CPI: vers une confrontation Mangou/Detho Letho?

Le journal « Le Nouveau courrier » dans une de ses dernières parutions, annonçait la probable confrontation des généraux Detho Letho et Mangou pour comprendre les divergences dans leurs rémoignages. A plusieurs reprises, Detho Letho avait affirmé que son supérieur, Chef d’Etat Major avait menti, ne disait pas la vérité.

Prochain face à face MANGOU-DETOH à la CPI : Preuve tangible de l’incroyable perte de crédibilité du CEMA, Mangou !

Depuis la fin de la déposition, devant la Cpi, du général DETOH Letho, anciennement Commandant des forces terrestres, la probabilité d’une confrontation avec son ancien patron, le général MANGOU Philippe, est frénétiquement agitée.

Il est certes courant de voir le juge, dans le cadre de l’instruction d’une cause complexe, organiser une confrontation, soit entre l’accusé et un ou plusieurs témoins, soit, entre les témoins eux-mêmes, lorsqu’il le juge impérieux pour l’éclatement de la vérité. Une telle démarche vise à permettre notamment au juge de relever la sincérité d’une seule déclaration parmi tant d’autres, concernant un ou des points factuels, dont la lumière est de nature à concourir à l’administration d’une bonne justice. L’exercice est le plus souvent encadré par la confrontation des pièces à conviction, c’est-à-dire, des éléments de preuve, aux parties concernées par la divergence factuelle.

Mais, dans le cadre précis de l’instruction de l’affaire GBAGBO Laurent et Blé Goudé Charles, quel est le véritable intérêt d’une confrontation, entre les généraux Mangou et DETOH, après leurs premières dépositions ?
Quels sont les points cardinaux sur lesquels ces témoins «importants», ont convergé dans leurs dépositions (I), ceux sur lesquels ils se sont affrontés (III), et en quoi une telle formalité manque-t-elle techniquement d’intérêt, en l’espèce (III)? En tout état de cause, une telle option ne serait-elle pas une preuve suffisante de non crédibilité chez Mangou (IV ) ?

I- LES 02 PRINCIPAUX POINTS DE CONVERGENCE

Dans notre précédente publication, nous avons rappelé que, sur les incidents fameux des 07 marcheuses d’Abobo, prétendument massacrées le 3 mars 2011, d’une part, et le non moins supposé bombardement, diurne, le 17 mars 2017, et au moyen de mortiers, d’un marché dit Siaka KONE d’Abobo, fréquenté extraordinairement, et, de façon exclusive, par les seuls partisans de Dramane OUATTARA, d’autre part, les deux anciens, chef d’état-major des armées de Côte d’Ivoire et Commandant des opérations terrestres, avaient parfaitement accordé leurs violons.

Ils avaient attesté, en substance, que, les rebelles ayant fait d’Abobo, leur antre, les éléments des forces de défense et de sécurité, y déployés pour la protection des populations civiles,
pris en étau, s’étaient retranchés dans les locaux du camp Commando, d’où il leur était quasi impossible de sortir sans s’exposer aux tirs mortels des rebelles embusqués partout.

Quant à leur armement de dotation, les deux témoins «importants» avaient soutenu, en chœur, qu’il ne comportait pas celui au moyen duquel ce marché aurait été bombardé. Bien plus, les deux généraux avaient unanimement affirmé, sans réserve, qu’au plan scientifique, l’armement avec lequel ce marché aurait été bombardé, ne pouvait être utilisé, à partir de la base du camp Commando d’Abobo où étaient retranchés leurs hommes, et atteindre une telle cible.

Ces deux points qui occupent une place de choix, dans le Document de Notification des Charges (DNC), dressé par l’Accusation, s’effondrent donc sous l’avalanche de l’imparable antidote de ses propres témoins.

Quels sont donc les points de divergence résiduels ?

II- LES POINTS DISCORDANTS RÉSIDUELS

Dans notre précédent texte, portant bilan technique définitif de l’audition du Général DETOH Letho, nous avions sélectivement relevé 5 points de divergence sur lesquels le juge-président, avait d’ailleurs insisté, à la fin de la déposition de ce témoin. Il s’agissait notamment de :

1- La responsabilité organique des opérations militaires pendant la crise
2- La question de libération de l’axe N’DOTRE.
3- La primeur de l’information sur les 07 femmes d’Abobo.
4- Les tirs de mortiers par DETHO.
5- La découverte des armes à la Présidence.

