Alep: les animaux et la guerre

 Ce jeune homme Pierre Le Corf est un volontaire français qui vit à Alep; il ose décrire ce qu’il voit, et biensûr, il voit ce que les journalistes absents sur le terrain ne voient pas, mais déforment pour les « besoins de la cause » occidentale
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On n’en parle jamais mais il y a un autre type de victimes de cette guerre, tous les animaux qui vivent ici, tués par les balles, bombes, obus etc. beaucoup n’y voient pas d’intérêt mais j’ai beaucoup de respect pour ces communautés silencieuses. Ils sont aussi les héros de cette guerre mais notre espèce s’est continuellement considérée supérieure, relayant toute forme de vie au second plan. Pour cela nous sommes les moins évolués dans et hors de la chaîne alimentaire sinon les plus violents: nous sommes la seule espèce incapable de vivre en harmonie avec les autres formes de vie , la seule. Consommer, détruire et réduire à l’esclavage. Beaucoup continuent de penser que ces êtres n’ont pas d’âme, ne pensent pas, ne ressentent pas comme nous. En effet, pas comme nous. Parce qu’ils ne font pas la même chose de la même manière alors ils ne valent pas notre considération?

J’en ai vu de nombreux mourir lors d’attaques, les humains par terre mais aussi eux, silencieux mais eux aussi ressentant la guerre et la mort qui arrive. Ils sont très suspicieux, sur leur garde, mais dès que vous passez les premières barrières, leur monde s’effondre, ils se collent à toi, cherchent à rentrer dans ta veste, veulent des câlins et de l’amour. Je nourris quelques chats dans ma rue, avec les combats beaucoup de gens ont voyagé, les chats se sont enfuis ou été abandonnés, ils se sont reproduis dans la rue, donnant lieu à de nouvelles portées qui donnent de nouvelles portées, mais ils restent très unis aux humains malgré tout ce qu’on leur fait et nous faisons à nous-même.

Les chiens eux vivent plutôt dans les périphéries, ce sont comme des gangs, ils se déplacent et semblent survivre en petit groupe, ca m’a marqué de voir des chiens de toutes les tailles et couleurs, se suivre les uns à côté des autres, la guerre a créé ce comportement chez les gens aussi. Ils ne sont pas agressifs, craintifs et fatigués, ils ont cette démarche lente et paumée, ne sachant pas ou aller, survivants.

Les oiseaux c’est la même chose, une fois j’en ai vu un tomber, il avait pris une balle. Les oiseaux vivent en formation et semblent se rassembler dans le même arbre, vous ne les voyez pas errer par ci et par là, vous pouvez être sûr que si vous regardez 10 arbres, vous verrez tous les oiseaux dans un seul. Pendant les combats, les balles, obus etc tu sais quand quelque chose arrive, ils les voient arriver et rompent la formation quelques secondes pour se regrouper plus bas et plus haut, criant de peur.

Nous avons inventé le mal dont nous nous plaignons, peut-être devrions-nous regarder un peu plus autour de nous et nous inspirer ce ceux qui ne vivent d’aucune crise économique, d’argent, de pouvoir, de parti politique, de guerre, de massacres gratuits, … et qui malgré nos comportements, savent rester des amis honnêtes.

Pierre Le Corf à Alep.