Gbagbo sème la désillusion dans le camp ennemi

Ces dernières années, tout se passe dans les milieux ‘antiGbagbo’ comme si on avait une armée de fourmis magnans à l’offensive. Une armée désorganisée ou défaite qui s’apprêterait à déplacer son nid et migrer en de longues colonnes serrées à défaut de reprendre le contrôle du territoire perdu. Cette image renvoie aux ‘antiGbagbo’ qui semblent a posteriori faire une analyse intelligente de l’engagement de Gbagbo qui se battait pour restaurer la souveraineté de l’Etat de Côte d’Ivoire. Déjouant les plans néocoloniaux, Infligeant ‘camouflet’ aux rebelles et à tous ceux qui rêvaient priver son pays de son indépendance.

Vaines prédictions

Perdant sur le plan militaire le 11 Avril 2011, le temps a rattrapé ceux qui avaient prédit sans craindre ni Dieu, ni le ridicule la perte de Gbagbo d’une part, et l’‘émergence’—empruntons leur mot fétiche—d’autre part de la Côte d’Ivoire sous la houlette de Ouattara. L’un et l’autre point devraient être atteints avec la déportation de Woody. C’est ce que croyaient les Ivoiriens du bord colonial. Comme leur maitre, l’éloignement de Gbagbo devait permettre à Ouattara de gouverner sans guerre, ni grève, et sans mutinerie.

Mieux, la réconciliation nationale selon eux, devait se faire sans anicroche avec l’isolement de Gbagbo de sa terre natale et son bannissement de la Côte d’Ivoire. Cette perception du retour de la paix en Côte d’Ivoire cadrait avec ce qu’ils avaient annoncé lorsqu’ils avaient décidé de ‘sortir’ le président Gbagbo selon Nicolas Sarkozy, pour le remplacer par Ouattara. A leur entendement, le départ de Gbagbo du pouvoir était un ‘préalable’ à la solution de la crise.

La Haye, lieu de grâce

Faux pronostic. Puisqu’en dépit de la déportation de Laurent Gbagbo qui avait décidé malgré les menaces, le chantage, et la corruption, de demeurer auprès du peuple qui l’avait élu, presque tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Le pillage des fonds publics et des ressources naturelles institué en norme de gouvernement. La réconciliation au point mort. Et La Haye, devenue un lieu de pardon pour ses adversaires politiques ne désemplit pas. Ils y défilent depuis plusieurs années à la recherche de son onction et ses bénédictions.

Les imprudents qui s’étaient déclarés ennemis du président Gbagbo par peur du maitre, abandonnant leur fonction institutionnelle pour certains, écumant les plateaux de télévision à l’international pour enfoncer ouvertement ou à demi-mot leur ex-patron, ont reconnu avec le temps qui est un ‘autre nom de Dieu’ que Gbagbo est le dernier des grands souverainistes de l’Afrique du 20e siècle et le révolutionnaire des esprits Africains du début du 21e siècle. Certains ont même signé la pétition pour sa libération.

Redéfinition de la stratégie antiGbagbo

Constat que les officines de propagande de la cellule Africaine des ‘think tank’ géostratégiques occidentaux ont fini par intégré comme paramètres dans leurs analyses sur la Côte d’Ivoire. De la phase de la propagande ‘antiGbagbo’ destinée à le dénigrer, les ‘chercheurs(?)’ de ces boutiques à idées sont passés à l’élaboration d’un ensemble d’actions et stratégies pour influencer la pensée des Ivoiriens pour qu’ils adhèrent au plan anti-souverainiste de l’Afrique confié à Ouattara.

A cet effet, les média impérialistes ont axé leurs lignes éditoriales à la diffusion des reportage dithyrambiques afin d’alimenter cet endoctrinement dévastateur. Mais leur tam-tam a sonné creux. De gigantesques manifestations et rassemblements populaires en faveur du président Gbagbo bien que incarcéré dans les geôles coloniales de Scheveningen sont organisés. Des panafricanistes lors de ces manifestations clament leur attachement au déporté. Ces actions qui ébranlent le monde, font réfléchir, et changent les positions, sont néanmoins censurées par les journalistes des media aux ordres payés pas au résultat, mais au mensonge.

Ces tâcherons des rédactions aujourd’hui comme hier, privent leur boite à images ces moments forts. Leurs plumes ne narrent pas les faits tels qu’ils se passent. Leurs micros plus que muet ne donnent pas de la voix pour présenter les faits.

Malgré ce mutisme, rien n’a détérioré la détermination du combat des panafricains alignés derrière les idées politiques de Gbagbo. Des actions qui confirment que la thèse du tyran rejeté par le peuple n’a jamais prospéré. Et n’a convaincu que ceux qui se mentaient à eux-mêmes, construisant des mensonges sur des enlèvements inexistants, des charniers factices, des morts sans mort d’homme, une armée parallèle sans hommes de troupe ni officiers…

Le mythe Ouattara brisé

Heureusement pour ces journalistes qu’ils ne se relisent pas. La réalité de terrain en Côte d’Ivoire, la guerre des clans au RHDP, la guerre du trône, les vérités venant de la CPI, qui ont commencé à dissiper les mensonges les plus cruels et abominables entretenus depuis plus d’une décennie par l’occident en Côte d’Ivoire contredisent toutes les thèses et analyses erronées colportées par leurs medias et relais en Afrique. Ainsi, la mesure de l’arrogance de leur ton a baissé. Leur auto-reniement confirmé. Et le mythe du super-supra-économiste-démocrate Ouattara qu’ils ont vendu à ceux qui se laissent bercer d’illusion s’est brisé.

Berthold Brecht l’avait prédit

Seuls certains journaux Ivoiriens sanguinaires de l’extrême droite, Le Nouveau Reveil, Le Patriote, l’Expression, Le Mandat, l’Intelligent d’Abidjan…et accessoirement l’Inter et Soir Info, croient encore au miracle-Ouattara et aux contes ‘antiGbagbo’ propagés depuis son accession au pouvoir en 2000.

De ce point de vue, tous ceux, Ivoiriens ou non, qui sont encore sous l’effet du ‘Bandji’ intoxicateur de l’occident, correspondent parfaitement à la description du poète et dramaturge Allemand, Eugen Berthold Friedrich Brecht dit Bertolt Brecht (1898-1956) qui écrivait, ‘Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique.’ Car ‘il n’écoute pas, ne parle pas… Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques… Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales.’

Gbagbo enfonce le camp ennemi

Va-t-on dire que Bertolt Brecht, de sa tombe ne voit pas ce qui ne se passe pas en Côte d’Ivoire ou ne l’a-t-il pas prédit? En attendant d’y répondre, Gbagbo sème la désillusion dans le camp ennemi.

Feumba Samen