Et si LG avait démissionné…

DÉMISSION DU PRESIDENT GBAGBO : RECADRONS LE DEBAT

A la suite du communiqué d’Agnès Monnet, porte parole d’Affi N’Guessan

Je l’ai rappelé hier : ce pour quoi le président Gbagbo est actuellement jugé, c’est la supposée mise en place d’un plan commun tendant à se maintenir au pouvoir. Ce plan commun qui remonte à 2003 aurait entrainé selon la procureure l’assassinat des partisans de Ouattara. La preuve, c’est qu’on ne reproche pas à Charles Blé Goudé de n’avoir pas démissionné mais il est pourtant jugé au titre de ce plan commun auquel il aurait participé. La première fois que la CPI est évoqué dans notre dossier, c’était par Blaise Compaoré et cela longtemps avant l’accord de Ouaga qui date de 2008.

Les révélations de Mediapart sont venues confirmer que bien avant la tenue des élections et donc avant que le président Gbagbo ne commette les crimes allégués, la France, le procureur Ocampo et Ouattara discutaient déjà du moyen de le transférer à la CPI. Pour faire simple, Gbagbo n’avait pas encore commis les crimes, les élections n’avaient pas encore eu lieu que déjà on mettait en place un dispositif pour le faire juger.

POUR VOUS DIRE QUOI ?

Tout cela pour vous faire comprendre que le président Gbagbo aurait démissionné ou non, il serait aujourd’hui à la CPI car ainsi en ont décidé ceux qui nous ont fait la guerre. La démission aurait contribué à le faire désavouer du peuple et à l’isoler dans cette prison glaciale. A titre personnel, je ne serais pas en train de me battre pour lui aujourd’hui s’il avait démissionné. Cela bien entendu n’engage que moi.

AFFI AURAIT DEMANDÉ AU PRESIDENT GBAGBO DE DEMISSIONNER

Je lis depuis quelques jours que Affi N’guessan aurait demandé au président Gbagbo de démissionner après son retour des négociations de Addis-Abeba. Je suis surpris qu’on tente de réécrire l’histoire sous nos yeux. Le 26 mars 2011, lors du meeting organisé par Blé Goudé, Affi accusait Ouattara d’être « un mercenaire au service de l’impérialisme occidental ». Laurent Gbagbo a été arrêté quelques jours après. Est-ce donc entre le 26 mars et le 11 avril que Affi aurait fait cette demande de démission ?

Vous pouvez consulter ici l’intervention de Affi N’guessan au meeting du 26 mars 2011 :

Je voudrais dire à mes amis qu’une fois le moment passé, on peut avoir changé de camp ou d’opinion. Cela est légitime, cependant je suis surpris qu’on ne stigmatise plus ceux qui ont conduit nos leaders en prison mais on débat sur une hypothétique démission. Si Gbagbo est à la Haye, ce n’est plus du fait de la France et de Ouattara, mais parce qu’il aurait refusé de démissionner. Il est donc son propre bourreau. Soit ! Mais alors vous faisiez quoi devant la prison de Scheveningen à manifester ? Pourquoi vous étiez dans les rues à demander sa libération s’il est en prison de son propre fait ? Il faut être conséquent et logique.

Laurent Gbagbo a admis avoir commis des erreurs ! Le fait d’organiser des élections sans désarmement en était une mais il sera libéré et si les ivoiriens le soutiennent encore aujourd’hui, c’est parce qu’il a fait preuve de courage et d’abnégation. Il n’a pas demandé aux ivoiriens de résister en fuyant ! Il est resté au prix de sa vie dans sa résidence, subissant les bombardements de la France. Si nous sommes fiers de lui et le revendiquons c’est un hommage à son opiniâtreté. L’histoire des peuples s’écrit dans la douleur et le sang et la nôtre est en marche.

Ma conviction, 6 années après, est que le président Gbagbo a remporté l’élection présidentielle de 2010 et que sa déportation à La Haye est un plan commun savamment orchestré par la France de Nicolas Sarkozy. Il aurait démissionné ou pas, organisé des élections ou pas, on en serait au même stade.

Ce qui fait bouger les lignes maintenant, c’est d’abord son innocence avérée mais surtout son courage qui justifie que le monde entier se questionne sur ce « dictateur » soutenu par des masses qui ne fléchissent pas.

A la reprise du procès, nous qui pensons que le président Gbagbo n’a pas démissionné pour respecter notre bulletin de vote et qui en sommes fiers, nous serons devant le tribunal colonial de la Haye pour manifester. Tenez-vous prêts !
Steve Beko