par In Absentia.

La France en tête, une bonne partie de l’Occident est en train de basculer dans la dictature. Rien de neuf me direz-vous, cela fait 30 ans qu’on observe tant et plus de dirigisme, d’apparition de lois limitant nos droits individuels ou collectifs, s’accompagnant d’une tendance du pouvoir à s’immiscer jusque dans nos vies privées, instaurant plus ou moins le délit d’opinion en droit commun.

Mais tout ceci s’est brusquement accéléré à l’occasion de la pandémie, dont on se demande un peu si elle n’est pas plus le prétexte d’un coup d’État qu’autre chose, attendu que l’un dans l’autre, le nombre de morts ne justifie en rien les mesures de privation de nos libertés qui ont été prises au mépris de la constitution. C’est encore plus vrai lorsqu’on constate que les pays n’ayant confiné personne (Suède, Pays-Bas) sont largement en dessous de la France en termes de mortalité ramenée à la population.

Profitant de la sidération des populations, terrorisées par une propagande hallucinante déversée par tombereaux dans tous les médias à la botte, les gouvernements ont largement abusé de leur pouvoir au titre d’une soi-disant urgence sanitaire qui n’existait pas.  Le confinement n’est qu’un autre mot pour incarcération domiciliaire, c’est une mesure de privation de liberté.  D’ailleurs même après déconfinement, l’interdiction de circuler reste d’application en France et l’interdiction de manifester aussi. À tel point que la loi interdisant de franchir les limites de son département ou de s’éloigner à plus de 100km de son domicile pourrait être renommée loi Gilets jaunes. Ça crève les yeux, un peu comme les LBD qu’on leur mettait précédemment dans la tronche à la première occasion.

Loi Avia

Le parlement confiné, qui était supposé ne légiférer que sur des matières en rapport avec la gestion de la crise du coronavirus n’a rien trouvé de plus urgent que de voter, toutes affaires cessantes, la loi contre les contenus haineux sur Internet, initialement proposée par la députée Laetitia Avia, seulement connue jusqu’alors pour avoir agressé et mordu un chauffeur de taxi à l’épaule parce qu’elle refusait de lui régler sa course.

Mieux, et c’est ici que les éditeurs de médias alternatifs ou apparentés à la dissidence devraient sérieusement s’inquiéter :

(…) L’histoire aurait pu en rester à ce coup d’épée dans l’eau si le gouvernement n’avait pas saisi l’occasion pour pousser sa politique sécuritaire. Le 21 janvier, alors que la loi était examinée une deuxième fois par une Assemblée presque vide, le gouvernement a fait adopter un amendement de dernier minute renversant toute la situation.

Une nouvelle obligation vient éclipser le reste de la loi, ajoutée au paragraphe I de son article 1. Elle exige que tous les sites Web (pas uniquement les plateformes géantes) censurent en 1h (pas en 24h) les contenus signalés par la police comme relevant du « terrorisme » (sans que cette qualification ne soit donnée par un juge, mais par la police seule). Si le site ne censure par le contenu (par exemple car le signalement est envoyé un week-end ou pendant la nuit) la police peut exiger son blocage partout en France par les fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR…).

La séparation des pouvoirs est entièrement écartée : c’est la police qui décide des critères pour censurer un site (en droit, la notion de « terrorisme » est suffisamment large pour lui donner un large pouvoir discrétionnaire, par exemple contre des manifestants) ; c’est la police qui juge si un site doit être censuré ; c’est la police qui exécute la sanction contre le site. Le juge est entièrement absent de toute la chaîne qui mène à la censure du site.

