réflexions critiques sur la version de Judi Revers sur le génocide rwandais

Aujourd’hui, ce à quoi il faut le plus faire attention sont les raisonnements et les idéologies. A votre avis, pourquoi dès que les grecs ont insisté pour rencontrer Jésus, celui-ci a annoncé sa mort, que les soldats romains ont bien veillé à ce qu’elle soit effective, en lui perçant le côté ? Ne dit-on pas que la civilisation actuelle est gréco-romaine ? L’idéologie et la lance de la mort sont là. C’est pour cela qu’il est plus qu’important de réfléchir sur l’interview accordée à Judi Rever par l’IVERIS relativement à son ouvrage sur le génocide rwandais qui accuse le FPR de Paul Kagamé de génocide contre les Hutus.[i] Quoique notre but ne soit pas de disculper quiconque, nous trouvons que Judi River tord tout de même le sens et la réalité des choses (I) ; que son raisonnement pose la question de la légitime défense et celle de l’obligation d’assistance à personne en danger (II), mettant ainsi à nu les raisons plus lugubres d’un tel raisonnement.

  1. RÉALITÉ TORDUE DES CHOSES

Quoique beaucoup de points de l’interview méritent une réponse, nous ne répondrons qu’à quelques-uns d’entre eux.

Pourquoi malgré la concordance de ces preuves, cette histoire reste-elle un sujet polémique ?
– Le gouvernement rwandais et ses lobbyistes, surtout en France, essayent avec force de délégitimer toute personne et toute tentative sérieuse d’éclaircir ces faits historiques… En France, en particulier, les médias répètent sans cesse le récit fourni par le régime de Kigali.

Étonnant, un gouvernement africain aurait des lobbyistes capables de faire pression sur la France et museler les médias français ! Soyons sérieux. Ces médias français qui tirent orgueil de leur force de parole et en font l’arme fatale quand il s’agit des questions africaines, se contenteraient ils de répéter le récit d’un régime africain, qui surtout accuse des hommes politiques de haut rang français de crimes imprescriptibles ? Comme il est dit, l’iniquité ferme la bouche.

 

Dans cette histoire tragique, il reste des événements inexpliqués, notamment le départ de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MINUAR) dix jours après le début du génocide. Avez-vous rencontré, Roméo Dallaire, le patron de cette mission ? Comment l’ONU a-t-elle justifié ce départ à l’époque ? Comment continue-t-elle à le justifier 24 ans après ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de poursuites et de sanctions contre les autorités qui ont pris cette décision ?
Malheureusement le général Dallaire a refusé ma demande d’interview et ses propos publics depuis 1994 ont tendance à obscurcir l’histoire. La réalité est celle-ci : Paul Kagame a dit clairement à la MINUAR qu’il fallait quitter le Rwanda, si l’ONU essayait d’intervenir dans le conflit, l’armée et le FPR la considéraient comme l’ennemi et l’attaqueraient.

Si le général Dallaire a refusé votre demande d’interview et que vous ne croyez pas en ses propos publics, d’où tenez-vous donc votre réalité ? A la réalité, les hutus extrémistes accusaient les casques bleus belges de pactiser avec le FPR. En effet, les belges comprenaient que quelque chose de grave allait se passer et œuvraient pour l’éviter. Les casques bleus sont partis lorsque des militaires belges essayant de protéger le premier ministre qui était hutu modéré ont été tués par les extrémistes hutus.

 

Les États-Unis, déjà alliés avec les cadres du FPR, ont aussi activement empêché le Conseil de Sécurité de l’ONU de maintenir une force de paix au Rwanda durant le génocide. Dans les années qui ont suivi, Paul Kagame a déformé l’histoire en expliquant que la communauté internationale avait abandonné le Rwanda, or c’est faux. En réalité, il a fait tout pour que l’ONU quitte le territoire.

Pourquoi les Etats Unis ont refusé d’intervenir au Rwanda ? Quelques mois plutôt, en Octobre 1993, soit six mois avant le début du génocide Rwandais, l’opinion publique américaine a reçu un très grand choc suite à la bataille de Mogadiscio. Que s’est-il passé ? En Octobre 1993, la Task Force Ranger abrégée « TF Ranger » déployée en Somalie dans le cadre de la Résolution 867, lance une opération dans le quartier de la Mer Noire à Mogadiscio en vue de capturer des chefs de guerre. Quoique surpris par les militaires américains, les combattants somaliens n’ont pas fui mais ont plutôt réagit avec rapidité et efficacité face à l’attaque. Les somaliens ont tué 19 soldats américains et blessé 84 autres. Ces faits ne pouvaient pas être cachés de l’opinion publique américaine puisque certains cadavres furent déshabillés et traînés dans les rues, sous les caméras de journalistes.[ii] A cette suite, Le 6 octobre 1993, au cours d’une intervention télévisée, le président Bill Clinton annonça la fin des opérations contre Aidid. Le 25 mars 1994, la quasi-totalité des soldats américains quittèrent la Somalie.[iii]

