Maca : témoignage de vie

L’image contient peut-être : 1 personne, chapeauBonjour la grande famille, Bon dimanche a vous. Aujourd’hui je voudrais vous raconter la MACA.
En tout cas, je ne vous conseille pas d’y aller. C’est par le pouvoir et l’amour que Dieu a pour moi que j’ai supporté. On y trouve des hommes et des femmes sans compter les enfants mineurs.
Le premier jour, des votre arrivée, on vous fouille complètement. Hommes comme femmes, tous nus et tous vos orifices. Ensuite, on vous loge, tous ceux qui avez été déferrés le même jour, dans une cellule sales de pipi et chiures ou vous dormez à même le sol comme des bêtes, entassés les uns sur les autres.

Lendemain, on vous envoie a l’infirmerie ou vous êtes pesés, immatriculés et avec un carnet. En tout cas, même si les infirmiers arrivent à 11h au travail, ils soignent très très bien avec médicaments et soins gratuits. Certains des anciens prisonniers aident les infirmiers et médecins pour recevoir les malades, la pesée et les diriger vers les infirmiers.
Après l’infirmerie, on vous loge dans des cellules relativement propres et entretenues par les détenus eux-mêmes. Les cellules sont organisées avec un chef de cellule chargé de recevoir et de loger les nouveaux. Il y a aussi un commissaire, un chargé de la sécurité. Ce sont ces trois qui gèrent la cellule. En principe chaque nouveau détenu doit envoyer sa natte ou son matelat, seau et ustensiles de cuisine. Mais les anciens, ont des matelas acquis grâce aux prisonniers sortants, et qu’ils revendent aux nouveaux. Chaque samedi, il faut payer une cotisation pour l’entretien de la cellule. Ce n’est pas obligatoire mais celui qui ne paie pas se voit maltraiter par les anciens. J’ai changé de cellule plusieurs fois parce que les chefs de cellules me jalousaient et me volaient.

Il y a un bâtiment pour les boss de la MACA. C’est le bâtiment des « assimilés ». C’est là-bas que je devais être relogé quand j’ai été libéré par mon bourreau, le juge du troisième cabinet de Yopougon.

C’est a 8h30 qu’on ouvre les bâtiments et que sortent les prisonniers. Et on rentre dans les cellules a partir de 16h. Dans la cour, il y a des fous qui rodent, des gens bizarres et tous ces gens vaquent à leurs occupations sans constituer de danger pour les autres. Je me suis intégré facilement, sans peur ni crainte de qui que ce soit. Je jouais les dangereux. C’est dans les cellules que des prisonniers psychopathes peuvent agresser les autres mais jamais dehors dans la cour. Malheureusement, certains condamnés se retrouvent dans les cellules des prévenus.

Il est servi chaque matin de la bouillie de riz et à 13h d riz à la sauce aubergine ou arachide avec des haricots dedans. Tous les jours, c’est le même repas. De quoi dégouter rapidement. Pour palier à ça, les prisonniers qui le peuvent préparent eux-mêmes leurs repas dans les cellules. Les parents et épouses soutiennent beaucoup de prisonniers pour leur permettre de manger bien. les autres sont obligés de manger le  » gbinzin » . C’est ainsi qu’on appelle le repas servi en prison. Les prisonniers ne fréquentent les prisonnières que les dimanche ou vendredi, à l’occasion des prières. Les gardes sont bons et j’ai beaucoup apprécié les gardes-femmes dont madame Essy, Maho, Marie et les autres. Un grand remerciement au commandant Kouassi, patron de la compagnie pénitencière et les gardes du greffes de la MACA, dont le sergent Touré qui acheminait personnellement tous mes courriers. Je lui doit un vin. Je me suis fais beaucoup d’amis que je n’ai pas envie de revoir, des fous, escrocs, meurtriers, voleurs, violeurs….. je passerai un jour leur faire des offrandes, pas plus. MERCI.
Kipre Zelega