Au regard de la nature de ces points de divergence, et des différents niveaux de responsabilité, induisant la subordination d’un témoin à l’autre, à quoi servirait encore un entrechoc des affirmations des deux généraux ?

III- DU MANQUE MANIFESTE D’INTÉRÊT D’UNE CONFRONTATION ENTRE MANGOU ET DETOH

Lorsqu’une telle opération sera le théâtre de la parole contre la parole, de quels autres éléments d’appréciation pertinents disposeraient les juges pour éprouver le manque criant de sincérité des affirmations de Mangou, en l’occurrence ? Prenons-les un à un.

1- Sur la responsabilité organique

Quoique DETOH Letho soit le commandant des opérations en charge de la vaste commune d’Abidjan, concernant exclusivement l’armée nationale, il n’a jamais été contesté, par Mangou, qu’un Centre Opérationnel, une sorte de faîtière, chapeautant toutes les opérations des FDS, avait été mis en place, sous l’autorité directe dudit Mangou.

Dès lors, quel serait l’intérêt d’une telle confrontation lorsqu’il n’est nullement démontré que les crimes allégués sont forcément l’œuvre des éléments des ex-FANCI ?

2- Sur la libération de l’axe routier N’dotré

N’est-ce pas de règle que, lorsqu’un Président de la République, chef suprême des armées, rencontre les forces de défense et de sécurité, composites, en temps de guerre, il destine, de droit, ses instructions au premier responsable de la hiérarchie militaire, qu’est le Cema, à charge pour ce dernier de les répercuter aux différents domaines de compétence ? Quelle est donc la nécessité d’un tel débat ?

3- Sur la source de l’information au sujet des 07 femmes d’Abobo

Lors de sa déposition, le général Mangou avait affirmé que c’est par le canal du général DETOH qu’il avait appris l’incident des 07 femmes d’Abobo.

Interrogé, avec instance, par le juge-président, lors de son audition, le général DETOH Letho s’est formellement inscrit en faux contre une telle allégation, affirmant la véracité du contraire. Il avait en outre précisé que son ancien patron lui avait même indiqué avoir reçu l’information du général français PALASSE.

Dans un tel cas, de la parole contre la parole, qu’y changerait une confrontation des deux témoins, où chacun ne ferait que réitérer sa déposition primitive ? N’est-ce pas à tendre vers un recours à l’art divinatoire pour trancher une telle question, le juge, en tant qu’un simple humain, n’étant pas en capacité de deviner la version vraie ?

4- Sur les tirs de mortiers par DETOH

Aucune confrontation des deux versions contradictoires ne saurait faire éclore la vérité, en dehors de celle d’un tiers sachant crédible. D’où l’inutilité d’un tel exercice sur ce point.

5- SUR LES ARMES SUPPOSÉES DÉCOUVERTES À LA PRÉSIDENCE

Lorsque, Mangou, lui, les yeux rivés sur un film, supposé tourné dans les services de la Présidence, affirme que les caisses y présentées, contiennent des munitions et sont effectivement entreposées dans les soutes de ladite Présidence, sans attester qu’il était présent lors des constatations, et que le général DETHO, lui, affirme, en revanche, n’avoir vu ce film qu’à la télévision nationale, que peut vraiment apporter une confrontation des deux témoins sur une telle question, au demeurant exposée à la régulation des prescriptions légales en vigueur en la matière.

À la vérité, si une telle ultime séance était organisée, n’achèverait-elle pas de convaincre de la non crédibilité de Mangou ?

IV- CONFRONTATION DES DEUX TÉMOINS, COMME PREUVE DU DOUTE RAISONNABLE SUR LES ALLÉGATIONS DE MANGOU

Il ne faut surtout pas perdre de vue que Monsieur MANGOU Philippe a été entendu, ès-qualité ancien chef d’état-major des armées de Côte d’Ivoire, pendant la crise post-électorale. D’où son auto-proclamation de «témoin important».

Il suit de cela que, censé détenir la vérité absolue sur les activités de toutes les forces de défense et de sécurité, pendant cette période, les déclarations de Mangou devraient emporter preuves testimoniales irréfragables.

