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Comme l’ont rapporté certains
confères dans leur parution des
mercredi 11 et jeudi 12 mars 2015,
après Mamadou Koulibaly (Lider),
après Ahipeaud Martial, après
Kouadio Konan Bertin dit « KKB »,
après Kablan Brou Jérôme, après
Essy Amara, après Charles Konan
Banny (les quatre derniers cités
étant tous sortis de l’écurie du
PDCI-RDA), voilà un septième
Ivoirien décidé à briguer le fauteuil
de la magistrature suprême de son
pays, en ce moment occupé par sa
majesté Ouattara 1er qui n’a, dé-
mocratiquement, aucune intention
de le céder, pour les cinq années à
venir, à personne. Même s’il estime
que « la multiplication des candida-
tures est la preuve de la vitalité de la
démocratie ivoirienne ». Ce sep-
tième Ivoirien qui a déclaré sa can-
didature ce mardi 10 mars 2015
dans la commune de Yopougon, dit,
lui, qu’il se présente en candidature
indépendant pour plusieurs raisons.
Nous vous proposons sa déclaration
en intégralité.
«Chers Concitoyens, chers amis
Journalistes, Mesdames et Mes-
sieurs,
Permettez-moi d’abord de vous re-
mercier pour le temps que vous
avez pris pour venir jusqu’ici à Yo-
pougon, en répondant à mon invi-
tation. Je me nomme TOGBA
Koulayérou Bonaventure. J’ai 57
ans et bientôt 58. Je suis originaire de
l’Ouest de la Côte d’Ivoire. J’ai exercé
pendant 28 ans le métier de Courtier en
Assurance.
Notre pays, alors qu’il continue de tâ-
tonner à la recherche de son prestige
passé, à la recherche de la réconcilia-
tion nationale et d’une paix véritable
des cœurs, la Côte d’Ivoire a, de nou-
veau rendez-vous dans moins de 8
mois, avec une importante élection.
L’élection présidentielle d’octobre
2015.
22 années après la disparition de feu
l’Homme d’Etat Houphouët-Boigny, la
Côte d’Ivoire et les Ivoiriens se sont
installés dans le déni, c’est-à-dire la né-
gation de la réalité.
En effet, voici plus de 02 décennies que
la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens refusent
de s’attaquer à leurs vrais problèmes
qui freinent la marche harmonieuse de
notre Nation alors que nous reconnais-
sons tous l’existence de ces difficultés.
Non seulement nous nous réfugions
dans l’utopie ou dans des histoires my-
thifiées, mais nous cultivons aussi les
idées fausses pour justifier le statut quo
et éluder les réformes que tous savent
indispensables mais dont personne ne
veut assumer la responsabilité.
Ce déni a contaminé tous les aspects de
la vie nationale, sa vie politique, éco-
nomique, sociale, médiatique et même
sa laïcité.
D’abord, ce déni s’incarne dans les
mises en scène festives sous les ré-
gimes successifs pour masquer les
failles béantes d’une société ivoirienne
réellement désunie et éclatée en eth-
nies, en clans, en communautés, en ré-
gions qui ne se voient plus, en vérité,
comme des concitoyens d’un seul pays
ayant un avenir commun. Or, « une
maison divisée contre elle-même ne
peut tenir » ni prospérer.
Ensuite, loin de favoriser la concorde
civile nationale et l’épanouissement des
concitoyens de tous bords, ce déni
nourrit depuis 22 ans, l’anxiété et le res-
sentiment chez les populations. C’est le
lieu de noter que le ressentiment crée
toujours des oppositions entre les indi-
vidus et les communautés.
Il faut donc mettre fin à ce déni du réel
qui débouche sur l’impuissance de la
politique car, dès lors que la politique
n’agit plus dans le réel, le pays et le
peuple subissent.
S’agissant de la vie politique, la Côte
d’Ivoire et les Ivoiriens ont le devoir de
se réconcilier compte tenu des condi-
tions des élections de 1995, de 2000 et
de 2010 pendant lesquelles les classes
dirigeantes avaient totalement ignoré
les signaux d’alerte et choisi de trahir
le pays en privilégiant les tactiques
électoralistes sur les intérêts supérieurs
de la Nation.
Faute de courage politique, la Côte
d’Ivoire n’a pas su mettre à profit les
cycles électoraux ci-dessus pour faire
la vérité sur les questions de fond qui
fâchent et non encore solutionnées.
