Déclin de l’occidentalo-centrisme : chaos global ou avènement de nouvelles civilisations?

«Le but de la civilisation, c’est la culture et le luxe. Une fois ce but atteint, la civilisation se gâte et décline, suivant en cela l’exemple des êtres vivants.» (Ibn Khaldoun)

Mon attention a été attirée par le dernier ouvrage de Régis Debray sur l’américanisation de l’Europe. J’ai voulu savoir le déclin des civilisations, seules garantes de la pérennité de l’humanité est inéluctable. En préambule de cette réflexion, la Nasa nous informe que le risque de la disparation de la civilisation terrestre au sens large est avérée au vu de la boulimie multiforme actuelle qui épuise la Terre, sans compter naturellement l’exacerbation des conflits dont le plus prenant est le feuilleton de cet effet avec les docteurs Folamour-Trump et Kim Jong-Un.

Mais qu’est ce que la civilisation ? Une civilisation est l’ensemble des caractéristiques spécifiques à une société, une région, un peuple, une nation, dans tous les domaines : sociaux, religieux, moraux, politiques, artistiques, intellectuels, scientifiques, techniques… Les composantes de la civilisation sont transmises de génération en génération par l’éducation. Dans cette approche de l’histoire de l’humanité, il n’est pas porté de jugements de valeur : civilisations sumérienne, égyptienne, babylonienne, maya, khmer, grecque, romaine, viking, arabe, occidentale…

Souvenons nous donc d’un critère fondamental : l’éducation et la culture seules garantes de la pérennité des civilisations ne prémunit pas une civilisation contre le déclin qui peut  paraitre brutal ou être un long délitement comme ce sera le cas pour la civilisation musulmane qui périclite dans une fin de règne sans gloire sous le coup de boutoir d’un Occident armé religieusement par la papauté  mais aussi  par l’effritement des marges de l’empire , la corruption des pouvoirs  et le retard  scientifique et technologique qui fait qu’à titre d’exemple l’Empire ottoman :  «l’homme malade de l’Europe » commença sa descente aux enfers agressés de toutes part par les impérialismes britanniques et français, joints à une gouvernance désastreuse et un repliement religieux qui déclara la science  « kofr » (blasphème) pour terminer son agonie en 1924 avec la mort du califat

Qu’est-ce que l’Occident ?

 Il n’est pas aisé de donner une définition définitive selon l’angle d’attaque considéré. L’Occident, ou monde occidental, est un concept géopolitique qui s’appuie généralement sur l’idée d’une civilisation commune, héritière de la civilisation gréco-romaine dont est issue la société occidentale moderne. Au début du XXIe siècle, on admet que l’«Occident» regroupe l’Europe occidentale (l’Union européenne) et le Canada, les États-Unis l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Soit 950 millions de personnes ou 1,6 milliard de personnes si l’on inclut l’Amérique latine. Pour le philosophe et écrivain Roger Pol Droit, «l’Occident est à peu près dans l’ordre, une région géographique (l’Europe de l’Ouest), une unité historique (l’Occident chrétien du Moyen Âge), un ensemble économique et politique (puissances européennes, Etats-Unis, Canada) et un monde économique aux très vastes frontières (tous les pays riches, même ceux d’Asie). Il s’agit, en fait, d’une «représentation. Entrent dans sa composition des ingrédients de la Grèce (philosophie, démocratie, théâtre, exigence scientifique) et de la Rome (génie et droit) antiques, un héritage juif (règles morales universelles), repris et répandu par le christianisme, et un esprit moderne (sciences et techniques, économie libérale) qui, sans renier ses racines, cultive le doute et l’esprit critique. Le développement de la critique et de l’analyse, explique Roger-Pol Droit, permet l’accroissement des sciences, et inversement, le progrès scientifique intensifie l’examen rationnel des traditions, des croyances, des mœurs.»(1)

Nous retiendrons au passage «l’oubli» de la part de la civilisation musulmane apportée à la civilisation occidentale. Même appréciation de Paul Valery, la civilisation européenne était un appendice de la civilisation grecque, nulle part de l’acculturation intermédiaire de la civilisation musulmane, projection de l’Europe.

En visite à Varsovie, le 6 juillet 2017, le président américain Donald Trump a réaffirmé son attachement aux «valeurs», il appelle l’Occident à défendre ses traditions. «L’avenir de l’Occident, déclare-t-il, est menacé si ses nations et ses citoyens manquent de détermination. La défense de l’Occident repose en dernier ressort non seulement sur les moyens, mais aussi sur la volonté de ses habitants de l’emporter (…). La question fondamentale de notre époque est celle de savoir si l’Occident a la volonté de survivre. Nous devons travailler ensemble pour nous opposer aux forces, qu’elles viennent de l’intérieur ou de l’extérieur, du Sud ou de l’Est, qui menacent à terme de saper ces valeurs et d’effacer les liens de la culture, de la foi et de la tradition qui font de nous ce que nous sommes.»

Quelles sont ses valeurs, et comment s’est bâtie la suprématie occidentale ?