Alors qu’ils quittent la somalie en mars 1994, en avril 1994, la bataille de Mogadiscio trop encore présente à l’esprit, n’est-il pas logique et raisonnable que les américains refusent d’ordonner d’opération onusienne au Rwanda ? L’on connait la suite, des soldats belges ont été tués par les hutus extrémistes, même pas au cours d’une bataille que ceux-ci auraient engagés. Telle est la réalité des faits ! Pourquoi des soldats français n’ont pas été tués ? Simplement parce qu’ils soutenaient et protégeaient ceux qui tuaient.

D’après ses proches, il a été particulièrement agacé lorsque le Président français de l’époque, François Mitterrand, a autorisé le déploiement de l’Opération Turquoise en juin 1994. Il craignait que cette mission ralentisse ou stoppe sa victoire militaire et/ou constate ce qui se passait sur le terrain, c’est-à-dire ce que faisaient ses troupes derrière le front.

Visiblement, les militaires français étaient acquis à la cause des génocidaires. Il y avait donc à craindre qu’ils n’ils n’arment les génocidaires et les aident à s’enfuir. Ce que les français ont d’ailleurs fait.

Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’après la tragédie de 1994, François Mitterrand ait évoqué un double génocide.

Nous y reviendrons (dans le II)

 

Récemment encore, un des prétextes utilisés par Paul Kagamé pour justifier l’intrusion de son armée ou de milices chez son voisin congolais consiste à dire qu’ils pourchassent les milices Interahamwe, (Hutu qui ont fui le Rwanda en 1994). Mais est-ce qu’il existe des survivants de cette époque ?
Ce que les enquêteurs de l’ONU ont pu démontrer est que les forces de FDLR (le regroupement de milices Hutu au Congo aujourd’hui), sont toujours actives dans ce pays mais ne représentent pas de vraie menace militaire pour le Rwanda. Les exactions et les attaques qui sont attribuées aux membres du FDLR sont commises contre le peuple congolais et non pas contre les Rwandais.

Les FDLR (regroupement de milices Hutu) qui commettent des exactions et des attaques sur les populations au Congo, dans un pays limitrophe au Rwanda, ne constitueraient pas une vraie menace pour le Rwanda ! Un tel raisonnement est fort étonnant, à moins qu’il ne soit orienté. Il me semble que si un groupement d’hommes armées attaques et sévissent en dans l’un quelconque des pays européen, ne constituerait il pas une menace pour les pays de l’Union européenne ? Il ne faut pas avoir des raisonnements légers. La vie d’un homme coute chère.

 

En France, le dossier rwandais suscite toujours autant de controverses et il est difficile de revenir sur l’histoire dite « officielle ». Est-ce que les difficultés sont les mêmes aux Etats-Unis et au Canada ?
Il est aussi très difficile au Canada et aux États-Unis de revenir sur le récit officiel du génocide, c’est à dire l’histoire officielle du FPR,

Le FPR imposerait même sa vision de l’histoire aux Canadiens et aux Américains ! Les mayas et les inca n’ont pas pu, la Russie n’y arrive pas, les islamistes non plus, mais c’est un le FPR un mouvement politique et militaire d’un petit pays en Afrique qui arrive à imposer sa vision de l’histoire aux occidentaux ! Soyons sérieux ! A la vérité, comme il est dit, l’iniquité ferme la bouche.

 

Il y a aussi Patrick de Saint-Exupéry[iv], qui a bâti sa réputation professionnelle en accusant certains militaires et hommes politiques français d’avoir défendu aveuglément un régime sanguinaire, (l’ancien régime hutu en place),

Au moment des faits, il était reporteur au service international du Figaro et commence à travailler sur le dossier Rwanda à partir de 1990.[v] Et ce qu’il dit est corroboré par plusieurs documentaires.[vi]    

 

  1. LEGITIME DÉFENSE ET OBLIGATION D’ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER

Consacré en Europe par l’article 2.2 de la convention européenne des droits de l’homme et en France par l’article 122-5 du Code pénal, la légitime défense est le droit qui revient à tout un chacun de se substituer à l’autorité publique défaillante et repousser, au besoin par la violence, une agression actuelle et injuste le menaçant ou menaçant autrui.[vii] L’on peut donc légitimement se défendre ou défendre autrui.

