« Œuvre de tant de jours, en un jour effacée! »

Ces lignes de janvier 2011 n’ont rien perdu de leur actualité. Les caisses sont vides, le pays dépecé, vendu, bradé, les ivoiriens décimés, emprisonnés, en vie pour les plus chanceux…

C’est ce journaliste du Nouveau Courrier, qui signait Sékou Assegoué Godpeace qui m’a fait découvrir l’horreur du franc CFA, et ce qui allait se tramer. C’est à cause de lui en grande partie  que je dois mon engagement aux côté des ivoiriens, des africains. Son exil qu’il espérait de courte durée se prolonge encore et toujours, car les cases prison, assassinat, répression, pauvreté, corruption, maladie, mort, année blanche, violence, com, promesses non tenues, agonie, sont prioritaires sur ce jeu de l’oie où l’émergence promise à la fin ne débouche que sur le sourire du couple Ouattara, qui dure et perdure grâce à leur « générosité » qui permet à la CIV d’être démantelée, démembrée, bradée…
PS: son mail a été piraté après les évènements d’avril 2011, je le recopie tout de même car son pseudo « Fraternelle Eburnie » pour la franco-israélienne que je suis était tellement beau, porteur d’avenir, de paix de fraternité, de réconciliation vraie…
Shlomit

Publié le vendredi 14 janvier 2011 | Le Nouveau Courrier – (Aimer la Côte d’Ivoire …sans aimer les Ivoiriens).

Résultat de recherche d'images pour "billets banque centrale ivoirienne, photo"

« Œuvre de tant de jours, en un jour effacée! ». Ainsi s’est exclamé Don Diègue, dans le Cid, cette célèbre œuvre littéraire de Corneille, un des motifs de fierté et de rayonnement de la culture et de la littérature françaises. Don Diègue, après avoir contribué à bâtir les heures de gloire du royaume d’Espagne, est blessé dans son amour propre par l’affront à lui fait par Le Comte. Il reste impuissant, car abandonné par ses forces sous le poids de l’âge.
S’étant « blanchi dans les travaux guerriers, avec son bras que toute l’Espagne admire et qui tant de fois a sauvé cet empire », il fait alors le constat que lui, qui a fait preuve de tant de dévouement dans l’honneur, voit ce même honneur malheureusement bafoué par plus jeune que lui. Avant de se donner une ligne de réaction, il médite. On connaît la suite, sous la forme du légendaire drame cornélien où le fils (de Don Diègue) Rodrigue, pour venger son père, se doit d’affronter celui de son amour Chimène. En effet, Rodrigue est le fils de Don Diègue et l’amant de Chimène, elle-même fille du Comte de Gormas, lequel a giflé Don Diègue. C’est une œuvre de grande dimension littéraire dans laquelle les monologues nous saisissent d’une intensité émotionnelle croissante.
« Œuvre de tant de jours, en un jour effacée! » Applicable à la Côte d`Ivoire, cette complainte dépeint le gâchis auquel nous assistons depuis une décennie avec pour point culminant la crise post-électorale consécutive au second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. Oui, « Œuvre de tant d’années, en un jour effacée!« . Pays d’accueil, la Côte d’Ivoire a constitué, au fil du temps, un havre de paix pour tous ceux qui, fuyant leur pays pour diverses raisons, ont été accueillis par les ivoiriens en frères et sœurs. Ces immigrés, par leur ardeur au travail et grâce aux conditions fraternelles à eux offertes, ont contribué aux côtés des Ivoiriens, à faire de la Côte d’Ivoire ce « pays essentiel de la sous-région ».

Avec 40% du Pib et 57% du marché financier de l’espace Uemoa, la Côte d’Ivoire détient une part importante estimée à 2.000 milliards sur les 5.000 milliards de devises étrangères (euros, yen, dollars) du Compte d’Opérations géré par le Trésor public français. Cela est évidemment source de convoitise. Dans le traitement de cette crise, l’on aura remarqué que ceux qui croient agir pour notre bien aiment certainement la Côte d’Ivoire mais pas les Ivoiriens. Ils ne veulent pas aimer les Ivoiriens mais seulement la Côte d’Ivoire.

Il en est ainsi de M. Alassane Ouattara lui-même, prêt à faire exploser des bombes sur ses « chers compatriotes » via l’Ecomog. Menaçant aussi les travailleurs de « longs mois d’emprisonnement » pour non suivi de son mot d’ordre de désobéissance civile, alors qu’ils n’ont que leur activité pour vivre et faire vivre leurs familles respectives. Comment peut-on aimer un pays et avoir si peu de considération pour ses « compatriotes »?