Qu’entendons nous   par  valeurs ? Si l’on croit l’Encyclopédie Libre Wikipédia : « Les valeurs sociales font référence à des attributs et des perceptions qu’une personne partage avec des membres de son groupe social ; ces valeurs sont dites parfaites et rendent désirables ainsi qu’estimables les êtres ou les comportements auxquelles elles sont attribuées. Elles peuvent orienter les actions des individus dans une société en fixant des buts et des idéaux. Elles constituent une « morale » qui donne aux individus les moyens de juger leurs actes et de se construire une éthique personnelle ».

Quelles sont les «valeurs» de l’Occident d’essence chrétienne ? Tout est parti, dit- on, des grandes découvertes. Nous sommes à la fin du XVe siècle, là, le choc islam-chrétienté se solidifie de deux façons : Constantinople qui tombe aux mains de l’Empire ottoman en 1453  et la Reconquista s’achève par la chute de Grenade en 1492. Les grandes découvertes vers le nouveau monde avec son avatar : le pouvoir colonial : l’histoire du pays colonisé est niée et rasée au profit d’une nouvelle histoire, une nouvelle identité, voire une nouvelle religion. Il est courant d’admettre que pendant que la civilisation musulmane entame son déclin commencé trois siècles plus tôt, l’Occident entamait son envol.

En fait, il serait plus indiqué de remonter dans le temps pour s’apercevoir que l’hégémonie occidentale a débuté après ce qu’on appelle dans la doxa occidentale «les grandes découvertes». Prenant la relève d’un Orient et d’une civilisation islamique sur le déclin, et au nom de la règle des trois C (christianisation-commerce-colonisation), L’Occident qui se limitait à la vieille Europe– pour reprendre l’expression de Donald Rumsfeld ancien secrétaire d’état à la défense américain- profita de son avance technologique pour aller à la conquête du monde et mettre  des peuples en esclavage. Il procéda à un dépeçage des territoires au gré de ses humeurs sans tenir compte des équilibres sociologiques que les sociétés subjuguées ont mis des siècles à sédimenter.

L’Occident s’est affirmé après la première révolution industrielle par la  production de l’acier qui lui permit de mettre en place une industrie de la guerre en construisant des canons qui lui permirent de guerroyer avec réussite sur tous les territoires d’ opération  surtout après le traité de Vienne où les puissances européennes après avoir vaincu  Napoléon en l’envoyant à Saint Hélène, décidèrent de porter leurs forces en direction des pays faibles en dehors de l’Europe. Mieux encore la conférence de Berlin fut consacré au dépeçage de l’Afrique et chaque pays prit sa part. Le roi des Belges s’octroya à titre personnel le  Congo !

En fait pendant cinq siècles, au nom de ses «droits de l’homme», l’Occident dicte la norme, série, punit, récompense, met au ban des territoires qui ne rentre pas dans la norme.  Ainsi, par le fer et par le feu, les richesses du Sud épuisés furent spoliées par les pays du Nord. Bien plus tard et après l’implosion de l’empire soviétique, ce fut la fin de l’histoire, selon le mot de Fukuyama avec une pax americana qui paraissait durer mille ans.

Dans le même ordre, parmi les nombreuses falsifications de l’histoire, le récit de l’Empire ânonné par les vassaux qui se persuadent et persuadent leurs peuples européens que la victoire contre Hitler était due principalement aux États-Unis. Pourtant, les statistiques des pertes militaires connues indiquent 53% pour l’Armée rouge, 1,4% pour l’armée américaine. 405 000 tués américains, presque tous militaires, 27 millions de morts soviétiques, moitié civils, moitié militaires. Aussi, en Europe, on trouve normal que le 70e anniversaire du département soit fêté avec faste, même M. Poutine y assista. Par contre aucun vassal européen n’est allé à Moscou  pour assister au défilé du 70e anniversaire de la victoire sur le nazisme.

L’Occident s’est américanisé : les larmoiements des Debray, Zemmour Finkielkraut 

 Nous sommes au début du XXIe siècle  Peut-on dire que la «mondialisation» est une «occidentalisation» du monde» ? En devenant communs à presque tous les pays du monde, des objets techniques comme l’ordinateur, l’automobile, la télévision et le téléphone imposent une forme d’organisation rationnelle de l’existence quotidienne. En plus de ce monde technique, écrit Roger Pol Droit, l’occidentalisation entraîne aussi un mode de vie dans lequel sont promues des valeurs comme les libertés individuelles, l’égalité des sexes, la séparation du politique et du religieux et l’esprit critique. S’agit-il de valeurs universelles ou simplement de valeurs occidentales, c’est-à-dire inapplicables dans d’autres sociétés ?

Est-ce que pour autant la civilisation américanisée peut perdurer ? Kissinger était hanté, dit-on, par la chute de l’Empire romain. La naissance du Pnac ( Program  for New American Century)   était vue comme  une tentative de maintenir l’american way of life au besoin en créant un chaos réorganisateur selon le mot de Candy   Rice ancienne secrétaire d’Etat de Georges Bush. La sociologue française Simone Weil s’interrogeait déjà en 1943  sur la réalité de l’aide américaine à l’Europe !!! A contre-courant, elle redoutait, à l’inverse, voyant beaucoup plus loin, une «américanisation» de nos sociétés occidentales. Et, en effet, « nous sommes passés du diktat aryen au diktat occidentalo-US, l’avatar vert kaki du vert de gris ».