Mais, d’où vient-il alors qu’après avoir dit la «vérité», qu’il proclamait, à tout va, être spécialement venu livrer devant cette Cpi, en sa qualité surtout, de «fils de Pasteur», d’où viendrait-il encore, disions-nous, cette sérieuse mise en doute de sa parole, à la lumière de celle de son subalterne, DETOH Letho ?

Depuis quand, en Afrique, après la version du papa, celle du fils compterait encore pour un kopeck ? Cette image ne renvoie-t-elle pas à la maxime de chez nous, trivialement traduite, et selon laquelle, «lorsque la tête est là, le genou ne porte jamais le chapeau».

Mais si, ici «Le genou a porté dignement le chapeau»; cela veut tout simplement dire, qu’après avoir écouté Monsieur DETOH Letho, avec une attention soutenue, les juges de la Cpi ont fini par douter sérieusement de la crédibilité même du pauvre Mangou, l’époux de la «splendide femme».

Or, en matière de judicature, de la valeur probante des déclarations d’un témoin, dépend intimement sa crédibilité.

Aussi le sombre « diseur de vérité », qui nous est directement venu des tropiques, voit-il ses nauséeux mensonges, broyés, en direct, sous ses propres yeux.

Eh oui, c’est maintenant qu’on saisit mieux les lugubres motivations de Mangou, lorsque le général DETOH, fut le seul collaborateur que l’homme avait particulièrement encensé, tout au long de sa déposition : l’amadouer pour en faire un partenaire objectif dans le mal, qui devrait s’abstenir de le contrarier publiquement. Peine perdue !

Le comble pour l’homme, réside dans le fait que, s’il n’a pas réussi à abuser les «étrangers», à mille lieues des réalités ivoiriennes, que restera-t-il encore de Mangou, aux yeux du digne peuple ivoirien ? Point.
Roger Dakouri

2 pensées sur “CPI: vers une confrontation Mangou/Detho Letho?

  • 19/11/2017 à 20:58
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    Lui, le fils du pasteur, pendant la guerre, a préféré briser la chaine de commandement de son armée alors que David, l’homme selon le cœur de D.ieu, pouvait supporter toute sorte d’humiliation, mais ne faisait pas de la dentelle quand son armée affrontait les forces d’invasion étrangères.

    Pardon, faut pas nous dire il n’y avait pas de munition. En 2004 après la forfaiture de l’armée française lorsqu’elle a détruit les MIG24 et les Sukoï 25 des fds, et tuait les jeunes gens à l’hôtel ivoire, les chars français occupaient la ville d’Abidjan et leurs hélicoptères Puma patrouillaient sur la lagune.

    Mangou Philippe nouvellement chef d’état-major, a prévenu l’armée française quoique la flotte de l’armée est détruite, mais qu’elle avait des moyens plus destructeurs que les avions, qu’il n’hésiterait pas à s’en servir s’il le fallait.

    Résultat : pris de peur, les hélicoptères ont arrêté leurs voltiges, les chars sont rentrés en caserne au 43e BIMA. Craignant que le 43e BIMA ne soit bombardé, ils ont dû délocaliser une partie importante de leur matériel vers le nord et diminuer les effectifs du 43e BIMA.

    Il savait donc que faire. Mais il a oublié qu’il est dit : si tu trembles en face d’eux, je te ferai trembler d’avantage. C’est pathétique, aujourd’hui le général de corps d’armée qui commande qui a des commandos des plus aguerri perd sa langue devant des avocats. Son subalterne dit même le contraire de ce qu’il dit.

    Après son témoignage, le journal patriote titre : Merci mon général.
    « Mon fils, si des pécheurs veulent te séduire, Ne te laisse pas gagner.S’ils disent : Viens avec nous! Dressons des embûches, versons du sang, …Mon fils, ne te mets pas en chemin avec eux,… Mais en vain jette-t-on le filet Devant les yeux de tout ce qui a des ailes… C’est à leur âme qu’ils tendent des pièges. » Le fils du pasteur a oublier ces paroles du roi Salomon.

  • 20/11/2017 à 10:09
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    MANGOU doit savoir une chose: tout ce pays sur terre. il as des enfants qu’il aime il a une femme qu’il aime. il a une vie qu’il aime. d’autre en ont perdu tous cela. qu’il comprenne que la vengeance est comme le feu de bousse, elle ravage tout sur son chemin. meme les innocents … alors qu’il profite pour l’heure.

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