« La Poste, plus grande péripatéticienne de France? »

Veiller sur mes parents

 L’édito de Charles SANNAT

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Vous savez que l’on ne parle plus de prostitution, ou encore de péripatéticienne quand on veut élever son niveau de langage, ni même de pute si l’on veut être vulgaire. Non, mes amis, le politiquement correct lénifiant est passé par là, et les « techniciens » de surfaces, côtoient désormais les « travailleurs du sexe » qui fournissent de façon professionnelle de « l’amour tarifé ».

Eh oui, le politiquement correct est en réalité une arme déguisée, mais une arme tout de même et redoutable au service du totalitarisme marchand qui n’est pas le capitalisme mais une déviation malsaine du capitalisme. Mais ce n’est pas le débat d’aujourd’hui.

Amour tarifé… quel bel oxymore…

J’aime me hâter doucement est assez semblable à l’idée d’amour tarifé. C’est un oxymore, qui est en bon français une figure de style visant à rapprocher deux termes (un nom et un adjectif) que leur sens devrait éloigner, dans une formule en apparence contradictoire, comme « une obscure clarté » etc. !

Pourquoi vous parler d’amour tarifé ?

Parce que par définition l’amour est gratuit.
Parce que l’amour est un don.
Parce que l’amour est sans attente de contrepartie.
Parce que l’on aime entièrement, totalement et forcément avec désintérêt.

Alors bien évidemment, on le sait tous, si les cartes bancaires peuvent tout acheter dans le champ du matériel, elles ne peuvent évidemment pas acheter l’amour.
Acheter l’amour est une aberration, de même qu’acheter le lien social !!

Or, dans nos sociétés perdant tous repères et bon sens, au moment où le gouvernement s’apprête à couper dans nos budgets, dans notre protection sociale ou encore dans nos dépenses de solidarités, on voit que tout devient marchand.
Nous assistons à la marchandisation totale de la société, ce qui s’accompagne également d’une augmentation majeure du malheur des gens et d’une grande perte de sens généralisée.

 

La Poste, numéro 1 de la vente du lien social à partir de 19,99 €/mois !

« Bien vieillir, aujourd’hui, c’est avant tout conserver son autonomie, son logement et les habitudes de sa vie quotidienne le plus longtemps possible. Grâce à son entreprise «Veiller sur mes parents», le groupe La Poste facilite le maintien à domicile des personnes âgées, en leur apportant des services pratiques et rassurants pour eux comme pour leurs proches.

Favoriser le maintien à domicile

Favoriser le maintien à domicile le plus longtemps possible

Pour aider et rassurer les proches d’un parent vieillissant et rendre le bien-vieillir à domicile à la portée de tous, le service «Veiller sur mes parents», grâce à des visites régulières du facteur, vise à éviter l’isolement et contribuer ainsi à la vie sociale des personnes âgées.

Les services proposés par «Veiller sur mes parents» vous permettent de vous assurer du bien-être et de la sécurité domestique de vos proches au moment où ils en ont le plus besoin et d’éviter ainsi de les orienter trop vite vers une structure spécialisée (maison de retraite) en cas de perte d’autonomie. »

Voilà le début du texte du site « veiller-sur-mes-parents » lancé par la Poste qui cherche des « relais de croissance ».

N’imaginez pas que je vienne critiquer la Poste. La Poste est une entreprise qui détecte des opportunités, propose un service marchand et poursuit sa logique d’entreprise donc de rentabilité et de gains.

La critique concerne la société dans son ensemble, son fonctionnement et nos erreurs collectives qui sont des erreurs volontaires.

Pour favoriser le capitalisme et notre système d’hyper consommation, il est nécessaire au système totalitaire marchand d’éradiquer tout ce qui est de l’ordre du gratuit, de l’échange, du don, car c’est autant de marchés en moins, qui échappent au système, c’est aussi autant de contre-pouvoirs à ce système totalitaire.

Il faut donc éradiquer les États, mais il faut aussi supprimer certaines idées comme l’amour ou le don, il faut aussi éradiquer certains concepts comme la famille.

La famille est le premier contre -pouvoir à toutes les misères ou tous les abus, car c’est le lieu (imaginaire) des solidarités et des liens les plus forts qui soient au monde.

Les solidarités familiales peuvent protéger de beaucoup de choses et depuis la nuit des temps, c’est la famille qui est la première et la plus grande source de solidarité et de protection sociale.

Pourquoi ?

Parce que l’amour qu’elle véhicule est gratuit, sans limite et sans contrepartie.

Cette offre de la Poste, montre et démontre ce que nous devenons collectivement. Des sociétés vides de sens ou des millions de petits hamsters pédalent sans fin dans des roues sans direction pour rien si ce n’est pour faire tourner la roue de la consommation et de la production et donc des profits.

Nous ne sommes plus capables de nous aimer tout simplement. Nous tarifons tout. C’est évidemment la négation de notre humanité et c’est ce qui explique bien de nos difficultés.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT, insolentiae.com