Et si vous preniez l’avion pour aller nulle part?

La pureté des cieux semble passer au second plan. | 贝莉儿 DANIST via Unsplash

Aéroports et compagnies rivalisent dans le non-sens pour compenser l’effondrement du marché aérien.

Repéré par Céline Deluzarche sur South China Morning Post
08/08/2020 à 8h10

Le 8 août, jour de la fête des pères à Taïwan, les voyageurs et voyageuses au départ de l’aéroport international de Taïwan-Taoyuan pourront embarquer à bord d’un vol en direction de… nulle part.

La compagnie taïwanaise EVA Air va ainsi proposer à sa clientèle un petit tour en A330 signé Hello Kitty et sans escale. L’avion se dirigera vers le Japon, survolera la côte est de Taïwan, survolera l’île de Guishan, la côte est de Hua, puis le cap Eluanbi, avant de revenir à son point de départ.

Un voyage de 2h45 au cours duquel les passagers pourront profiter d’une carte Wi-Fi gratuite, d’une dégustation de sushis concoctés par le chef étoilé au Michelin Motoke Nakamura et de la possibilité d’acheter en duty free.

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La compagnie taïwanaise China Airlines a de son côté lancé deux forfaits vacances les 8 et 15 août, comprenant une visite de la cabine de pilotage et un vol de deux heures au-dessus de Taïwan. Le tout pour 6.000 dollars taïwanais, soit 173 euros environ –le prix pour conserver aéronefs comme pilotes en état de vol.

Faux voyages, vraies dépenses

Au mois de juillet, l’autre aéroport taïwanais, Taïpei Songshan, avait quant à lui organisé un faux voyage au cours duquel les passagers pouvaient acheter un billet, passer le comptoir d’enregistrement et les mesures de sécurité avant d’embarquer dans un avion… restant cloué sur le tarmac.

Une idée copiée par Taoyuan, qui organise chaque jeudi et samedi ces voyages virtuels avec visite des salons VIP de l’aéroport, shopping dans les boutiques duty free et vue imprenable depuis la tour d’observation. Une opération à grand succès: les 4.100 places se sont écoulées en moins de deux heures, rapporte le South China Morning Post.

En pleine crise de Covid-19, les aéroports cherchent désespérément de quoi renflouer leurs caisses, alors que les vols internationaux sont en chute libre.

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Taoyuan International Airport Corporation (TIAC), qui opère l’aéroport de Taoyuan, a ainsi annoncé le 31 juillet la première perte de son histoire, à 1,3 milliard de dollars taïwanais [38 millions d’euros].

Trois jours plus tôt, le groupe Aéroports de Paris a présenté une perte nette de 543 millions d’euros au premier semestre 2020, contre un bénéfice de 250 millions d’euros à la même période en 2019. À Paris-Charles-de-Gaulle, le trafic passagers a chuté de 61,3% avec des baisses allant jusqu’à -98% en avril. Son PDG, Augustin de Romanet, anticipe un retour à la normale pas avant 2024 ou 2027.

Tous les moyens sont donc bons pour limiter la casse, y compris les faux vols et des ronds dans l’air. Certains aéroports se sont également transformés en centres de dépistage du Covid géants, avec des capacités de test impressionnantes. Du côté des vacanciers, on s’offre à bon compte une expérience amusante alors que les idées de sorties font cruellement défaut.
Korii.slate.fr