Par cette possibilité de légitimement défendre autrui, la légitime défense rejoint le devoir d’assistance à personne en danger.[viii] En effet, lorsque quelqu’un court un risque pour sa vie, fait face à un danger grave, l’on a le devoir de lui porter assistance et secours.

Au Rwanda, depuis plusieurs années avant 1994, compte tenu des politiques mises en place, les Tutsis sont constamment victimes de violence de la part des Hutus.[ix] Ils sont donc obligés de fuir le Rwanda et se réfugier dans les pays limitrophes. Les autorités politiques et militaires, à fort dominance hutus, ne font rien contre ces violences, mais au contraire les encouragent. Pire, toutes personnes modérées subissent le même sort.

Face à ces agressions injustes et constantes, menaçant leurs parents restés au Rwanda ; face à ce danger grave de l’élimination des Tutsis restés ; face à l’inaction des autorités publiques malgré ces exactions ; les enfants des Tutsis massacrés et chassés vers l’Ouganda décident d’organiser leur légitime défense et de satisfaire à leur devoir de porter assistance à leurs parents en danger au pays.

Dès leur entrée en scène ouvertement en 1990, les militaires français deviennent les instructeurs de l’armée Hutu du Rwanda. Ils fournissent formations, armes et munitions ; à quelques mois d’avril 1990, d’une armée de 5.000 hommes les français en font une de 30.000 hommes ; pendant qu’ils forment les gendarmes, ils forment en même temps plusieurs groupes de milices qui se coaliseront dès le lendemain de l’attentat du 6 avril 1994. Par les services de l’ambassade de France à Kigali et ceux de la DGSE, les pouvoirs politiques en France sont très bien informés de ce qui se prépare contre les Tutsis. Mais ceux-ci, en accord avec le projet, ne réagissent pas. Les français portent ainsi soutient aux extrémistes Hutus qui ne cachent pas leur volonté d’exterminer les Tutsis et Hutus modérés.[x]

Dès lors, face à ce danger imminent, l’intervention des Tutsis de l’étranger pour porter assistance et secours à leurs frères de l’intérieur devient plus que nécessaire l’intervention. N’est-il pas rapporté qu’à la libération de Kigali, il y eu une liesse de joie dans les rues comme après la libération de la France par les alliés !

Il est indéniable qu’en usant de son droit de légitime défense, en accomplissant son devoir d’assistance de personne en danger face à des génocidaires, l’on va forcément donner la mort. Par ailleurs, il va de soi que la riposte soit dirigée contre ceux qui attaquent, en l’occurrence contre des hutus extrémistes armés. Cependant, peut-on qualifier de génocide la riposte entreprise ?

De sa définition, le génocide est la volonté manifeste d’éradiquer un peuple. Le FPR avait une telle intention ? Lorsque l’on constate qu’au sein du FPR il y avait en plus des Tutsis des Hutus qui étaient contre l’entreprise génocidaire de leur frères, et que le représentant politique même du FPR était est Hutu ; quand on voit qu’à la libération de Kigali les miliciens interahamwé capturés n’étaient pas exécutés mais plutôt emprisonnés ; quand l’on constate que ceux qui sont capturés disent avoir été induits en erreur et sont prêts à combattre contre les génocidaires, l’on comprend que la riposte organisée par le FPR n’a pas une visée génocidaire.

  • LES RAISONS PLUS LUGUBRES DU RAISONNEMENT

Pourquoi donc, alors que ce n’est pas le cas, accuser le FPR de génocidaire et fustiger ceux qui mettent en exergue le rôle de la France dans le génocide Rwandais ? A bien y réfléchir, l’on y trouve une raison apparente et une moins apparente mais plus lugubre.

Rwanda : Révèlations de Judi Rever dans une ITW à "Journalists for justice"

En effet Judi River cherche à disculper la France de toute responsabilité dans le génocide Rwandais, ou tout au moins à donner bonne conscience à la France en disant d’elle, qu’elle n’est pas la seule responsable de génocide ou qu’elle n’est pas la seule qui doit en être accusée. C’est inutile puisque François Mitterrand, d’un air arrogant, l’a déjà fait. Pire la France, ne se sentant pas coupable n’a jamais manifesté qu’elle avait du remord, ne serait-ce qu’en s’excusant publiquement comme l’a fait la Belgique.

La plus lugubre de cet ouvrage, est de développer un complexe auprès des peuples pour annihiler toute légitime défense en cas d’agression actuelle et injuste les menaçant ou menaçant autrui, ou freiner toute volonté de porter assistance à personne en danger lorsque les leurs seront en train de courir un risque pour leur vie ou feront face à un danger grave.