De fait, l’hégémonie anglo-saxonne- car le Royaume Uni a  joué le rôle du cheval de Troie de l’infiltration irrésistible de l’Oncle Sam- a su jouer très fin : Disney pour séduire nos gamins grandissant à l’ombre de Mickey et Donald, Elvis, le rocker blanc, ado révolté, décoiffant la jeunesse cassant les fauteuils de l’ordre bourgeois. Ah l’arnaque… D’une guerre à l’autre, d’un putsch à l’autre, rockers en tête, les Etats-Unis ont envahi, au prétexte de leur démocratie, quasiment la terre entière. Ils stationnent aujourd’hui aux portes de la Russie, du Moyen-Orient, s’appuyant sur les fanatiques. En Syrie, en Libye, en Corée, au Vietnam, en Irak ? Combien de dictateurs ont-ils installés au pouvoir sur tous les continents ? Combien de millions de personnes ont-ils exterminées ?

Au moment où le monde est en passe de changer de projet civilisationnel, le médiologue Regis Debray, dans son ouvrage sur l’américanisation de l’Europe, se lamente, sur le tard, -alors que le vers est dans le fruit depuis bien longtemps ; du bonheur perdu et du bon temps «d’avant». Faisant l’apologie de l’ouvrage pourtant tardif sur le naufrage pluridimensionnel de l’Europe, Bernard Gensane explicite la pensée de Debray .  Pour lui, la civilisation européenne, qui a dominé le monde pendant deux ou trois siècles, s’efface sous nos yeux, confite dans un amer sentiment de déclin. L’Amérique, définitivement, l’a remplacée. Plus de Français, d’Allemands, de Polonais, d’Européens au total. il n’y a que des Yankees de second collège et contents de l’être par servilité » (2)

Bernard Gensane poursuit :

«une civilisation construit des routes avec un gros bâton (celui de la Big Stick Policy), une flotte, des armées, aujourd’hui des drones. Depuis qu’il a raflé le Texas, l’empire américain n’a gagné en surface que quelques centaines de milliers de kilomètres carrés. Alaska y compris. Mais les 2 000 implantations militaires sur les cinq continents ne seraient rien sans les 35 000 McDo. Et vice-versa (…).

La civilisation zunienne avait gagné chez Balzac : Au XVIe siècle, le paysan d’Amboise, voisin de Léonard de Vinci, ne parlait pas un mot d’italien. Aujourd’hui, il écoute Beyoncé dans son tracteur climatisé. C’est un véritable catalogue des pertes que Debray recense minutieusement Quand, demande Debray, l’Europe a-t-elle cessé de ‘‘faire civilisation’’ ? En 1919, au congrès de Versailles, les Etats-Unis n’ont pas alors pleinement conscience qu’ils vont devenir la première puissance mondiale. Mais le Président exige que le traité soit également rédigé en anglais. (…) L’Etat français, les pouvoirs publics ont plié le cou devant les méthodes uniennes. On nous obligea à aimer le modèle des primaires et les candidats à la présidentielle nous proposèrent des offres. A Sciences-Po, «réformée» par un chairman of the board plus ricain que ricain 60% des cours sont dispensés en anglais. Ne dites plus ‘‘prolétaires” mais “milieux défavorisées” “bannissez” (sic) “clochards”, “SDF’’ étant beaucoup plus indolores. Ne dites plus “santé gratuite pour tous” mais care, “avion présidentiel” mais “Sarko One” (…).»(2)

Avec sa lucidité coutumière, Pierre Bourdieu, sociologue professeur au Collège de France, avait, avec Loïc Wacquant, professeur à l’Université de Californie à Berkeley, pressenti bien après Simone Weil et bien en avance des intellectuels formatés à l’américaine comme les Young Leader, les dangers d’une dissolution de la langue française première étape d’une dissolution le croyons nous pour notre part d’une dissolution identitaire :

«Dans tous les pays avancés, patrons et hauts fonctionnaires internationaux, intellectuels médiatiques et journalistes de haute volée se sont mis de concert à parler une étrange novlangue dont le vocabulaire, apparemment surgi de nulle part, est dans toutes les bouches : “mondialisation” et ”flexibilité” ; “gouvernance” et “employabilité” ; “underclass” et “exclusion” ; “nouvelle économie” et “tolérance zéro” ; “communautarisme”, “multiculturalisme” et leurs cousins “post-modernes”, “ethnicité”, “minorité”, “identité”, “fragmentation”, etc. La diffusion de cette nouvelle vulgate planétaire — dont sont remarquablement absents capitalisme, classe, exploitation, domination, inégalité, autant de vocables péremptoirement révoqués sous prétexte d’obsolescence ou d’impertinence présumées — est le produit d’un impérialisme proprement symbolique. (…) Comme les dominations de genre ou d’ethnie, l’impérialisme culturel est une violence symbolique qui s’appuie sur une relation de communication contrainte pour extorquer la soumission et dont la particularité consiste ici en ce qu’elle universalise les particularismes liés à une expérience historique singulière en les faisant méconnaître comme tels et reconnaître comme universels (….). En imposant au reste du monde des catégories de perception homologues de ses structures sociales, les Etats-Unis refaçonnent le monde à leur image : la colonisation mentale qui s’opère à travers la diffusion de ces vrais-faux concepts ne peut conduire qu’à une sorte de “Washington consensus” généralisé et même spontané, comme on peut l’observer aujourd’hui en matière d’économie, de philanthropie ou d’enseignement de la gestion.»(3)

