CPI : quelques paroles du jour…

« Lorsque je suis allé à l’hôtel du Golf (quartier général d’Alassane Ouattra, NDLR) le 12 avril 2011, pour faire allégeance au nouveau président de la République, assis dans l’après-midi sous un arbre, Koné Zakaria (ex-seigneur de guerre de la rébellion) viendra me trouver pour me dire : ‘’Classe, nous avons pris Tagro mais il s’est tiré une balle dans la tête. Nous sommes promotionnaires, suivez-moi’’.

Je lui dis : ‘’Mais comment ça ? Était-il armé ? Est-il mort ?’’
L’intéressé se contentera de me dire : ‘’Non, nous l’avons transporté dans une clinique’’.
Et j’ai profité pour dire : ‘’Mais, est-ce qu’on t’a donné l’argent (500 millions FCFA de Laurent Gbagbo, en vue de déstabiliser les positions des ex-rebelles, NDLR)’’ ?
Il a répondu par l’affirmative.

Ce que je peux vous dire, vu le milieu dans lequel on était, c’est que je n’ai pas demandé combien il a reçu. Donc, cette information qu’il m’a donnée, monsieur le président, ressemble un peu à un aveu d’impuissance de quelqu’un qui se serait retrouvé face à son bienfaiteur, mais pour qui malheureusement, il n’a pas pu faire grand-chose parce que lui-même se serait tiré une balle dans la bouche.
Je ne connais pas les assassins de Tagro. Je ne connais pas les circonstances. Mais quand je ferme les yeux, ma conscience me travaille sans cesse.

Je ne connais pas les assassins de Tagro. Je ne connais pas les circonstances. Mais la mort de ce grand homme d’État qui a toujours œuvré pour l’avènement de la paix m’afflige. De surcroît, quand je ferme les yeux, je regarde ce visage, sûrement très ensanglanté et le geste que le ministre Tagro fait quand on lui a tiré une balle dans la bouche, cela me revient et ma conscience me travaille sans cesse.
La responsabilité de certains conseillers de Gbagbo

J’ai décidé aujourd’hui de libérer ma conscience. Et je me dis que le ministre Tagro s’est peut-être retrouvé devant un sachant qui, sans intention de lui donner la mort, a voulu tout simplement le faire taire.

Je me pose cette question. Je me pose beaucoup de questions. Monsieur le président, je leur pardonne, devant Dieu, devant la justice des hommes, il n’est pas juste de faire porter aux autres la responsabilité de certains conseillers du président Laurent Gbagbo. Surtout de leurs erreurs. Et les erreurs de ce genre, il y en a eu beaucoup.
rumeursd’abidjan

Vous saisissez la nuance, j’espère…

La principale du jour, c’est le fait que le bureau du procureur Bensouda a volontairement empêché le général Philippe Mangou de rencontrer la Défense de Gbagbo, lors des enquêtes en Côte d’Ivoire. Cette manigance de l’équipe du procureur a été révélée suite à une question de Me Altit. « Pourquoi avez-vous refusé de rencontrer la Défense », a-t-il demandé à Mangou. Et ce dernier de répondre.
« – Non Me, je n’ai pas refusé de vous rencontrer. Le bureau du procureur m’a seulement demandé si je voulais vous rencontrer. J’ai demandé est-ce que c’est obligatoire ? Ils m’ont dit non. J’ai dit non parce que je n’ai pas trouvé cela nécessaire. Mais si j’avais reçu une demande, je vous aurais rencontrés ».

Etonné de la réponse du témoin, Me Altit demande au témoin s’il n’a pas reçu du bureau du procureur une demande de la part de la Défense en vue de le rencontrer. Puis à l’avocat de dire à Mangou : « nous avons donné au bureau du procureur une demande expresse et écrite pour vous rencontrer ». Mangou répond et insiste :
« – Il m’a été simplement demandé si je voulais rencontrer la défense, il n’y a pas de demande expresse ».

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Qui a entreposé les armes et munitions dans le sous-sol du Palais présidentiel ? Voici une question qui mérite bien d’être posée.

En effet après l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 suite à la crise post-électorale de 2010, la télévision ivoirienne (RTI) a montré une cargaison d’armes et de munitions entreposée au sous-sol du palais présidentiel.

Le commentaire qui accompagnait l’élément indiquait clairement que cela était le fait du Président déchu. Une assertion que vient de battre en brèche l’ex chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne Philippe Mangou.

Témoin de l’accusation à la Cour pénale internationale (CPI), l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon fait savoir que pour des raisons sécuritaires, il était impossible sinon suicidaire pour Gbagbo d’entreposer des armes et munitions au sous-sol du Palais présidentiel.

« Le palais présidentiel est un haut lieu stratégique. Le Président de la République de Côte d’Ivoire y est et il y reçoit des personnalités du monde. On ne peut pas donc se permettre de garder une telle quantité de munitions au sous-sol. Le Président ne peut pas s’asseoir sur une telle poudrière. Sinon, il faut remercier le ciel du fait qu’il soit encore vivant », a-t-il fait savoir.

Avant de mieux expliquer : « Pour ceux qui connaissent le palais, derrière il y a un chemin de fer et quand le train passe, on ressent les secousses. Cela peut provoquer des chocs entre les munitions et faire sauter tout le Plateau ».

Qui a donc entreposé ses armes et munitions dans ce sous-sol ? Les a-t-on posées là après l’arrestation de Gbagbo pour lui faire porter le chapeau ?

Autant d’interrogations qui restent en suspens.
AbidjanTV.net