CPI : ce qu’Albert Bourgi pense

Albert Bourgi, Professeur émérite de droit public à l’université de Reims (nord-est de la France). C’est un homme de gauche. Il est ami de longue date du Président Laurent Gbagbo. Joint au téléphone, vendredi 23 février 2018, il se prononce sur le procès de celui qu’il considère comme son frère.

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« Depuis son incarcération à la Cour pénale internationale, je lui ai rendu visite à plusieurs reprises. Les premières fois, quand je sortais de La Haye, j’avais plutôt le cœur serré. Lors de mes dernières visites, je suis plutôt en paix. Il y a désormais plus que de l’espoir. Et très bientôt, il fera jour. Les clignotants désormais sont au vert.
Le procès de Laurent Gbagbo est dans sa dernière phase. Les trois juges ont demandé à la procureur Fatou Bensouda des compléments d’information qu’elle elle a du mal, en ce moment, à réunir.De toute évidence les juges veulent vite en finir avec ce procès. Ils veulent accélérer la procédure.
Aujourd’hui,comme d’habitude, Laurent Gbagbo est en grande forme. Il est serein et surtout conscient de n’avoir rien fait pour être là où il est aujourd’hui. Il s’en remet toujours à la justice. Et surtout il reste convaincu d’avoir mené le combat pour son pays et pour l’Afrique. A chaque rencontre avec Laurent Gbagbo, on parle de tout. Notre dernière conversation a tourné autour de l’actualité africaine et nous avons notamment échangé sur la personnalité de Mugabé. Il est resté toujours le même. Égal à lui-même. Il n’a pas changé. Toujours les mêmes convictions. Toujours jovial.
Laurent Gbagbo m’est cher. J’ai un lien ancien et extrêmement fort avec lui. C’est un engagement politique qui m’a marqué, et surtout jalonné mon parcours personnel.
Tout le monde sait que c’est Ocampo qui a mené toute cette cabale pour traduire au pas de course Laurent Gbagbo devant la Cpi. C’est ainsi qu’on vit l’ancien Procureur Moreno Ocampo brandir en guise de preuves contre Laurent Gbagbo de simples coupures de presse ! Et tout cela s’est fait avec la bénédiction de certaines puissances. Notamment de la France de Sarkozy. C’était la volonté de ce dernier de le casser et faire en sorte qu’à sa place s’installe Ouattara. C’est tout simplement cela. Et je le dis ouvertement et fortement, c’est par la volonté de Sarkozy et sa seule volonté, qu’il y a eu tout ce qu’on sait en Cote d’Ivoire.
Le retour de Laurent Gbagbo à Abidjan drainera, j’en suis convaincu, des foules immenses. Et c’est de ça dont le pouvoir actuel a peur. J’espère être parmi les témoins privilégiés de ce retour. Je suis convaincu que cela se passera beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine.
La leçon à tirer est que le soutien de l’opinion publique, ce qui est le cas aujourd’hui en Cote d’ivoire, a souvent une force beaucoup plus importante qu’on ne le croit. La Cour pénale internationale reste sur la sellette. Quoiqu’il en soit, l’espoir est réel de voir rapidement Laurent Gbagbo revenir dans son pays. »
Michel Galy