En fait, même si c’est un combat d’arrière garde,  peu de choses sont faites en France- exception faite de la francophonie qui  a des relents de post-colonialisme et l’Académie française qui « produit » quelques mots par an pendant que la vulgate planétaire en invente des centaines-  pour lutter efficacement contre le rouleau compresseur inexorable de l’anglais. Au lieu de se lamenter comme les nostalgiques du bon temps, les canadiens prennent, eux  leur destin en main et font  preuve d’une étonnante résilience. Ainsi  ce pays se caractérise par une joie de vivre et la simplicité des gens. Il est quand même extraordinaire de trouver des locuteurs occidentaux de la langue française qui ne se prennent pas pour le nombril du monde qui ne prennent pas les gens de haut et qui ne tentent de dicter la norme d’une doxa dont ils seraient les seuls détenteurs. Ce qui m’a plus aussi c’est le maintien d’anciennes expressions françaises qui sont abandonnées en France.

Contrairement, justement  à certains intellectuels et hommes de lettres qui pour certains se contentent de se lamenter de la perte de la spécificité française voire européenne à l’instar d’Eric Zemmour avec sa nostalgie et Régis Debray avec son dernier ouvrage sur l’américanisation de l’Europe, les Canadiens se souviennent qu’ils ont été traité par Louis XV lors du Traité de Paris en 1765 :  ils furent en effet  cédés à la perfide Albion non sans avoir lutté héroïquement lors de la fameuse bataille de Montréal. Ils sont toujours en lutte – c’est comme cela qu’ils comprennent la francophonie- contre l’invasion inexorable de l’anglais. Ainsi, on parle encore de sous pas de centimes et même la résilience vis à vis de la langue anglaise – la vulgate planétaire dont s’était plaint à juste titre Pierre Bourdieu- est une invention de mots adoptés et adaptés. On dit par exemple, courriel à la place de mail (mot subi ou consenti en France) On dit aussi remue méninge à la place de brain storming .. Pour toutes ces raisons le Canada propose un art de vivre : Le Canadian Way of Life fait d’empathie de sérieux et de réserve

 La mort de l’Europe par le grand remplacement islamiste ?

Cherchant les autres causes du déclin de l’Europe en tant que civilisation et prenant l’exemple de la France,  Bernard Plouvier, essayiste, en propose trois. Il s’en prend d’abord aux dirigeants coupables de faire perdre son âme chrétienne à l’Europe. Pour lui, c’est Giscard qui a amené le ver dans le fruit en permettant le regroupement familial :

«Toute société antique fut fondée sur le racisme matrimonial scannant l’histoire, il explique la chute de l’Empire romain par la citoyenneté octroyée aux indigènes de l’empire : lorsqu’en 212, Caracalla octroie le bénéfice de la prestigieuse appellation et de ses privilèges, ce n’est évidemment pas par l’effet d’une bonté d’âme – qui lui fut toujours étrangère —, mais pour des raisons fiscales : 10% de la valeur des successions de citoyens romains revenaient automatiquement au Trésor impérial. En 1976, par leur ignoble décret 76-383 du 29 avril, paru au JO du 2 mai, portant sur le “regroupement familial” des travailleurs immigrés – une décision prise, bien sûr, sans avoir consulté le peuple souverain, Giscard et Chirac ont voulu relancer une consommation intérieure défaillante pour cause de dénatalité autochtone et de premier choc pétrolier (…) On introduisait dans l’Etat des individus issus d’autres cultures que celles des hommes qui avaient créé l’Etat… De nos jours, plus de mille cités de non-droit égaient la France et des rejetons de l’immigration musulmane font parler d’eux d’une curieuse façon… » (4)

«  La seconde cause de la décadence romaine antique (et de la nôtre) fut et demeure une extraordinaire flambée de bien-être : le confort de vie et la sûreté n’ont jamais été plus grands dans l’Empire qu’à son apogée des Ier et IIe siècles. Trop de bien-être amollit, physiquement et mentalement : jamais les “bobos” (qui sont de toutes les époques) n’ont été aussi mous et aussi naïvement “humanitaires” que de nos jours !
La troisième cause fut le christianisme. Une religion d’essence féminine, qui prêche l’agapè (l’amour du Dieu créateur & père éminent des humains et la pratique de la charité – soit un don total, sans espoir de réciprocité.»(4)

Les réelles inquiétudes de l’Empire : Un monde multipolaire

 Dans toutes ces tempêtes dans un verre d’eau de ces intellectuels européens inquiets du délitement civilisationnel de l’Occident, L’empire américain  n’en a cure des états d’âme de ses vassaux qui gémissent de la perte de leurs spécificités. Pour eux, le monde européen est absorbé par la civilisation américaine. Le peuple américain va de l’avant parce que c’est le peuple élu (la destinée manifeste) et pense que c’est définitif à en croire que c’est la fin de l’histoire. Une seule puissance pour régir le monde.

