Le sort des exilés au Ghana

DÉCLARATION DE LA COORDINATION PPA-CI EN EXIL,
RELATIVE AUX PROPOSITIONS DU HCR SUR LE RETOUR DES EXILÉS

Le HCR (Haut commissariat des réfugiés) et le GRB (Ghana Refugee Board) ont entrepris du 28 janvier au 03 février 2022 une campagne d’informations et de sensibilisation à Accra et dans les différents camps de réfugiés pour leur annoncer la cessation du statut de réfugié à la date du 30 juin 2022 et leur présenter au même moment trois options:
1-Le rapatriement volontaire au pays
2-Rester au Ghana en tant qu’étranger avec titre de séjour sans la réintégration dans le tissus social.
3-La procédure d’exemption pour garder le statut de réfugié

A la lumière des explications du HCR et du GRB, on peut résumer leur exposé en ceci: Si vous voulez rester au Ghana c’est à vos dépens, on pourra rien faire pour vous en terme de réinsertion sociale comme il avait été promis mais vous aurez droit à la carte de résidence. Si vous introduisez aussi une demande d’exemption à l’effet de garder le statut de réfugié, il est quasiment impossible que votre requête puisse aboutir.

Comme on le voit, les deux dernières options sont inopérantes.
Le HCR et le GRB ne laissent pas à vrai dire de choix aux réfugiés que de rentrer chez eux. Ils se gardent de ne pas le dire ouvertement en usant de subterfuges.
À Accra comme dans les trois camps de réfugiés, ce message a été bien décodé par les exilés qui ont dénoncé un complot savamment planifié par Alassane Ouattara et la communauté internationale en vue de ramener aux forceps les réfugiés dans leur pays et faire croire ainsi que la paix et la démocratie fonctionnent bien en Côte d’Ivoire pendant que de nombreuses personnes croupissent toujours en prison depuis 11 ans et que le dialogue politique n’a toujours pas abouti.

La coordination PPA-CI en exil s’insurge contre cet acharnement injustifié a l’égard des réfugiés ivoiriens à qui d’ailleurs les vivres ont été coupés depuis le mois de septembre 2015 et qui sont livrés à eux mêmes pour survivre sans assistance du HCR.
La coordination rappelle que la convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés prescrit que le réfugié a droit à la protection et ne peut être contraint à rentrer chez lui contre sa volonté si des menaces existent sur sa sécurité et sur sa vie.

Par ailleurs, du 14 au 21 novembre 2021 le HCR a conduit une importante mission dénommée  »GO and SEE’ avec les présidents des camps de réfugiés en Côte d’Ivoire pour évaluer la situation socio- politique et venir rendre compte à tous les exilés afin de voir si les conditions du retour étaient réunies.Pendant que les réfugiés attendaient la restitution (le  »COME and TELL’’) de cette mission pour apprécier sainement la situation, c’est à la surprise générale que le HCR et le GRB ont invité en urgence les réfugiés à une séance d’informations et de sensibilisation sur le retour.

Pourquoi les conclusions de la mission  »GO and SEE » n’ont pas été restituées et puis on sert aux réfugiés un retour déguisé ? Pourquoi le HCR et le GRB n’ont ils pas attendu les conclusions du dialogue en cours en Côte d’Ivoire où les problèmes des réfugiés ont été posés par le PPA-CI pour avoir une lisibilité avant d’entreprendre cette campagne aux pas de course sur le retour? Pourquoi tant d’empressement? Que cachent de telles manœuvres ?

Au regard de cette démarche ambiguë:
1-La coordination dénonce un complot contre les réfugiés ivoiriens contraire à la convention de Genève de 1951 et contraire à la situation d’autres exilés dans le monde qui ont jouit et qui continuent de jouir du statut de réfugiés et de la protection pendant plus de 20 ans ( les réfugiés libériens, soudanais, les réfugiés de sabra et chatila…) sans être inquiétés.Les réfugiés ivoiriens aiment leur pays et veulent bien y retourner mais ils souhaitent que les conditions soient réunies et que le HCR respecte leurs droits.
2- La coordination demande le report de la fin du statut des réfugiés à une date ultérieure. Elle demande également le report des dates des auditions prévues du 14 au 19 février 2022 dans les camps et du 21 au 25 février 2022 à Accra pour une meilleure préparation psychologique avant de décider de quoi que ce soit.La coordination estime à juste titre qu’il faut au moins 3 à 4 mois entre la phase d’information et la phase des  »choix » à opérer.
3-La coordination rappelle au HCR et au GRB que les problèmes des élèves et étudiants réfugiés, l’augmentation du kit du retour et bien d’autres problèmes des exilés posés par la coordination pour impacter le retour n’ont jamais été résolus. Seul le rapatriement semble être leur priorité.pour se débarrasser des réfugiés ivoiriens.
4-La coordination appelle en urgence à un dialogue franc entre le HCR le GRB et les réfugiés ivoiriens pour discuter en profondeur de toutes ces questions afin de mieux préparer ensemble le processus du retour.A cet effet, la coordination a tenté de rencontrer en vain cette semaine le Ghana Refugee Board pour discuter de ces questions avant le lundi 14 février 2022 date du début des auditions afin de parvenir à un consensus. Mais tout indique que l’on veut nous mettre devant le fait accompli avant de nous recevoir et discuter.
5- La coordination se réserve le droit de saisir dans les prochains jours les autorités ghanéennes qui nous ont bien accueilli sur leur sol et les organisations des droits de l’homme sur le traitement injuste du HCR vis à vis des réfugiés ivoiriens.

FAIT À ACCRA LE 11 FÉVRIER 2022,
LA COORDINATION PPA-CI EN EXIL,
LE PRÉSIDENT IDRISS OUATTARA