Affi s’accroche à la CEI

Ce que cache l’émergence d’Affi pour la nouvelle Cei

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Un coup, voilà Pascal Affi N’Guessan qui émerge ! A quelle occasion ? Pour soutenir la nouvelle Cei. La Commission électorale indépendante. Aux côtés du ministre d’Etat, ministre de la Défense Hamed Bakayoko, Affi N’Guessan a déclaré, en signe de sa confiance dans le pouvoir : « Le gouvernement permet que le choix du président de la Cei se fasse en concertation avec l’opposition. De sorte qu’il soit une personnalité consensuelle non marquée politiquement ». Telle est l’expression de validation de l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo à l’œuvre du gouvernement sur la Cei.

Malgré tout le débat sur cette Cei, malgré l’indignation générale liée à la sortie malheureuse et suspecte du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, l’honorable Affi est allé congratuler le pouvoir. A tel point que le confrère Le Nouveau Réveil dans sa parution du mardi 3 septembre 2019 a dû afficher à sa Une : « Affi un opposant opposé aux intérêts de l’opposition ». Excellent titre !

Que se passe-t-il ? Sur la Cei, il faut noter deux choses. La première, Ouattara a réussi à diviser davantage l’opposition. Même si ce ne sont pas des poids lourds, leur nom ou titre d’ « opposant » pour ceux qui ne les connait pas trop, suffit pour faire valoir. On voit Henriette Lagou, qui hier au Pdci, était une des personnes chargées de la question de la Cei. Henriette Lagou l’a rejoint et elle n’hésite plus à apporter son soutien indéfectible à tout ce que fait le gouvernement.

La « griotique » en marche. On voit également le député Pascal Affi N’Guessan qui dit que sur la Cei, il y a des avancées notables. Que cherche Ouattara de plus ? Excellent soutien ! Il a donc au moins réussi à diviser davantage l’opposition. La deuxième chose, c’est qu’Affi se venge certainement de sa mise à l’écart de la plate-forme naissance Fpi-Pdci. Le rapprochement Gbagbo-Bédié le laisse sur la touche et cela n’est pas plaisant. Il rebondit donc sur la question de la Cei. Avec peut-être, la hargne de les faire regretter sa mise en congé politique.

Cela étant, à partir du moment où la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples s’était prononcée sur la valeur juridique de la Cei, il aurait fallu la consulter pour avis de conformité avant de promulguer la loi sur cette institution. Mais en lieu et place, il y a un passage en force, comme le Rdr sait bien le faire. Il y a une stratégie de division de l’opinion. De sorte que, en fonction du peu de résultat engrangé, on puisse négocier le silence des Ong et de la partie de l’opposition qui se plaint. Tout cela pour faciliter le passage en force. Car la Cei, ce sont deux grandes articulations. La Commission centrale et les commissions locales. Jusque-là, il y avait 17 membres. Sur les 17 membres, dans l’ancienne Cei, parmi les représentants des partis politiques, l’opposition avait 4 et le parti au pouvoir, 4. Cela faisait 8. Et on avait les représentants de l’administration centrale, des Ong et des religieux, etc. Mais qu’est-ce qui faisait le débat ? On estimait que la Cei dans cette composition-là était inféodée au parti au pouvoir. Donc en termes de modification, au lieu d’avoir 17 membres, on en a 15. Ce qui a changé, c’est uniquement la composition en termes de volume, le nombre de représentants… Mais les questions de fond, liées à l’inféodation au parti au pouvoir, à l’indépendance, n’ont pas été traitées.

Et le député Affi émerge pour applaudir cette escroquerie morale. Quoi qu’on dise, les représentants de l’administration sont exactement des porte-voix du Président de la République et du parti au pouvoir. Voilà le problème. En plus, dans les Cei locales, il y avait 7 membres par Cei locale. Et là, on n’avait pas jugé utile d’intégrer les Ong, les voix indépendantes et autres, si bien que c’est là qu’il y a toujours des querelles. Et cela reste articulé sur la parité des partis au pouvoir et les représentants de l’administration. Donc qui est sur les lieux mêmes de contestation ? Qui y veille ? Dans les Cei locales, on aura finalement 5 personnes sur 7 qui seront proches du pouvoir. En clair, les éléments qui consacrent l’inféodation n’ont pas été traités. La Cei n’est donc pas indépendante. C’est une Cei forcement confligène. Elle dénote de la volonté de passage en force et c’est cela qui fait peur. Est-ce qu’on prépare la guerre ou la paix ? Nul ne peut le dire. Les pressions judiciaires, l’embastillement de l’opposition, la force policière… Tout cela n’est pas rassurant. Et le pays paie cher, parce que selon des bruits du milieu économique, les investisseurs ont tendance à ralentir le flux des investissements. Parce que 2020 ne montre aucune assurance. C’est d’ailleurs pourquoi eux-mêmes, caciques du parti au pouvoir, ne croient pas à la sérénité de 2020 que bien d’entre eux ont inscrit leurs enfants pour l’année scolaire 2019-2020 à l’étranger, loin du théâtre ivoirien.