Ce que les élections successives ont
éludé depuis 1995, le débat public de
2015 doit le porter. La Côte d’Ivoire et
les Ivoiriens doivent cesser de sous-es-
timer ou de contourner nos pierres
d’achoppement. Nous devons les nom-
mer, les étudier puis les régler.
Solutionner les questions de fond qui
fâchent, c’est notre 1ère urgence natio-
nale qu’il convient de traiter sans fai-
blesse et de résoudre obligatoirement
afin de donner une réelle chance à une
réconciliation nationale effective, préa-
lable à la Paix qui, selon l’Homme
d’Etat Houphouët-Boigny (paix à son
âme), « n’est pas un vain mot mais un
comportement ».
Je nomme urgence nationale ce qui me-
nace encore notre pays dans sa dignité
et dans sa cohésion.
Socialement, notre pays dont ‘’l’iden-
tité’’ traditionnelle est sérieusement re-
mise en cause par les crises itératives
qui l’ont profondément ébranlé, la Côte
d’Ivoire s’est fermée et s’est transfor-
mée, d’un régime à l’autre, en une re-
doutable machine à trahir les
populations, à creuser les inégalités et
à aggraver les discriminations les plus
fortes.
Economiquement, la Côte d’Ivoire est
rongée par un chômage de masse et une
paupérisation visible des personnes
dont la très grande majorité manque du
nécessaire.
Les populations, qui sont fatiguées et
lessivées, espèrent enfin avoir leur part
de bien-être et de dignité. Elles ont un
grand besoin de soulagement et de jus-
tice sociale.
Rétablir une vraie justice sociale et sou-
lager effectivement les populations gra-
vement appauvries est notre 2ème
urgence nationale qu’il convient de trai-
ter et de réussir également.
Au total, lorsque l’Etat de Côte d’Ivoire
aura privilégié et réglé les 02 urgences
nationales susvisées, il retrouvera assu-
rément les conditions qui permirent,
jadis, une construction nationale har-
monieuse. L’Etat de Côte d’Ivoire aura
ainsi les moyens et les dispositions par
lesquels il pourra adapter, encore une
fois, ses stratégies au traitement des au-
tres grands problèmes de notre société,
à savoir, l’école ivoirienne qui a reculé,
la corruption et la dégradation des va-
leurs morales qui gangrènent le pays.
Ouvrons alors les yeux.
Aujourd’hui, ils sont nombreux ceux
qui attendent de l’Etat de Côte d’Ivoire
cette double audace qui est l’unique
condition de la Paix tangible que rien
ne surpassera. Ils existent au Nord, au
Sud, à l’Est, à l’Ouest en passant par le
Centre. Ils sont de tous milieux, de
toutes ethnies, des villes et villages de
notre pays.
Autrement dit, les populations, nos
concitoyens, les électeurs ont soif de
croire, de nouveau, à des valeurs de
Pardon, d’Union, de Discipline et de
Probité, des valeurs qui ne les éloignent
pas les uns des autres, mais qui les rap-
prochent et donnent un sens à leur vie
quotidienne déjà pénible.
Car l’affirmation des questions d’inté-
rêt général reconnues et partagées par
tous « désarmera véritablement les
cœurs » en vue de garantir à nouveau
la Paix et consolider l’Unité nationale
retrouvée autour des idéaux communs.
C’est ainsi que nous mettrons fin aux
querelles intestines et que nous remet-
trons en vigueur dans notre patrie une
atmosphère palpable de paix, de bonne
volonté et de compréhension mutuelles
entre les populations, gages de la réali-
sation de tous les objectifs de dévelop-
pement.
Si l’on veut un changement bienfaisant
par rapport à la situation politique que
vit notre pays depuis plus de deux dé-
cennies, alors il est une condition : rom-
pre avec la façon dont la politique est
faite.
Car il existe dans ce pays, des hommes
et des femmes qui veulent servir la Na-
tion et les populations ivoiriennes parce
qu’ils incarnent déjà une série de rup-
tures. Ces hommes et ces femmes, qui
ne cèderont pas au cynisme et à l’incré-
dulité de leur entourage, veulent « le
triomphe de l’espérance sur la peur ».
Ils veulent agir sur l’état réel de notre
société et celui des communautés qui la
composent ; passionnément, changer la
société ivoirienne et la réformer avec
rage puis déplacer les lignes, millimètre
après millimètre.
