Les révélations du com’zone Jah Gao sur le coup d’état de 1999

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes, lunettes_soleilExtrait du livre « Côte d’Ivoire : Coup d’Etat de 1999, la vérité, enfin »
du journaliste Joachim Beugré aux éditions du CERAP, préface de Maurice Bandama

Journaliste: Des chefs de guerre de la commune d’ABOBO ne veulent plus de vous, ils estiment que vous êtes arrivé après les combats. Par conséquent, vous n’êtes pas le mieux indiqué pour commander la zone d’Abobo. Que leur répondez vous ?
Jah Gao: – Ces gens rêvent debout. Je crois que c’est maintenant qu’ils sont entrés dans le mouvement. Le combat a commencé depuis 1999. Je suis l’initiateur de tout ce qui s’est passé depuis 1999. Avant 1999, j’étais commando parachutiste à la FIRPAC. J’avais constaté que l’armée n’était plus républicaine, elle était au service d’un seul individu. C’est ainsi que j’ai approché la Grenade (NDLR: Diomandé Souleymane) qui était dans le même corps que moi, en vue de planifier un coup d’état.

Pouvez vous nous expliquer comment ce coup d’état de 1999 a été préparé ?
Jah Gao: – j’ai nourri l’idée de faire un Coup d’État en vue de libérer tous les prisonniers militaires et politiques. J’ai contacté Diomandé Souleymane dit la « Grenade », Oumar Diarrassouba dit «Zagazaga», Touré Issa, Touré Inza, Touré Jean-Marie, Abouramane Ouattara, Kéita Moussa, Ben Laden et autres. Qui ont donné leur accord. C’est chez moi, à Adjamé-Bracodi, qu’on tenait toutes nos réunions. Après, la Grenade et moi sommes allés en mission en Centrafrique. Donc le projet a été bloqué un moment. Quand nous sommes revenus, nous avons repris les activités et, cette fois, nous avons prétexté le non paiement de notre pécule de mission en Centrafrique pour faire le coup d’état. A une semaine du coup, j’ai demandé à ce qu’on contacte Boka Yapi puisque que je connaissais son problème. Quand nous sommes rentrés de la Centrafrique nous avons eu un mois de permission et Boka a fait plus de trois (03) mois. Il a donc été radié et son salaire a été suspendu. Il n’avait plus d’argent pour survivre.

Ensuite ?
– Le jour du coup, aux environs de 9 heures, je suis allé voir le magasinier d’arme qui était de permanence au camp de FIRPAC, Monsieur AÏDARA MAMADOU, pour lui soumettre le projet. Il a donné son accord et il m’a dit qu’à notre arrivée, il serait couché devant le magasin d’arme avec la clé. Ensuite, je suis allé à la poudrière d’AKOUEDO pour contacter le chef de poste qui devrait prendre service à partir de 16 heures ce jour là, YEO TERENA qui a lui aussi donné son accord.

Que visiez vous par ce coup de force contre le pouvoir en place ?
– On ne voulait pas renverser le Président BEDIE pour prendre sa place nous-mêmes. C’était pour faire une transition en vue d’organiser des élections ouvertes à tous. Le Général GUEI Robert a accepté de nous représenter et organiser les élections si on arrivait à faire le coup.

Comment le choix de Guéi Robert s’est-il fait ?
– C’est la Grenade qui l’a proposé puisqu’il était beaucoup aimé par les militaires. Nous sommes allés le voir chez lui à la maison à Abidjan. On lui a dit de sortir d’Abidjan à trois (03) jours du coup et quand on aura fini, on irait le chercher là ou il se trouve. Il a accepté nos propositions et il nous a même prodigué des conseils.

Comment l’opération s’est elle organisée pratiquement ?
– Le jour J, c’est-à-dire le 24 décembre 1999, vers 23 heures 30 minutes, nous nous sommes réunis chez moi à Adjamé-Bracodi. Boka Yapi, Touré Issa, La Grenade et moi nous avons embarqué dans un taxi pour aller sur le terrain. Arrivés aux abords du camp, les autres sont restés et moi je suis entré voir Aïdara. A mon entrée dans le camp, j’ai vu Coulibaly Ibrahim dit « IB » qui était habillé en tenue noire des sapeurs pompiers. Pendant l’opération, Ouattara Yacouba a dit, à un moment: « les gars y a drap ! » (La situation est grave, NDLR) tous nos éléments qui étaient dans la brousse ont fui. Seul Boka Yapi, la Grenade, Zagazaga et moi sommes restés. Nous sommes allés vers AÏDARA pour prendre les armes. (Aïdara le magasinier d’arme qui nous a joint prend la parole pour témoigner) « Je suis le Sergent Aïdara Mamadou du 1er BCP. Effectivement, c’est Jah Gao qui m’avait contacté pour ce coup. Il était venu me suggérer le projet du coup d’état auquel j’ai adhéré. Il était le seul à venir me convaincre pour ouvrir le magasin des armes. Les autres se cachaient. A 1 heures 45 minutes du coup, j’étais couché devant le magasin avec la clé dans ma poche. Du coup, j’ai vu une arme pointée sur mon front et il m’a dit: « La classe » (NDLR même promotion je suis là !) j’ai ouvert le magasin et on a transporté toutes les armes du camp.