Affi peut émerger aux côtés du chaos ivoirien en perspective. C’est son droit. Mais la Côte d’Ivoire a aussi le doit de s’indigner. Proprement.
Germain Sehoué

LE DÉSORDRE POLITIQUE IVOIRIEN

Le pouvoir ivoirien peut bien se frotter les mains. Le Niet unanime de l’Opposition politique à siéger dans une CEI, qui n’offre, selon Pascal Affi N’Guessan, « aucune garantie d’impartialité », a enregistré sa première défection : la tendance légale du FPI et certainement, ses alliés de l’AFD.
Affi et ses partenaires sont revenus à la table des discussions avec le Gouvernement et n’écartent pas de prendre part à la composition de la commission électorale.

On le voit, comme en 2014 avec les volte-face toujours au sujet de la CEI, c’est à nouveau le sauve-qui-peut dans l’Opposition pour aller en désordre de bataille.
Cette zizanie, suscitée ou pas, représente, depuis 2011, une aubaine pour le régime Ouattara. Tous les partis politiques représentatifs (FPI, PDCI-RDA, PIT, UPCI, MFA…), à l’exception du RDR et de l’UDPCI qui conduisent le parti unifié RHDP, sont installés dans le schisme et tirent à hue et à dia.
Et dans ce désordre, la première conséquence de la sortie d’Affi, se désolidarisant, le 2 septembre 2019, de l’Opposition en général, est l’explosion en plein vol de la plateforme qu’il a portée sur les fonts baptismaux avec Henri Konan Bédié.

Le président légal du FPI, après de nombreuses interpellations, voyait d’un mauvais œil sa marginalisation au profit de Laurent Gbagbo et de sa faction. Et la Une accusatrice du journal Le Nouveau Réveil, porte-voix du PDCI-RDA, en date du 3 septembre 2019, « Affi a-t-il été acheté ou est-il otage de Ouattara », a suffi pour signifier la fin de la lune de miel, mettant le feu aux poudres des antagonismes qui sont aussitôt apparus.
Les alliances politiques sont, en effet, conjoncturelles et fragiles. Minés par des arrière-pensées et autres agendas cachés, ces mariages, scellés sur des quiproquos, se terminent, tous, par des clash retentissants.
Avant-hier, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ont mis fin à leur idylle dans le cadre du Front républicain, pour devenir des ennemis intimes.

Hier, Alassane Ouattara et Konan Bédié, unis au sein du RHDP, ont divorcé pour devenir des adversaires jurés. Toujours hier, Alassane Ouattara et Soro Guillaume, alliés au RDR, ont coupé le cordon ombilical et ne regardent plus dans la même direction.
Aujourd’hui, Bédié et Affi ont rompu leurs fiançailles sur des malentendus au moment où Bédié, malheureux d’avoir appelé à voter pour Ouattara, et Gbagbo se content fleurette dans une alliance que certains qualifient d’improbable.
À la vérité, la classe politique ivoirienne n’est pas au bout de ses surprises et de ses arrangements circonstanciels.
FERRO M. Bally