On peut donner crédit à  cette croyance du fait que la grande victoire des Américains est d’avoir réduit l’homme à une simple dimension de producteur-consommateur. En résumé, un homo economicus addict aux loisirs et tourné vers la satisfaction de ses désirs les plus primaires. L’Empire se veut le seul architecte d’un monde unipolaire, une hyper-puissance pour reprendre le mot d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de la France. L’empire s’essouffle économiquement et s’attaque à tous ceux qui lui tiennent tête. Le Pentagone ne s’est jamais aussi bien porté. 700 bases autour du monde. Ce que ne peut pas faire comme avant le soft power, de l’american way of life, de la patrie d’Armstrong, le hard power de la patrie de Bush Jr prêt à le faire avec la démocratie aéroportée pour s’assurer de l’accès aux réserves pétrolières et gazières.

Il n’est  que de voir le calvaire du Vénézuela coincé entre un pouvoir légitime mais sans envergure, gangréné par la corruption et subissant à la fois les changements climatiques et une  baisse drastique de la rente pétrolière, met un voisin qui- sous couvert d’aide à la démocratie– est en train de mettre en place par ses menaces , une option d’intervention militaire qui est pour le moment sur la table..   En fait après avoir laminé les pays faibles et s’être assuré des sources d’énergie, l’Empire  s’aperçoit que la concurrence est rude avec les nouveaux pays émergents que les Occidentaux désignent par Brics (Brésil, Russie, Inde , Chine Afrique du Sud)  et qui prônent un monde multipolaire  et mettent en œuvre les mécanismes de sortie de l’accord de Bretton Woods  ( monnaies nouvelles, routes de la soie, retour à l’or)

Le casse tête pour l’empire  de la Russie

En fait le nouvel ordre mondial qui  doit régir le mouvement du monde et la coexistence pacifique des Etats voire des civilisation  accouche dans la douleur.  Poutine  a avec succès fait revenir la Russie dans le concert des nations après le naufrage d’Elstine qui a pris la succession d’une Union Soviétique qui a implosé grâce aux Etats Unis, même dit on au Pape Jean Paul II avec son fameux «  N’ayez pas peur ! » qui a donné des ailes à  Solidarnosc en Pologne premier domino de l’effritement , mais aussi  grâce à Mikhaïl Gorbatchev avec sa perestroïka qui détricota l’empire soviétique.

Sans revenir au faste de la grande Catherine, Poutine a redonné de la dignité aux Russes.  Il a pu imposer uen vision du monde notamment en se mettant du côté du droit international en Syrie. Vladimir Poutine résiste   aux  sanctions- représailles et à l’embargo de l’Empire et de ses vassaux coupable de ne pas  être rentré dans le rang en permettant une base de l’Otan à sa frontière (Révolution orange de l’Ukraine téléguidée à partir des Etats Unis)  et surtout d’avoir récupéré la Crimée. La tentation d’empire est même décelable en Russie. Nous lisons cette contribution de Vladimir Gromov : « L’ère de la domination occidentale dans les relations internationales cède la place à un nouvel ordre polycentrique, et c’est le Président russe Poutine qui influence largement le changement de l’organisation. Le poids de l’influence des centres politiques US et européens faiblit considérablement et la formation de nouvelles forces et normes politiques prend rapidement de l’ampleur. L’agenda international aujourd’hui se forme souvent avec la participation directe de la Fédération de Russie et de Vladimir Poutine en personne. La montée de l’influence de pays tels que la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, serait impossible sans l’action de la Russie. La confrontation diplomatique actuelle entre la Fédération de Russie et les USA n’a pas encore atteint le point critique, mais la position de Vladimir Poutine à ce sujet devient toujours plus inflexible ; il est sûr que la Russie répondra aux USA en conformité avec une stratégie bien adaptée et pragmatique, qui insiste sur la formation d’un nouvel ordre mondial. (…) Le génie de Poutine réside dans sa capacité à s’emparer du leadership des politiciens occidentaux et à faire en sorte que les élites économiques russes travaillent dans l’intérêt de la Russie ». (5)

 La détestation et la crainte de la Chine, civilisation atemporelle

Parmi les  autres pays qui « posent problème économique  » aux Etats Unis : La Chine. Beaucoup d’analystes occidentaux fondent l’espoir que la civilisation chinoise s’effondrera Tout est fait pour diaboliser la Chine, accusée de touts les maux notamment le dumping.  «China Bashing»,  est le terme utilisé par le Washington Post.  Même Nouriel Roubini, directeur général de l’AIE, avait prévu qu’une grave dépression économique devrait affecter ce pays en 2013. Nous sommes en 2017 et la Chine est plus rayonnante que jamais.

Avec des taux de croissance respectables de 6 à 7 %  ( à une époque ce taux frisait les 10 %) La Chine, rattrape son retard dans tous les domaines, c’est l’atelier du monde, la ferme du monde, et le leader incontesté dans les énergies renouvelables . De ce fait, on est en droit de se demander comment la civilisation chinoise a traversé le temps, les époques troubles, des régimes différents mais en gardant ses fondamentaux. En effet, depuis 5 000 ans, la Chine imprègne toute la culture de l’Asie de l’Est, aussi bien au niveau religieux que linguistique.