L’Ambassadeur des USA à Abidjan, qui s’est invité dans la palabre ivoirienne, s’oppose au recomptage des bulletins de vote. On aurait dit le porte-parole du candidat Alassane Ouattara. En quoi, le recomptage des bulletins pour la manifestation de la vérité est-il anti-démocratique ou contraire à la paix au point que l’on s’y oppose? Certes, les USA ont pu figurer parmi les contributeurs pour le financement des élections les plus chères du monde. Mais la presse rapporte que sur environ 260 milliards de coût total, la Côte d’Ivoire a décaissé 240 milliards. La différence serait alors de 20 milliards d’apport de la communauté internationale. Soit moins de la moitié des casses de la Bceao, remboursées par l’Etat à hauteur de 50 milliards, et qui ont certainement servi à financer des campagnes. Cet apport vaut-il l’hypothèque que fait peser sur la vie des Ivoiriens, l’intransigeance des soutiens extérieurs de Alassane Ouattara? Sauf à confirmer la traditionnelle « relation étrange entre le profit et la mort ».

Les Ivoiriens ne sont pas le sous-sol de la Côte d’Ivoire. Ils ne sont pas non plus les réserves de pétrole au large du Golf de Guinée. Encore moins les rebelles qui ont tellement de sang sur les mains qu’ils sont tenus en laisse, se laissant ainsi mener. A ce titre Alassane Ouattara n’est pas un homme libre. Les Ivoiriens n’intéressent donc personne si ce n’est celui qu’ils ont élu.

Le plus indigeste, dans ce dossier, reste que ces soutiens veulent légitimer une proclamation clairement frauduleuse, et partant la tricherie. C’est à croire que les exigences de bonne gouvernance sont à géométrie variable. Ces soutiens donnent l’impression de se battre pour avoir pour interlocuteur, en Côte d’Ivoire, un chef d’Etat particulièrement affaibli afin de mieux le manipuler. Candidat par exception ou par dérogation, Alassane Ouattara ne réussit pas à mobiliser sur le plan interne et son discours se limite à demander à ceux qui ont pris des décisions de les faire appliquer, parlant de la Cedeao dont il attend des chefs d’Etat qu’ils viennent l’installer par la force. Quelle marge de manœuvre aura-t-il face à ces mêmes chefs d’Etat et à ceux de la communauté internationale dans la gestion des intérêts de la Côte d’Ivoire?

Dans tous les pays dont les dirigeants – à ne pas confondre avec les peuples et surtout les intellectuels – soutiennent Alassane Ouattara, les ambassades ivoiriennes sont saccagées. Encore la violence, et toujours la violence.

Quant à l’ONU et ses casques bleus, ils n’en finissent pas de se discréditer sur les bords de la Lagune Ebrié. Toujours en retard d’un coup fourré, elle fait ce que savent les Ivoiriens à l’avance. Depuis des lustres, on la sait à la recherche d`un prétexte pour invoquer la légitime défense. En vain, elle persiste dans la provocation tout en prenant soin de ne rien entendre des attaques à l’arme de guerre qui tuent des dizaines des éléments des forces de défense et de sécurité. Spécialiste de la protection sélective des populations, elle laisse des rebelles assassiner, à quelques mètres de ses positions, des Ivoiriens dans l’indifférence la plus totale.

Divisée par une rébellion qui occupe sa moitié Nord, sous embargo et pris au piège des armées étrangères sur son territoire, la Côte d’Ivoire résiste afin que l’Afrique reste debout. « Non pas à nous, mais à ton nom donne Gloire » prient en cœur les croyants pour implorer la grâce de Dieu dont ils ne doutent guère. Le comte Don Gormas, père de Chimène, a humilié d’un soufflet Don Diègue, père de Rodrigue. Don Diègue, vieil homme, est dans l’impossibilité de se venger en raison de son grand âge. De fait, il transmet dans un vibrant appel à son fils, la dangereuse et cruelle mission de la sauvegarde de son honneur bafoué. Parlant à son fils, Don Diègue introduit sa requête en ces termes: « Rodrigue, as-tu du cœur? ».

Chaque jour, à mon réveil, c’est à cette question de la mère patrie que je me sens interpellé. Comme Rodrigue, ma réponse semble invariable: « tout autre que (mon père) ma mère patrie l’éprouverait sur l’heure », encouragé que je suis de compter sur l’adhésion sincère des frères et sœurs africains, de plus en plus nombreux.

Par Sékou Assegoué Godpeace
fraternelleeburnie@yahoo.fr

Enregistrer