CEI. Le pouvoir ivoirien veut convaincre ses détracteurs que « ce n’est pas la Commission électorale indépendante ou CEI qui vote ». Mais il n’est pas dupe.
Ne lésinant donc sur aucun moyen, l’État est sens dessus sens dessous dans les débats sur cet organe électoral.
Gilbert Koné Kafana, ministre auprès du chef de l’État en charge des Relations avec les Institutions de la République et du Dialogue politique, n’est pas en première ligne. Bleu dans les tractations souterraines, il a été court-circuité.
Pis, l’État est dans tous ses états. Hamed Bakayoko, ministre d’État et deuxième personnalité du Gouvernement, ne lâche pas prise; il ne s’est donc pas gêné pour accepter une rétrogradation…administrative.
Comme si Alassane Ouattara pouvait, dans les règles de l’art, remplacer son vice-président Duncan en mission, c’est Hamed Bakayoko qui a assuré l’intérim de Sidiki Diakité, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, pour négocier avec Pascal Affi N’Guessan et la branche légale du FPI.
Ces mises en scène indiquent clairement que, comme le soutient mordicus Joseph Staline, « ce qui compte, ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes ».
Bally Ferro

GUIKAHUE répond à Affi :

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Le lundi 2 septembre 2019, c’est avec étonnement que les militants du PDCI-RDA, notre Parti, ont écouté Monsieur Pascal AFFI NGUESSAN, au sortir d’une séance de négociations avec le Gouvernement.

Cette activité qui ressort de la souveraineté et de l’autonomie des Partis politiques n’a appelé aucun commentaire de la part de la Direction du PDCI-RDA.

Mais quelle ne fut notre surprise de lire dans les colonnes du quotidien Fraternité-Matin, du mercredi 4 septembre 2019, en son numéro 16413, cette déclaration de Monsieur AFFI N’GUESSAN : « Je déplore simplement le revirement du Président du PDCI-RDA. Aujourd’hui, on ne sait plus si cette plateforme verra le jour. Sur le plan éthique, cette attitude de Henri KONAN BEDIE n’est pas correcte. ».

Je voudrais porter à la connaissance de Monsieur AFFI NGUESSAN que la plateforme initiée par le Président Henri KONAN BEDIE a vu le jour, le jeudi 1er août 2019, par la signature de sa charte organisationnelle.

Cette plateforme est baptisée « COALITION POUR LA DÉMOCRATIE, LA RÉCONCILIATION ET LA PAIX en abrégé (CDRP) » et la cérémonie officielle de lancement de ses activités se fera dès le retour au Pays du Président Henri KONAN BEDIE.

Je voudrais également rappeler à Monsieur AFFI NGUESSAN, qu’après la signature de la résolution relative aux propositions et à la vision des Partis politiques de l’opposition sur la réforme de la CEI, la décision prise par le Groupe des 24 signataires dont AFFI N’GUESSAN, est de ne pas participer aux discussions avec le Gouvernement tant que nous n’aurions pas reçu les termes de référence promis par le Premier Ministre Amadou GON COULIBALY, le 4 avril 2019.

Contre toute attente et sans crier gare, Monsieur AFFI NGUESSAN, a pris part aux discussions avec le Gouvernement…

Cette situation a amené les autres Partis politiques signataires de la résolution sur la réforme de la CEI, à mettre le FPI/ AFD en observation et à poursuivre la construction de la plateforme sans rompre cependant avec Monsieur AFFI NGUESSAN.

De plus, quand le Gouvernement nous a saisis à l’effet de désigner nos représentants dans la nouvelle CEI, c’est Monsieur AFFI NGUESSAN qui nous a joints et conseillés le refus en bloc de notre participation dans cette Commission Electorale Indépendante.

Il a, à cet effet, animé la première conférence de presse, le mardi 20 août 2019.

Nous lui avons emboîté le pas le mardi 27 août 2019 avec à la clé notre correspondance de refus de désigner un représentant à la CEI, adressée le même jour au Gouvernement.

Au moment où nous nous attendions au dépôt de la correspondance de Monsieur AFFI NGUESSAN, nous l’avions vu sortir d’une rencontre d’échanges avec le Gouvernement, le lundi 2 septembre 2019.

Nous voudrions dire à Monsieur AFFI NGUESSAN ce qui suit : autant il est libre de gérer son Parti, autant le Président Henri KONAN BEDIE gère son Parti en toute indépendance, libre du choix de ses interlocuteurs.

Henri KONAN BEDIE ne s’est pas renié, il est dans une logique de la réconciliation nationale.

L’interrogation majeure des signataires de la plateforme initiée par le Président Henri KONAN BEDIE est la suivante : Monsieur AFFI NGUESSAN est-il encore digne de confiance ?

Fait à Abidjan, le 4 septembre 2019.

Pr. Maurice KAKOU GUIKAHUE
Secrétaire Exécutif du PDCI-RDA

Gilles Christ Djedje