Les Raisons de la Lettre de Rawlings à Afuko

Nana Akufo-Addo sera à partir du 07 Janvier le 5è président de la 4è République du Ghana, et le 11è depuis l’indépendance de ce pays. Mais cet homme n’inspire pas confiance. Nana Akufo-Addo, ce condensé de Adama Barrow de la Gambie et de Alassane Ouattara, représenterait un danger. Un vrai. Pour le Ghana et l’Afrique.

La lettre de de John Jerry Rawlings à Akufo Addo n’est donc pas une adresse qui entre dans le cadre de la civilité politique quand elle existe. Ni l’expression de la maturité politique des Ghanéens. Elle est un parapet pour protéger les Ghanéens d’un dangereux politique.

Essence Historique

Historiquement, le Nouveau parti patriotique–NPP–est la réincarnation du Progress Party–PP–dont le fondateur Kofi Abrefa Busia, a servi le Conseil National de Libération–CNL–. La junte militaire dirigée par le Général Joseph Ankrah, auteur du putsch qui avait renversé le panafricaniste Kwame Nkrumah en 1966. Au sein de ce régime qui allait retarder l’émancipation du Ghana et de l’Afrique, Busia avait été nommé président du Comité consultatif national du CNL. Puis, président du Centre d’éducation civique. Il avait aussi été membre du Comité de révision constitutionnelle. Sur l’autre escalier des tueurs du panafricanisme, il y a eu Edward Akufo-Addo père de Nana Akufo-Addo. Il fut du 31 Août 1970 au 13 Janvier 1972 le premier président de la 2è République après Kwame N’Krumah.

Discours Putschiste Ressuscité

En campagne, Akufo-Addo a élaboré son discours sur l’héritage obsolète de Busia. Il a de ce fait ressuscité la pensée idéologique du PP, ancêtre du NPP, historiquement nourri à la sève putschiste. “Nous avons l`impression s’était-il confié à l’AFP, que [les] forces de sécurité ne sont pas neutres politiquement…Qu’elles agissent en soutien du parti au pouvoir,le NDC–Congrès National Démocratique–. Construisant son ascension au pouvoir sur les cendres philosophiques de ce parti-ancêtre, il a organisé un pan de sa propagande électorale sur la susceptibilité du langage de peur. Une stratégie pour conditionner les Ghanéens à se dresser les uns contre les autres. “On ressent un certain désespoir dans la façon dont la paix et la sécurité sont gérées dans notre pays,” confie-t-il à l’agence Française. Empruntant à l’argumentaire de ceux qui veulent le pouvoir à tout prix, il argua que le parti présidentiel pourrait confisquer le pouvoir après sa défaite.

Céder le Ghana au Plus Offrant

Une invitation subtile adressée à la communauté internationale(?) pour l’impliquer dans le jeu électoral Ghanéen. Tortue à double carapace, il tire sur la fibre qui va fait “tilt”—La haine que vouent ses amis du capitalisme déstructurant à Gbagbo. Il établit alors un parallèle entre cet homme d’Etat qui, bien qu’en prison fait vendre les media et les partis politiques amis et ‘ennemis,’ et le pouvoir sortant Ghanéen—en se référant aux élections Ivoiriennes de 2010. Il fait ce petit détour en flattant l’ego ses maîtres. Une demande non-dit de cooptation en échange de la mise aux enchères du Ghana.

Pré-Escroquerie Electorale

Pour cela, il a au moins deux maîtres. Alassane Ouattara et Jean Ping. Ayant appris auprès de ces esclaves de maison, il s’est adonné à la manipulation virtuelle des résultats en s’auto-annonçant victorieux avant la fin du décompte de la Commission électorale. Démarche hasardeuse qui a souvent mis le feu aux pays Africains sur instigation de leurs initiateurs. Ouattara pour la Côte d’Ivoire, et Ping en ce qui concerne le Gabon. Répondant à cette provocation, John Dramani Mahama s’était fait adepte du Gbagboïsme, exigeant au camp adverse l’auto-abstention afin de “laisser la Commission électorale aller au bout de sa mission.”

Alliance Politique Dangereuse

Ces signaux ne trompent pas. Ils définissent la politique globale des partis Africains libéraux comme le RDR de Ouattara, membre de l’Internationale Libérale comme les Libéraux-démocrates au Royaume-Uni, le Parti libéral du Canada; ou ceux se réclamant du centre droit comme le NPP appartenant à l’Union Démocrate Internationale comme Les Républicains en France, ou le Conservative and Unionist Party au Royaume-Uni, ou encore le Republican Party aux Etats Unis. Tous ces indices inspirent la lettre de Rawlings.

Malhonnêteté Intellectuelle d’Akufo

En plus, il y a une difficile compréhension des textes de loi par Akufo. Voire une interprétation intellectuellement malhonnête. Le cas de la Côte d’Ivoire est criard. Il s’exerça par rapport à ce pays à une masturbation intellectuelle qui a fait le tour des media. “L’attitude de Laurent Gbagbo n’est pas acceptable. La certification par l’Onu a été incluse dans les accords de Ouagadougou. Au premier tour, avait déclaré Akufo-Addo, le candidat du PDCI, Henri Konan Bédié a dénoncé des irrégularités. Malgré cela, le premier a été certifié et le président Bédié a accepté sa position de troisième. Alors, pourquoi au second tour, Laurent Gbagbo refuse la certification et utilise la force pour se maintenir au pouvoir?”

Le fait que Akufo est incapable de distinguer le rôle d’un certificateur de celui dévolu à la Commission électoral, et la fonction suprême de la Cour Constitutionnelle, ont sûrement aiguisé le bon sens de Rawlings.

Enseigné par les Cas Barrow et Ouattara

Mieux, il s’est instruit du cas Gambien avec Adama Barrow. Surtout de l’expérience Ivoirienne. Voyant comment l’incapable économiste Ouattara a abandonné la Côte d’Ivoire aux mains de la France, du Maroc, de AFRICOM, du FMI, de la Banque Mondiale, des Nations Unies, et prenant la mesure du traitement infligé au camp qui a “perdu la guerre et non les élections,” comme le dit si bien Gregory Protche dans son livre sur la Côte d’Ivoire, et de la chasse extraterritoriale aux exilés, Rawlings a préféré interpeler Akufo-Addo dans une lettre.

Missive Anti-Terroriste

L’extrait qui a désarticulé les plans de Akufo tient en deux phrases. Le dernier paragraphe avant ses vœux à cette terreur du NPP. “I commend you for committing to be a leader for all Ghanaians… The onus is on you to pursue a leadership that unifies the people so members of the losing side have no reason to feel insecure(Je vous recommande de vous engager à être un leader pour tous les Ghanéens… Il vous incombe de mettre sur pied un leadership qui unifie les gens afin que les membres de la partie perdante n’aient aucune raison de se sentir en insécurité).”

Yahya Jammeh Ghanéen

Pris à revers(?), Akufo ne pouvait que clamer le “soutien sans allégeance de chaque Ghanéen” pour réussir sa mission. Pourvu qu’il en soit ainsi. Si non, un Yahya Jammeh Ghanéen anti-impérialiste pourrait surgir de l’ombre.

Feumba Samen