Le 26 février, le Sénat avait supprimé cette nouvelle disposition. Le texte revient mercredi pour une toute dernière lecture par l’Assemblée nationale, qui aura le dernier mot. Il est indispensable que les député·es suppriment l’article 1, paragraphe I de cette loi, qui permet à la police d’abuser de son pouvoir pour censurer le Web à des fins politiques – en cherchant à censurer les attaques contre le Président ou contre la police, comme elle le fait déjà. Source : Quadrature du net

Donc pour être tout-à-fait clair, la loi délègue à la police tous les pouvoirs lui permettant, de faire supprimer dans l’heure tout contenu qui lui semble tomber sous la qualification de « discours de haine » ou « terroriste ».

Alors bien sûr, c’est totalement contraire à la constitution, ce ne serait même pas défendable en droit européen, et même la loi de 1881 sur la liberté de presse est jetée aux orties, mais ce qu’il faut comprendre c’est qu’il y a là une inversion des normes. Auparavant, un éditeur pouvait être poursuivi, mais seulement après avoir bénéficié d’une procédure contradictoire devant les instances judiciaires (jugement). Ici, je parlerais plutôt de « politique du kapo », c’est-à-dire que l’autorité impose aux éditeurs ou à défaut à leur hébergeur d’appliquer cette censure en l’absence de tout jugement sur le fond, sans laisser la moindre chance aux intéressés de faire valoir leur droit. Du coup, cette loi-ci, serait mieux nommée loi Soral[1], bien que dans la foulée, c’est tout qui ose critiquer la politique calamiteuse du gouvernement ou dénoncer les dérives totalitaires du pouvoir qui se verra déplateformiser sur ordre de ce qu’il faut bien appeler désormais le ministère de la Vérité, via son bras armé, la police (de la pensée).

Que peut-on faire ?

Quand le régime, tétanisé de trouille en arrive à de pareils expédients pour maintenir à tout prix son emprise sur le pouvoir, on peut raisonnablement penser qu’il est prêt à aller bien plus loin dans l’abjection. Malheureusement, on ne peut que constater que les masses restent majoritairement dociles et acceptent sans renâcler la réduction de leurs derniers espaces de liberté à une peau de chagrin.

Il y a gros à parier que lorsque l’effondrement économique et financier arrivera, et qu’il leur sera désormais impossible de seulement subvenir à leurs besoins primaires, celles-ci se soulèveront, mais le mal sera fait, et le pouvoir écrasera la révolte dans le sang s’il le faut, sûr de son impunité parce qu’il ne restera pas grand-monde pour dénoncer le crime.  Il se trouvera toujours quelques députés LREM pour en appeler à la restauration de l’ordre républicain, ce qui marquera le début d’une répression violente, destinée avant tout à terroriser durablement le peuple.

Pour pouvoir résister, il faut avant tout organiser sa résilience, et pour les médias, cela veut dire continuer à publier, et à être lus.

Organiser la résilience

Tout d’abord, il convient de ne pas sous-estimer l’adversaire qui a la force de la loi de son côté, même si désormais ces lois sont iniques.  Il dispose donc à la fois d’un arsenal judiciaire, et du pouvoir d’injonction vis-à-vis des plateformes mais plus généralement des médias d’opposition via leurs hébergeurs (le maillon faible).

Aussi, il convient de faire la distinction entre les médias écrits (comme Le Vilain Petit Canard) et ceux qui ont choisi de s’exprimer au moyen d’une chaîne Youtube, par exemple.

Pour les médias écrits

Quand on y réfléchit bien, le plus important est de garder au média son accessibilité, soit le moyen pour ses lecteurs/abonnés de s’y connecter pour lire tel ou tel article.

Le pouvoir dispose de deux moyens relativement aisés à mettre en place pour rendre un site inaccessible :

  • faire injonction à l’hébergeur pour qu’il ferme l’accès au site
  • à un plus haut niveau, faire injonction aux fournisseurs pour qu’ils truandent les DNS de manière à faire pointer l’URL d’un site donné vers une landing page, située par exemple sur les serveurs du Miniver.

