La Côte d’Ivoire, la France, la Syrie et la journée internationale des droits de l’homme

La ville d’Alep, en Syrie, aura indiscutablement marqué l’actualité de ce mois de décembre 2016 en France. Quand celle-ci parle d’Alep disant qu’elle est « un drame qui nous endeuille tous » au point de mériter l’extinction des illuminations de la Tour Eiffel, cette image hypocrite cache mal ce qu’elle a fait en Côte d’Ivoire. La preuve ? Le discours du Premier ministre Jean-Marc Ayrault prononcée le 10 décembre 2016, lors de la journée internationale des droits de l’homme, lui a été de toute évidence inspiré par ce que la politique française a causé en Côte d’Ivoire. Pour s’en rendre compte, il suffit de changer les temps des verbes qu’il a employés – en passant du présent au passé – pour retrouver la peinture exacte de la barbarie que la politique étrangère de la France a permis dans ce pays. Le premier ministre français aurait peur qu’Alep devienne comme la Côte d’Ivoire ! On ne parle mieux que de ce que l’on sait.

Les droits de l'homme en Côte d'Ivoire, la France et les droits de l'homme en Côte d'Ivoire
Le texte original
« La communauté internationale se doit de faire preuve de vigilance et d’exigence à l’égard du régime et de ses soutiens. Que deviennent les gens qu’on force à quitter leurs villes détruites ? Où mènent ces regroupements dans des camps et quel en est l’objectif ? Quand s’arrêtera cette politique qui s’apparente à un nettoyage confessionnel où on écarte les habitants pour en implanter d’autres au risque d’alimenter encore davantage les tensions ultérieures ? Quels réfugiés ou déplacés voudront revenir sans assurance que ce soit au péril de leur propre vie. Quelle paix, si c’est la paix des cimetières ! » (Ecoutez Jean-Marc Ayrault sur France Culture – Infos du samedi 10 décembre à 18 h).
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Le même texte avec quelques temps modifiés
« La communauté internationale aurait dû faire preuve de vigilance et d’exigence à l’égard du régime et de ses soutiens. Que sont devenus les gens qu’on a forcés à quitter leurs villages détruits ? Où ont mené ces regroupements dans des camps, et quel en était l’objectif ? Quand s’arrêtera cette politique qui s’apparente à un nettoyage confessionnel où on écarte [dans l’ouest] les habitants pour en implanter d’autres au risque d’alimenter encore davantage les tensions ultérieures ? Quels réfugiés ou déplacés voudront revenir sans assurance que ce soit au péril de leur propre vie. Quelle paix, si c’est la paix des cimetières ! »
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Troublant non ? Les arrestations violentes, la concentration des populations jugés indésirables ou dangereuses par le parti au pouvoir finissent toujours par aboutir à des traitements inhumains conduisant à la mort sous des formes diverses. Les jeunes ivoiriens détenus dans des camps de concentrations en 2011 sont méconnaissables en 2016 parce que privés de nourriture suffisante et de soins. Parfois, on les libère suffisamment tôt pour qu’ils meurent dans les bras des leurs. Mais tous n’ont pas cette chance ; si on peut encore parler de chance quand on doit mourir.
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La France n’a ni armée ni ressortissants à Alep mais ne cesse de parler quotidiennement de cette ville syrienne. Plus le drame est loin de nous et plus il est facile d’exprimer avec beaucoup d’emphase les grands sentiments. La France entretient une armée en Côte d’ivoire où vivent des milliers de Français. Mais la France est incapable de dire un mot honnête sur les centaines de prisonniers politiques dans ce pays où elle semble couvrir volontairement le non respect des droits de l’homme pour ne pas gêner ses intérêts personnels que gère son préfet nègre.

Raphaël ADJOBI, leblogpolitiquederaphael