Hopitaux en danger…

Lettre de l’équipe de neurologie de Bicêtre rédigée ce jour

– Chers confrères, chers amis,Nous vous envoyons ce mail pour vous informer de la situation extrêmement préoccupante que connait le service de Neurologie du CHU Bicêtre. En quelques mois, nous avons progressivement fermé de très nombreux lits par manque d’infirmier(e)s qui quittent le service malgré leur dévouement et leur professionnalisme, devant la dégradation de leurs conditions de travail. Nous avons ainsi assisté à la fermeture successive de notre principale salle d’hospitalisation complète, de l’Hôpital de Semaine et plus récemment de la moitié de nos Soins Intensifs Neurovasculaires : au total 34 lits fermés sur 49.

Désormais, une fermeture totale semble même inévitable si un soignant supplémentaire venait à manquer dans les jours à venir suite à un arrêt de travail ou à un départ.Nous étions pourtant jusqu’alors un « excellent élève » : Centre de Référence coordinateur des Neuropathies en France depuis 2005, la première Unité de Soins Intensifs Neurovasculaires de Paris-Ile de France (1300 AVC pris en charge par an avec 80% d’entrées directes via le SAMU et les pompiers), un CHU dont la formation est renommée et très appréciée des internes et des externes.La fermeture de 70 % de nos lits a déjà aujourd’hui un impact majeur sur l’accès aux soins des patients, avec de grandes difficultés pour maintenir les soins urgents des patients cérébrolésés pourtant l’un des moteurs de notre CHU (service de Neuroradiologie Diagnostique et Neuroradiologie Interventionnelle, Permanence des soins H24 7/7 des urgences neurovasculaires) et autres patients touchés par des pathologies neurologiques sévères (neuropathies, Guillain Barré,sclérose en plaques, etc.). Les exemples de pertes de chance se multiplient depuis quelques semaines et ne cessent de s’amplifier.La fermeture de notre service, que l’on n’ose imaginer, aurait des conséquences dramatiques et immédiates de Santé Publique pour notre bassin de population (1 200 000 habitants). Comment les malades neurologiques de notre bassin de vie vont-ils pouvoir être soignés en situation dégradée dans d’autres services de Bicêtre déjà en grande difficulté (SAU, Réanimations, Salle de réveil) ou dans d’autres hôpitaux sans neurologue et déjà saturés ?

Devant la gravité de cette situation pour les soignants et les malades, la Direction de notre hôpital ne nous propose aucune solution, refuse toutes nos propositions pour aider nos soignants, ne faisant preuve que de déni et d’un manque total d’empathie.Il est de notre devoir citoyen d’alerter nos confrères, nos instances et le Grand Public de cette situation pour trouver rapidement une solution. Les Directions doivent agir urgemment pour nous aider à la réouverture du service et sa pérennisation.Un double de ce courrier, rédigé et signé par l’ensemble du personnel de notre service, va être envoyé notamment à Monsieur Martin Hirsch Directeur de l’APHP et au Docteur Olivier Véran Ministre des Solidarités et de la Santé, et rendu prochainement public auprès des médias et de la presse.

Gardons espoir en la mission de l’Hôpital Public et battons-nous pour sa survie.
Amitiés confraternelles,
L’équipe médicale de neurologie :Pr David Adams (PUPH),Dr Guillemette Beaudonnet (PH),Dr Diane Beauvais (CCA),Dr Louise Bicart-Sée (CCA),Dr Cécile Cauquil (PH),Dr Olivier Chassin (PH),Pr Christian Denier (PUPH),Dr Dalia Dimitri (PH),Pr Andoni Echaniz-Laguna (PUPH),Dr Céline Labeyrie (PH),Dr Nicolas Legris (PH),Dr Adeline Not (PH),Dr Claire Peillet (PHC),Dr Eve Sallèles (CCA),Dr Mariana Sarov-Rivière (PH),Dr Laura Venditti (PH