Pour le sinologue Cyrille Javary, interviewé par Atlantico.fr : «Le premier élément de cette particularité est que de toutes les civilisations nées sur le continent eurasien, la civilisation chinoise est la seule qui a toujours habité le même territoire. (…) Ensuite, la culture chinoise a créé un système d’écriture unique au monde qui fonctionne autour de la représentation d’idées ou de situations et non pas de sonorités comme dans tous les autres systèmes graphiques du continent eurasien. Cela sert de base à une pérennité unique dont l’exemple le plus frappant est que les Chinois n’ont pas changé de système politique depuis 3 000 ans (…). Ce système de méritocratie qui avait ébloui Voltaire permettait à n’importe quel Chinois de s’y présenter autant de fois qu’il le souhaitait. Ce système permettait aux lettrés de disposer en permanence des meilleurs cerveaux du pays à la différence du système féodal français (…). Pour les Chinois, la durée est signe d’efficacité.»  (…) Les habitants de ces provinces n’ont pas les mêmes traditions, la même cuisine, la même histoire ou encore la même langue mais ce qui les unit, c’est qu’ils ont la même écriture. C’est ce qui cimente le pays dans l’espace et dans le temps (…).  Le rapport entre le visible et l’invisible constitue également l’un des piliers de la longévité chinoise. Les autres cultures eurasiennes rejettent le rapport à l’invisible, soit du côté de l’irrationnel, soit du côté du religieux.»(6)

L’obsession de semer le chaos. Le refus du déclin

 Les pays occidentaux reculent dans plusieurs  domaines notamment économiques et sont endettés. A titre d’exemple, la dette américaine est de l’ordre de 10.000 milliards de dollars ! Celle de la France est de 2.000 milliards de dollars  soit 95% du PIB ! De plus  les ressources planétaires commencent à manquer  et des stratégies d’accaparement se font sentir. Nous vivons assurément une période très dangereuse : le désordre est total. Les peuples faibles, surtout ceux qui ont le malheur de disposer encore de ressources énergétiques ou minières, seront les premiers touchés.  Assurément, l’Afrique après le Moyen-Orient, dont toutes les frontières ne sont plus intangibles comme le proclamait la Charte des Nations unies à San Francisco au sortir de la Seconde Guerre mondiale, est le champ de bataille. Même la France avec sa Françafrique est en train de recoloniser ses anciennes colonies. : « Le chaos actuel, les morts n’empêchent pas le commerce des armes d’être florissant, il n’empêche pas aussi le pompage des ressources pétrolières et gazières et même de toutes les ressources minières. Boko Haram ou pas…(7)

Pour la situation de chaos actuel, Pepe Escobar nous explique pourquoi l’Empire est contre toutes les coalitions si ce n’est pas lui qui les dirige :  «‘‘La politique’’ de l’Empire du chaos, écrit-il, est claire et multiforme : diversifier le ‘‘pivot vers l’Asie’’ en établissant une tête de pont en Ukraine afin de saboter les échanges commerciaux entre l’Europe et la Russie ; étendre l’organisation du traité de l’Atlantique Nord à l’Ukraine ; briser le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine ; empêcher par tous les moyens l’intégration commerciale et économique de l’Eurasie, du partenariat germano-russe aux nouvelles routes de la soie convergeant de la Chine à la région de la Ruhr ; et maintenir l’Europe sous l’hégémonie des États-Unis. (…) M. Wallerstein soutient que si l’Empire du chaos est devenu si dangereux, c’est parce qu’il n’accepte tout simplement pas sa décadence géopolitique. La restauration de son hégémonie mondiale est devenue son obsession suprême, unique obsession, c’est de forcer les Européens à sanctionner la Russie à mort. En d’autres termes, stopper l’intégration commerciale et géopolitique entre l’Europe et la Russie (…)»(8)

Assiste-t-on à la chute inexorable  de la civilisation occidentale ? 

Les civilisations, dit-on, sont mortelles. Bien avant Spengler, le père de la sociologie Ibn Khaldoun, dans son œuvre magistrale La Muqqadima, avait pointé du doigt l’évolution des civilisations qui passent par trois stades, l’avènement, l’apogée et le déclin. Ce qui a dû se passer pour l’Empire perse, l’Empire romain et plus tard l’Empire ottoman. Une étude du Pnac (Programme for New American Century) recommandait de chercher un motif pour relancer l’hégémonie américaine d’une façon définitive. L’arrivée du 11 Septembre fut du pain bénit. Le Satan de rechange tombait du ciel, l’Islam. Ainsi, furent organisées les expéditions punitives que l’on sait un peu partout, semant le chaos, la destruction et la mort, estimant que les Etats-Unis devront s’allier avec l’Europe pour dominer l’Eurasie.