C’est un peu comme en 2005, lorsque les français se rendent compte que dans une confrontation directe avec les FDS de Côte d’Ivoire, ils pourraient être très sérieusement mis en difficulté, ils les accusèrent de détenir des armes avec lesquelles ils pourraient commettre des actes de terrorisme.[xi] Comment pour une armée régulière, défendre son pays pourrait-il constituer des actes de terrorisme ?

Même si ce complexe n’a pas fonctionné en décembre de la même année, il en fut autrement en 2011. Le complexe d’être accusé d’utiliser des armes de destruction massive, de terrorisme, de crime contre l’humanité et de possibilité d’être poursuivi devant la CPI a fonctionné.

Aujourd’hui, certains qui veulent un jour briguer la magistrature suprême en Côte d’Ivoire, vont jusqu’à qualifier la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire – FESCI- d’un mouvement terroriste pour emprisonner au Canada un ancien secrétaire général du syndicat des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire.[xii] Avec ces gens, il faut s’attendre à un « hôtel du golf bis » dans les années à venir.

CONCLUSION

Une chose est claire, ce livre est annonciateur de grandes guerres meurtrières en Afrique. Il est de remarquer l’image de couverture est une tête de félin sur un fond noir. Ce félin est-il l’emblème du Rwanda ? Non ! Celui du FPR ? Non ! Ce félin fait-il parti de la faune du Canada ? Non ! Pourquoi cette tête de prédateur sur un fond noir ? La tête étant le siège du cerveau, de la matière grise, le centre de réflexion, cette tête de félin sur fond noir ne symbolise-t-il pas les idéaux de prédation violente du continent noir ? Quand nous serons en train d’organiser des génocides chez vous, vous ne devez pas vous défendre contre la machine de prédation même si c’est légitime, encore moins vous ne devez apporter d’assistance à vos vieillards, femmes et enfants en danger. Si vous le faites, nous vous accuserons de génocide, de crime contre l’humanité, sans jamais nous repentir de celui qui a été commis avec notre complicité. Comment le titre d’un ouvrage peut être « A la louange du sang » ?

VENYAMIN

[i] A la louange du sang http://resistancisrael.com/in-praise-of-blood-pour-sortir-de-lhistoire-officielle-du-genocide-rwandais/

[ii] Si c’était aujourd’hui, les vidéos seraient sur youtube

[iii] Pour plus de détails sur la bataille de Mogadiscio https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Mogadiscio

[iv] Au moment des faits, il était reporteur au service international du Figaro et commence à travailler sur le dossier Rwanda à partir de 1990.

[v] « En direct de Mediapart » : Rwanda, la responsabilité de la France https://www.youtube.com/watch?v=XXygweundBo

[vi] Rwanda L’histoire qui mène au génocide part 3 https://www.youtube.com/watch?v=5qS9HZBg8yk

Comprendre le génocide des Tutsis au Rwanda https://www.youtube.com/watch?v=A-21xy6-OJo

[vii] https://justice.ooreka.fr/astuce/voir/431377/legitime-defense

[viii] dont le cadre et les peines sont définis en droit français par l’article 223-6 alinéa 2 du Code Pénal

[ix] Ce n’était pas une question de «  j’étais dans un véhicule et puis les corps habillés ont demandé à contrôlé ma pièce d’identité ».

[x] D’ailleurs, c’est en protégeant la première ministre hutue modérée, que les casques bleu belges ont été tués par les Hutus extrémistes.

[xi] Pourquoi le texte est il indisponible ? https://resistancisrael.com/un-exemple-des-preparatifs-de-la-france-pour-ruiner-le-potentiel-militaire-de-la-cote-divoire/

[xii] https://www.youtube.com/watch?v=8jfioDehUU8

Une pensée sur “réflexions critiques sur la version de Judi Revers sur le génocide rwandais

  • 05/08/2018 à 19:54
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    Nicolas Sarkozy a si bien qualifié le monde: « le monde est dangereux ». Judi River use d’une historique romano-catholique arme malsaine : le sophisme.
    Le faux, le mensonger savamment organisé et articulé, transformant la victime en bourreau et l’exposant à l’invective collective : voici le travail de la france.
    La france a commis beaucoup trop de crimes en Afrique, et surtout en Afrique noire. Mais, chose étrange, elle n’en éprouve aucun remord!
    La france prépare et exécute un coup d’état en 2002 en Côte d’Ivoire. En une nuit plusieurs personnes sont tuées. En novembre 2004, la même france fait avorter l’initiative de libération de la Côte d’Ivoire en tuant des milliers de personnes : elle ne s’émeut de rien! De novembre 2010 à ce jour 05 août 2018, la france tue et fait tuer hommes, femmes et enfants sans aucune gêne!
    Judi River ne fait qu’actualiser une démarche déjà pratiquée.
    Cette fois, attendons de voir!

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