J’ai décidé de faire partie de ces
hommes et de ces femmes pour créer
l’élan nécessaire, l’esprit nouveau que
les temps à venir exigent. 22 années ont
passé en vain, transformant les néces-
sités du pays en urgences vitales.
C’est pour cela que, me tenant devant
vous, sur la terre de Yopougon, la plus
grande commune de notre pays, j’an-
nonce ma Candidature pour la Prési-
dence de la Côte d’Ivoire.
J’ai décidé de me porter CANDIDAT
INDEPENDANT à l’élection prési-
dentielle d’octobre 2015 et d’engager
désormais ma vie au service de mon
pays et de mes concitoyens.
Ma Candidature est un appel à l’Union
d’une maison qui continue d’être divi-
sée, où les espoirs et les rêves sont en-
core permis si nous mettons fin au déni
du réel.
Il n’y a pas une Côte d’Ivoire RHDP et
une Côte d’Ivoire CNRD; il y a la Côte
d’Ivoire. Il n’y a pas une Côte d’Ivoire
RDR, une Côte d’Ivoire PDCI, une
Côte d’Ivoire FPI et une Côte d’Ivoire
pour les autres formations politiques. Il
y a la Côte d’Ivoire.
Il n’y a pas une Côte d’Ivoire pour les
gens du Nord, une Côte d’Ivoire pour
ceux du Sud, une Côte d’Ivoire des
gens de l’Est, une Côte d’Ivoire pour
l’Ouest et une Côte d’Ivoire de ceux du
Centre. Il y a la Côte d’Ivoire.
Il n’y a pas une Côte d’Ivoire des au-
tochtones ou allogènes et une Côte
d’Ivoire des étrangers. Il y a la Côte
d’Ivoire. Il n’y a pas une Côte d’Ivoire
des communautés nationales et une
Côte d’Ivoire des communautés étran-
gères. Il y a la Côte d’Ivoire.
Il n’y a pas non plus une Côte d’Ivoire
des chrétiens, une Côte d’Ivoire des
musulmans, une Côte d’Ivoire des ani-
mistes et des autres croyances. Il y a la
Côte d’Ivoire.
Je suis candidat indépendant à l’élec-
tion présidentielle qui arrive pour pro-
poser aux Ivoiriens une autre voie, un
dispositif d’urgence, pour une situation
d’urgences sociales dans le seul but
d’offrir d’autres approches à mon pays
qui donne l’impression de ne plus sa-
voir ce qu’il est, tant le besoin de Jus-
tice et d’Egalité est énorme, de même
que le besoin de Réformes hardies l’est
également.
Ma candidature à l’élection présiden-
tielle d’octobre prochain vise à intro-
duire désormais dans notre pays la
notion de « responsabilité politique »
que l’ancien Premier Ministre français,
M. Lionel JOSPIN, définit ainsi et je
cite : « La responsabilité politique, c’est
de partir de ce qu’on a voulu faire, de
ce qu’on a proposé (aux populations),
et considérer qu’on a un devoir de le
mettre en œuvre et d’en rendre
compte.»
Bien avant M. JOSPIN, un autre grand
homme politique français, Pierre
MENDES-FRANCE, amoureusement
républicain, a lui aussi posé le postulat
suivant : « L’élément fondamental du
système démocratique, c’est la vérité.
(...) La démocratie repose à tout mo-
ment sur l’exposé des problèmes réels,
les engagements pris par les personnes
qui se proposent de devenir des respon-
sables, et le mandat donné par le pays
à ces personnes pour l’exécution de ces
engagements. Si donc ce respect fonda-
mental de la vérité n’existe pas, du
même coup, il n’y a pas de démocra-
tie.»
C’est cette République du respect obli-
gatoire de la parole donnée et de la vé-
rité que je veux pour mon pays. C’est
pour réaliser un tel contrat aussi exi-
geant, fondamentalement irréalisable
aujourd’hui par l’actuelle classe poli-
tique, que j’ai décidé de me porter can-
didat en octobre 2015 à la Présidence
de la Côte d’Ivoire.
Je vous remercie. Que Dieu garde la
Côte d’Ivoire et ses habitants.
Bonaventure TOGBA
Candidat Indépendant
Propos recueillis par ALI TOURé
NB/ Le titre, le surtitre et le chapeau, sont de la
Rédaction
Présidentielle 2015
Ni proche de celui-ci... Encore moins de celui-là...
focus
10l’Eléphant déchaîné N°332 du vendredi 13 au lundi 16 mars 2015 / 4ème année
Une septième candidature
sur le dos de Ouattara