Les signes d’un craquement de l’hégémonie occidentale commencèrent à poindre à l’horizon. Des voix inquiètes commençaient à douter de la pérennité du magister occidental. Pourtant et malgré cela, «l’Empire» ne se laisse pas faire. La transition de l’humanité vers un «empire global», un ordre mondial polarisé autour d’une seule puissance : les Etats-Unis.  Beaucoup d’études ont été faites sur les causes du déclin des civilisations «Le Déclin de l’Occident est un essai d’Oswald Spengler. Il y développe une synthèse historique qui rassemble tout à la fois, l’économie politique et la politique, les sciences et les mathématiques, les arts plastiques et la musique. Il fut traduit en français par son ami le philosophe algérien Mohand Tazerout en 1948. Cette œuvre analyse l’histoire en distinguant des grandes cultures historiques qui, semblables à des êtres biologiques, naissent, croissent, déclinent et meurent. Il développe une vision cyclique ou “sphérique” de l’Histoire. Chaque culture est déterminée par son héritage, ses valeurs et son sentiment du destin.»(9)

Pendant longtemps et pratiquement depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il était de bon ton pour les Européens de s’arrimer à l’alma mater du monde libre : les Etats- Unis d’Amérique. Cependant, des craquements se font entendre et des états d’âme «européens» se font entendre quant à la perte de l’identité de l’Europe composée de vassaux qui se découvrent sur le tard une spécificité. L’analyse lumineuse de l’ambassadeur singapourien Kishore Mahbubani décrit le déclin occidental : recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers l’Orient. (Citant l’ouvrage de l’historien britannique Victor Kiernan. «La plupart du temps, cependant, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en raison de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. Même si la politique coloniale européenne touchait à sa fin, l’attitude colonialiste des Européens subsisterait probablement encore longtemps.»(9)

«En fait, poursuit Kishore Mahbubani, celle-ci reste très vive en ce début de XXIe siècle. Souvent, on est étonné et outré lors de rencontres internationales, quand un représentant européen entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant : “Ce que les Chinois [ou les Indiens, les Indonésiens ou qui que ce soit] doivent comprendre est que…”, Mahbubani reproche à l’Europe sa myopie, son autosatisfaction et son égocentrisme. Pour lui, “le moment est venu de restructurer l’ordre mondial”, que “nous devrions le faire maintenant”». L’Occident est dans l’incapacité à maintenir, à respecter et encore plus à renforcer les institutions qu’il a créées. Et l’amoralité avec laquelle il se comporte sape davantage les structures et l’esprit de la gouvernance mondiale.

Comment l’Algérie  appréhende-t-elle le monde ?

Nous venons de tracer à grands traits les convulsions du monde, nous ne pouvons pas conclure sans décrire ce qui nous arrive et, pire encore, où nous allons ? Il est connu qu’une civilisation est avant tout une élévation culturelle de la société qui fait des habitants d’un pays des citoyens responsables où la civilité n’est pas un vain mot. Sans remonter loin dans l’Histoire en passant par le déclin des royaumes maghrébins qui ont tous disparu les un après les autres, absorbés par des peuples plus forts et plus organisés comme l’Espagne et l’Empire ottoman, qu’il nous suffise de remarquer et sans verser dans une nostalgie déplacée que nous avons perdu en cohérence d’ensemble.

Sous les coups de boutoir de la modernité, le peu de cohérence pour le vivre- ensemble que nous avions à l’indépendance a été laminé en cinquante ans d’errance. La gestion de la cité, le fonctionnement étatique que nous avions hérité, a volé en éclats du fait de sa substitution par des règles de gouvernance approximatives et à géométrie variable qui font que les citoyens ne sont pas protégés. Nous sommes aussi par mimétisme ravageur en décadence sans avoir rien produit, sinon copier outrageusement les travers d’un Occident ravageur du sens qui nous lisse dans le sens du dépenser sans penser. La décadence en Algérie, ce sont les dépenses inutiles. C’est la corruption devenue sport national, C’est le passe droit, l’incurie à tous les étage. C’est un renversement des valeurs qui  font que des joueurs payés à prix d’or gagent en une saison ce que gagne un professeur d’université en une carrière ! . La décadence, ce sont les fabuleux profits mal acquis pendant que les besogneux sont en apnée.

De ce fait, l’Algérie vit en marge du monde. Son problème est celui de survivre, pas de projection sur l’ avenir sur la nécessité de rentrer dans le monde. Nous reculons dans tous les domaines, et plus personne ne s’intéresse à l’Algérie comme partenaire ; l’Europe a besoin de l’Algérie comme bassin de rétention de l’émigration et accessoirement de son approvisionnement marginal en gaz, une rente immanente qui n’est pas le fruit de l’effort. Elle pompe ce qui a de rentable, les rares diplômés dans les disciplines technologiques et offre la nationalité à plus de 500 000 Algériens dont on peut à coup sûr que ce sont des personnes instruites, surtout de niveau universitaire. En Algérie, la civilité a disparu et la science qui va avec un lycée qui affiche 0% de reçu au bac ne fait pas l’objet d’un débat au gouvernement.

Conclusion : la civilisation a besoin de «spiritualité»

On dit que «La plus grande caractéristique de la civilisation orientale est de connaître le contentement, alors que celle de l’Occident est de ne pas le connaître.»  Cette maxime de Hu Shih résume, à elle seule, «la boulimie sans retenue de la civilisation du toujours plus» qui amènera la planète au chaos. Ce n’est pas simplement l’Occident qui va décliner, ce sont tous les peuples qui vont le suivre dans une descente aux abîmes. Assurément, la planète est en pleine tourmente, la recomposition du monde fera disparaître des Etats dans un nouveau Yalta.