Quelle a été donc la suite de l’opération ?
(Jah Gao reprend la parole). – Quand on commencé à ramasser les armes, j’ai appelé Yéo Téréna pour lui dire qu’on arrivait à la poudrière d’Akouédo avec l’armement. A son tour, il a informé tous nos gars qui étaient en position là-bas, comme prévu. On a pu transporter toutes les armes lourdes et les Kalaches, avec la complicité du chauffeur de permanence, Kossonou Adingra. Puisse que je savais aussi où toutes les clés des véhicules se trouvaient. On a pas eu de problème pour démarrer les véhicules. Une fois à la poudrière, il était question maintenant d’aller prendre Tauthui Marius, le com-théâtre. Nous avons fait l’opération sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit dans le camp (il se met à rire.) On a placé Zagazaga à l’entrée de la poudrière pour la surveillance. Ce jour là, c’était l’Adjudant Tchimou Séka qui était l’officier de permanence. Dans sa ronde, il se dirigeait vers la poudrière et à 200 mètres, Zagazaga a crié: «c’est qui ? Demi-tour ! » Quand il a commencé à avancer, il a commencé à rafaler c’est à ce moment là que les gens ont su qu’il y avait quelque chose qui se passait. A 6 heures du matin, le Général M’Baye est venu au camp pour demander à ce que ses éléments nous délogent.

Et comment la mutinerie a pris de l’ampleur dans la ville ?
– Quand les soldats ont appris que c’était leurs gars de la FIRPAC qui avaient pris la poudrière, ils ont commencé à quitter les rangs pour nous rejoindre. Ils sont venus se servir en armes et à bord de taxis et de véhicule militaire la mutinerie a pris de l’ampleur dans la ville. Tous les militaires des autres camps sont rentrés dans la danse. C’est vers 10 heures que IB est venu nous rejoindre.

Comment avez-vous organisé la rencontre avec le Président Bédié?
– D’abord le Président Bédié avait envoyé le Colonel Zahuira pour négocier avec nous. Et nous l’avons empêché de s’en retourner. Nous avons donc désigné  IB pour aller lui dire que son régime est renversé et qu’il n’est plus Président de la République de Côte d’Ivoire. Après ça, nous avons envoyé des éléments chercher Guéi Robert qui était déjà aux portes d’Abidjan. Nous l’avons pris tremblant sur lui, il s’est habillé en tenue militaire et l’avons conduit à la télévision pour faire la déclaration. Si vous regardez très bien les images de la première déclaration de Guéi Robert à la télé, vous verrez que je suis arrêté juste derrière lui.

Quand IB est allé rencontré le Président Bédié, quelle a été sa réaction ?
– Il est entré dans une grande colère, il a dit à IB qu’il a l’impression qu’il n’est pas venu discuter mais pour le faire tourner en rond. Il a dit qu’il est capable de faire venir des avions de la base aérienne de Bouaké pour nous mâter.

Vous disiez être le cerveau du coup d’état mais pourquoi n’apparaissiez vous trop aux cotés de Guéi Robert comme Boka Yapi le faisait ?
– Après notre coup, j’avais constaté qu’il y avait des dérapages de la part de nos gars et donc je me suis écarté avec la Grenade. Boka Yapi avait crée la brigade rouge et Touré Issa dirigeait la Kamora. Quand j’ai vu qu’il commettait des exactions sur des populations civiles, je me suis retiré, parce que notre objectif c’était de faire une transition militaire en vue d’organiser les élections ouvertes à tous.

Pouvez vous nous dire un mot sur “le coup du cheval blanc” et sur les “zinzins et les baéfoués” ?
– Le jour de la fête de la Tabaski, nous sommes allés saluer le Président Guéi chez lui à la maison et c’est ce jour là qu’il nous informé qu’il veut être candidat aux élections. Il a demandé notre avis, mais la Grenade et moi nous lui avons dit qu’on n’était pas d’accord; seul Boka Yapi a donné son accord. Trois (03) jours après cette rencontre du jour de la Tabaski, le Président Guéi Robert a demandé à Boka de faire un recrutement pour constituer un commando. C’étaient les zinzins et les baéfoués. Je dis à la Grenade que ce commando de Boka se constituait pour venir contre nous. C’est ainsi que nous avons quitté le pays pour aller nous réfugier ailleurs. La preuve, il y a eu certains de nos gars qui ont été tués. En ce qui concerne le coup du cheval blanc, c’était les hommes de Guéi qui n’étaient pas contents de lui qui ont fait le coup.

Qu’est ce qui vous a poussé à vous impliquer dans la rébellion de 19 septembre 2002?
– Quand Gbagbo est venu au pouvoir, on pensait qu’il allait appeler tous les exilés militaires pour revenir dans l’armée. Cela n’a pas été le cas. C’est dans ce cadre que nous sommes organisés pour venir contre lui, le 19 septembre 2002. Avant ce jour, on avait déjà fait un mois à Abidjan. Quand Gbagbo disait qu’on voit le dos des nageurs, c’est de nous qu’il parlait. J’ai voulu révéler toutes ces choses pour dire à tous ceux qui disent avoir combattu pour la libération de la Côte d’Ivoire que le mouvement a commencé depuis 1999 et donc qu’ils cessent de parler de choses qu’ils ignorent

Une pensée sur “Les révélations du com’zone Jah Gao sur le coup d’état de 1999

  • 18/03/2019 à 14:41
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    C’est pour ne pas avoir réintégré les militaires déserteurs que le régime du président Gbagbo a été attaqué en Septembre 2002 et harcelé huit ans durant, jusqu’à ce qu’il soit chassé du pouvoir par dramane ouattara et la France de Sarkozy en 2011?
    Ces gens croient certainement que nous sommes aussi idiots qu’il le sont, eux. Et que dire donc des arguments de leur chef, Guillaume Soro, qui justifiait cette même rébellion par des contrôles de cartes d’identité, d’intercdiction de port de port de boubou et de xénophobie dont ils aurait été victime avec ses parents du nord.
    Ce livre est un ramassis de mensonges et une plateforme offerte à ces rebelles qui ont attaqué la Côte d’Ivoire pour continuer à se moquer du peuple.

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