Femmes enceintes, Attention, danger

LES SAGES FEMMES: EN QUOI SONT-ELLES SAGES MÊME ?

Il ne se passe pas de jour qu’on ne nous signale ici et là qu’une femme est morte en couches par négligence des sages femmes.

Après l’épisode du CHU de Cocody où un jeune homme a perdu ses jumeaux à la naissance, après avoir en plus essuyé des propos pleins de désinvolture de la part d’une supposée sage femme, c’est à l’hôpital général d’Adzopé que l’actualité nous invite à tourner le regard. En effet à Adzopé, la toile nous apprend qu’une femme bien connue dans ledit hôpital, parce qu’elle aurait été vendeuse de bouillie devant l’hôpital, n’a pu bénéficier de ce petit privilège et est allée trouver la mort dans les mains de celles à qui elle a donné à manger pendant longtemps.

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Tu t’appelais Abiba mariée et mère de 04 enfants. Tu attendais ton 5ème enfant. Vendeuse de bouillie en face de l’hôpital général d’adzopé.
Ce jeudi 06 Mai tu ne savais pas que tu avais rendez-vous avec la mort quand tu es allée rencontrer le gynécologue de l’hôpital général parce que la date prévue pour l’accouchement était dépassée depuis longtemps. Il t’a fait des soins pour déclencher l’accouchement et t’a demandé de revenir le soir quand tu aurais mal. À 22H00 tu t’es présentée à la maternité accompagnée de tes deux mamans. Les sages femmes de garde ont appelé le gynécologue. Il n’est pas venu. Il s’est contenté à chaque appel de leur donner des instructions à suivre. Tu étais seule dans la salle d’accouchement. Tu criais pour appeler les sages femmes mais elles étaient plus préoccupées par le film qu’elles suivaient à la télé. Tes mamans présentes ont interpellé les sages femmes, elles les ont rabrouées. Fatiguée, épuisée tu continuais de crier et de réclamer de l’aide. Tes mamans arrêtées dans le couloir, inquiètes et impuissantes voulaient entrer t’assister. Mais elles butaient toujours sur le refus brutal des sages femmes. Soudain toutes les personnes présentes dans le couloir ont été ébranlées par un lourd bruit. Comprenant qu’il y avait problème, l’une de tes mamans a brutalisé une sage femme et a soulevé le rideau de la salle d’accouchement. Devant elle l’horreur. Tu étais couchée à même le sol, la tête de l’enfant était déjà sortie. C’est sans doute dans ta tentative d’expulser seule ton enfant que le drame s’est produit. Les sages femmes paniquées venaient de réaliser l’immensité de leur négligence. Elles demanderont à te faire évacuer dans une clinique alors que l’hôpital général où vous étiez a un bloc opératoire. Savaient-elles qu’il n’y aurait personne à cette heure ou voulait elle dégager leur responsabilité pour la suite qu’elles savaient fatale?
En effet le bébé avait une fracture au cou et toi même tu avais déjà 03 fractures au bras. Tes frères qui étaient présents n’ont pas attendu l’ambulance. Ils t’ont embarquée dans leur voiture pour te conduire à la clinique située à juste cinq minutes de l’hôpital. Mais hélas ! Mille fois hélas !!! Tu n’auras plus de souffle pour parcourir ces cinq minutes, les minutes les plus longues de ta vie. Tu es décédée ce vendredi à 01 heure du matin. À deux heures tout le quartier a été réveillé par l’horrible nouvelle. Révoltées les femmes du quartier se sont rendues à la préfecture. On leur dira que le Préfet est absent. Ce vendredi après la prière tu as été portée en terre avec ton bébé. Tu es morte en martyr et nous prions Allah qu’il te fasse miséricorde. Repose en paix Abiba avec ton bébé. Tes pauvres enfants, ton mari, tes parents et toute ta communauté impuissante s’en remettra sans doute à Allah.


Il se raconte qu’elle aurait vainement appelé l’assistance des sages femmes, et celles-ci seraient restées indifférentes à ses appels de détresse; puis elle aurait glissée du lit d’accouchement pour se retrouver au sol, perdant du coup la vie. Quelles sont ces sages femmes qui n’ont rien de sage?

Et malheureusement, cela dure depuis longtemps sans véritablement que l’administration ne prenne des mesures vigoureuses pour arrêter cette hécatombe, parce qu’elle en est une.
On ne devrait pas mourir en donnant la vie, et surtout en milieu hospitalier, par la négligence coupable de femmes formées pour faire accoucher d’autres femmes.

Tous ces faits me rappellent ma propre expérience vécue en 1981.À l’époque j’étais étudiant et ma compagne en grossesse vivait chez ma tante à Yopougon Niangon. Naturellement quand elle est entrée en travail, c’est à la PMI de Yopougon Sogefiha qu’elle a été accompagnée, avant que je ne sois alerté. Au moment où j’arrivais sur les lieux, ma compagne était déjà dans la salle d’accouchement. L’espace étant interdit aux hommes, j’étais tenu de rester dans la salle d’attente. J’étais si inquiet que je n’arrivais pas à tenir sur place. Je priais pour ne pas qu’il y ait des complications parce que je n’aurais pas eu les moyens d’y faire face; ma petite bourse d’étudiant ne me le permettrait pas. Toujours inquiet, j’étais sorti et je m’étais mis dehors, derrière la salle d’accouchement. De ma position, j’entendais tout ce qui se disait dans la salle. J’entendais les cris, les pleurs et supplications de ma compagne qui appelait les sages femmes au secours. Mais celles-ci avaient visiblement d’autres préoccupations, car elles ne semblaient pas l’écouter, elles parlaient d’autres choses, et moi j’étais de plus en plus inquiet et mon coeur brulait de colère. « Enfant des gens » !!!Puis soudain, j’entendis ma compagne crier très fort: « Mme l’enfant est venu »!
C’est à ce moment que j’entends l’une de ces femmes dire : » Eh, tu veux nous créer des problèmes ou quoi ? tu ne pouvais pas appeler »? Et pourtant, Dieu seul sait combien de fois elle a crié, supplié, pleuré sans que personne ne prête attention à elle. Dieu merci, l’enfant était né et la mère n’avait pas eu de complication.

J’ai remercié Dieu pour le gros garçon qu’il m’avait donné ce jour-là, et surtout pour avoir protégé la vie de la mère et de l’enfant; car dans ce milieu « hostile », sortir avec le sourire aux lèvres n’est pas une évidence.J’ai vécu cette expérience en 1981. Mais bien avant, ce comportement nauséeux des sages femmes existait déjà. Elles ont parfois le toupet de dire à des femmes comme elles: « quand tu couchais avec ton homme est-ce qu’on était avec toi »? Du grand n’importe quoi!Aujourd’hui encore ça perdure dans une quasi indifférence de l’administration sanitaire.Avec les décès récurrents de femmes et de nouveaux nés, le temps n’est-il pas venu de prendre ce problème à bras le corps pour qu’enfin, accoucher dans nos maternités, ne mettent pas en ballottage la vie des parturientes?
Paul Kalou