Peut-on dire qu’une civilisation meure quand elle a épuisé ses récits de légitimité à la fois temporelle et atemporelle ? C’est en tout cas l’avis de Jean-François Léotard qui parle du déclin des grands récits de légitimité comme le socialisme, le communisme, l’hitlérisme, le fascisme,  le récit religieux. mais aussi le libéralisme sauvage. Ce dernier serait responsable indirectement de l’anomie du  monde et du déclin de l’Occident.  A l’heure du chacun pour soi, le sentiment d’appartenance à un projet qui transcende les individualités s’est évaporé. Marcel Gauchet parle de désenchantement du monde. Dans cette vue désolée d’une incommensurabilité des humains entre eux, que reste-t-il ? L’espace commun se délite, les religions n’ont plus rien à se dire.

Les sociétés n’ont plus de ‘‘Grands Récits’’. Ainsi le rêve américain qui a été inculqué à coups de récits sur la Destinée Manifeste, l’americain way of life ne fait plus recette même aux Etats-Unis. La post-modernité se traduit par l’adage de la guerre contre tous l’agressivité, le libéralisme triomphant fait peser sur l’être-soi et sur l’être-ensemble une lourde menace. Il y a une fascination pour l’ultraviolence : séries TV américaines avec scènes violentes (tortures, viols, serial-killers)

Sans vouloir jouer les pythies, il est admis que le monde dans sa version actuelle irait à sa perte La solution serait dans un ressourcement et un vivre-ensemble lié à une transcendance. La vie des hommes, lit-on, dans la contribution suivante, s’organise grâce à la civilisation. La civilisation actuelle répond-elle aux besoins de l’homme ? «Toute civilisation est inspirée par Dieu. Mais la civilisation actuelle ne respecte plus l’homme, trop de gens souffrent et sont menacés. Une nouvelle civilisation, meilleure pour l’homme, doit émerger de la prise de conscience de chacun. Une civilisation organise la société humaine. La première grande civilisation sur Terre fut celle des Égyptiens. Cette civilisation était intimement liée au divin. (…) Cette inspiration divine permit à la civilisation égyptienne de rayonner et dominer pendant trois mille ans. (…) L’humanité a besoin d’une nouvelle civilisation respectueuse de l’homme et des lois de Dieu. Ce projet de société doit réunir tous les hommes en un même peuple pour que la vie continue harmonieusement sur Terre. (…) L’environnement naturel est pillé, pollué ou dévasté, à cause de la négligence ou de la cupidité des hommes. Alors que la préservation de cet environnement est la condition de notre survie future. Chacun de nous a une part de responsabilité. Chacun de nous doit ouvrir les yeux sur la situation du monde, choisir de changer son attitude et exiger la moralité de ses dirigeants.»(10)

L’Occident s’arroge le droit de construire l’universel tout seul. Le philosophe Abdennour Bedar prône  pour sa part, un universel commun Il cite  le philosophe  Paul Ricœur, le philosophe Ibn El Arabi parlait de l’égalité des religions et des cultures. Il ajoute qu’il ne croit pas que les civilisations soient autosuffisantes, mais se complètent. Il parle de confluence des religions. Abdennour Bedar, lui, parle de convivialité des religions pour un apaisement de la condition humaine qui doit s’inventer une nouvelle manière de vivre.

Enfin, pour Claude Levi-Strauss : «(…) il n’y a pas, il ne peut y avoir, une civilisation mondiale au sens absolu que l’on donne souvent à ce terme, puisque la civilisation implique la coexistence de cultures offrant elles le maximum de diversité et consiste même en cette coexistence. La civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l’échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité.» Tout est dit .

« Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.  disait Voltaire dans son traité sur la tolérance. Si nous voulons perdurer en tant que civilisation terrestre,  il est de la plus haute importance de prôner une parole désarmée. Nous devons accepter un monde multipolaire où chaque peuple aura droit à s’épanouir. Amen !

Pr. émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique d’Alger

Notes

1.http://www.ledevoir.com/culture/livres/196521/qu-est-ce-que-l-occident

2.Bernard Gensane https://www.legrandsoir.info/regis-debray-civilisation-comment-nous-sommes-devenus-americains.html

3.P. Bourdieu, L. Wacquant. http://www.monde-diplomatique.fr/2000/05/BOURDIEU/2269

4.https://metamag.fr/2017/08/07/la-mort-dune-grande-civilisation-chute-de-lempire-romain-et-declin-de-leurope/

5.Vladimir Gromov  www.pravdareport.com/russia/politics/21-08-2017/138469-russia_putin-0/ Traduction Petrus Lombard

6.http://www.atlantico.fr/decryptage/chine-1ere-puissance-mondiale-2016-5000-ans-civilisation-quels-sont-secrets-longevite-cyrille-javary-541522.html

7.http://www.mondialisation.ca/la-doxa-occidentale-un-magister-moral-en-miette/5394216

8.C.E. Chitour http://www.mondialisation.ca/declin-ou-chute-de-loccident-pourquoi/5313390

9.K.ishore Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East, septembre 2008

10.http://www.opc-connaissance.com/mieux_vivre/nouvelle_civilisation_pour_humanite .html

Article de réference :

http://www.lesoirdalgerie.com/pdf/2017/08/21082017.pdf