, il faut ajouter la gestion de l’économie par ordonnance. En conclusion, Dr. Boni Béda indique que la politique de surendettement du régime Ouattara est très dangereuse pour le pays. Elle le rend vulnérable vis-à-vis de l’extérieur car celui qui donne, c’est lui qui ordonne. La décision idoine est celle de ramener le Fpi au pouvoir pour redresser l’économie et redonner la dignité à l’ivoirien», a-t-il dit. Faisant le diagnostic de la crise de l’endettement, le Pr Adiko Bernard, enseignant-chercheur à l’université de Cocody, souligne que la Côte d’Ivoire a été contrainte de choisir de s’endetter au moment où l’épargne nationale s’est avéré insuffisante pour contrer les méfaits de l’eurodollar, du pétrodollar, des euro-obligations etc. Et face aux besoins de financement du pays, la dette s’est accrue de façon vertigineuse de 1973 à 1997 : 100 milliards FCFA (1973), 6500 milliards FCFA (1987), 4630 milliards FCFA (1991), 13103 milliards FCFA (1997). En 2000, la dette s’élevait à 7182 milliards FCFA. Selon lui, grâce à sa politique de désendettement, Laurent Gbagbo a réussi à ramener le fardeau de la dette à une proportion acceptable de 4000 milliards FCFA. A fin 2012, la dette de la Côte d’Ivoire était de 6175 milliards FCFA, malgré l’atteinte du point d’achèvement et les félicitations du Fmi
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