Il y a donc lieu d’une part d’héberger son site en dehors de la juridiction du Miniver (à l’étranger, en somme), et d’autre part, de prévoir un moyen de se retrouver quelque part si les DNS étaient truandés.

Peut-être pas une mauvaise idée de créer un nom de domaine alternatif sur un TLD (top level domain) qui ne serait pas géré par l’AFNIC (comme les .fr). Vous pouvez obtenir gratuitement des noms de domaines sur des TLD comme .ml chez Freenom, par exemple.

Renseigner largement un point de rendez-vous, comme une page Vkontakte par exemple, où les lecteurs pourraient se rendre en cas de disparition de leur média préféré, et où il leur serait indiqué comment y accéder désormais.

Installer les outils nécessaires pour vous permettre de joindre vos lecteurs par l’entremise d’une newsletter, et leur demander de s’y inscrire en masse afin de parer à la censure qui vient.

Pour les chaînes Youtube

Fuyez, pauvres fous ! Plus sérieusement, si vous avez choisi de publier sur Youtube, je suppose qu’il y a bon temps que vous avez pu vous rendre compte de la censure qui y fait rage. Avec la loi Avia, vous avez quelques raisons de penser que cela va aller mieux ?  Dans les faits, vos chaînes vont purement et simplement disparaître sans que vous puissiez rien faire pour vous y opposer.

Toutefois la situation n’est pas désespérée, même s’il est moins cinq. En pratique, sur base de technologies existantes (et open source), il est parfaitement possible de constituer une plateforme qui serait à la fois décentralisée, fiable, et hors de portée des griffes du Miniver tout en restant abordable financièrement pour les éditeurs. Parce qu’il faut bien se rappeler que c’est sur les plateformes elles-mêmes que le pouvoir compte pour censurer les contenus, mais si ceux-ci sont en réalité hébergés en dehors de leur juridiction (à l’étranger), la seule menace ne suffit plus, il faut un jugement en bonne et due forme, et ils ne l’obtiendront jamais.

Ceci pourrait se faire sous la forme d’une association, un peu dans l’esprit loi 1901 (ASBL en Belgique), qui serait financée par ses membres, et dont les statuts préciseraient clairement la protection dont les éditeurs jouissent, pour peu que leurs contenus respectent les prescrits légaux, et la garantie que la plateforme ne pliera en aucun cas à une simple injonction. En gros, ce serait la plateforme des éditeurs eux-mêmes, mais je ne vais pas détailler plus avant au risque de partir dans des considérations techniques qui dépassent le cadre de cet article. Ceux d’entre vous qui seraient éventuellement intéressés ou souhaiteraient en savoir plus peuvent me contacter directement via mon formulaire de contact.

Pour terminer, rien n’interdit à un éditeur de contenus sur Youtube d’avoir en sus son propre site web, histoire de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, permettant le cas échéant de garder lui-aussi un lien avec sa communauté. Ici aussi, une page Vkontakte pourrait parfaitement faire l’affaire.

Le mot de la fin

La publication des arrêtés d’exécution et de la version coordonnée de la Loi pourrait intervenir début juin, mais personnellement, je verrais plutôt le pouvoir publier tout ça courant juillet, dans l’indifférence générale. Au pire cela vous laisse une quinzaine, au mieux six semaines.

La question n’est pas de savoir si c’est juste, mais bien d’être prêts. Macron vous l’avait bien dit, c’est la guerre, il a juste oublié de préciser que l’ennemi, c’est le peuple et son aspiration à vivre libre.

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[1] Il suffit de regarder qui sont les promoteurs de la loi : LICRA, Respect Zone, SOS homophobie et SOS Racisme.  Le projet a initialement été co-rédigé avec le vice-président du CRIF, Gil Taïeb. Et de se souvenir qu’avec ses 5 millions de visiteurs uniques par mois E&R est une sérieuse épine dans le pied du pouvoir qu’il brocarde en toute occasion.

source : https://www.levilainpetitcanard.be