Patates chaudes entre les mains de Ouattara
L’Edito de Yacouba Gbané
«Des soldats ont manifesté à nouveau pour revendiquer des primes et l’amélioration de leurs conditions de vie. J’ai donné des instructions au ministre chargé de la Défense pour rencontrer, ce jour, à Bouaké, une délégation désignée par ces soldats. Après le compte-rendu du ministre chargé de la Défense, en présence des membres de ladite délégation, je confirme mon accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des soldats ».
C’est le message essentiel de Ouattara suite à la mutinerie des soldats à travers tout le pays. En effet, les mutins avaient comme revendications : le paiement de primes, l’augmentation de salaires, la réduction du temps à passer dans les grades, des éclaircissements à propos d’une supposée prime « Ecomog ». Ainsi que l’octroi à chacun mutin, d’une villa.
Au regard de ce qui précède, on est en droit de se demander si Ouattara va satisfaire aux revendications des fonctionnaires ? Qui entament à compter du lundi 9 au vendredi 13 janvier 2017, un arrêt de travail sur l’ensemble du territoire national. Et ces revendications tournent autour du paiement du stock des arriérés des effets financiers des mesures de revalorisation salariale de 2009, de la réforme des pensions de retraite, de l’autorisation des précomptes syndicaux par le solde, l’arrêt immédiat des violations des libertés syndicales dans l’administration. Et l’intégration des agents journaliers du secteur public à la fonction publique. Ouattara n’a aucune excuse pour ne pas satisfaire les fonctionnaires. Il n’a aucune justification à ne pas le faire. Parce que ne pas satisfaire les fonctionnaires serait une injustice. A moins qu’il ne soutient qu’il se plie seulement au langage des armes. Malheureusement, ce n’est pas le fort des fonctionnaires. Si Ouattara ne le fait pas, c’est le système administratif qui va prendre un coup.
Et les revendications des douaniers ? Un autre nœud gordien que Ouattara doit résoudre pour ne pas créer un impair. Et ces revendications se résument en ces points suivants : Paiement du bonus sur la plus-value réalisée par la douane en 2015, gestion transparente du « TS » en publiant les montants recouvrés et les dépenses à effectuer avant chaque répartition, paiement des arriérés de primes des 1923 douaniers de la promotion « Issa Coulibaly », à savoir les primes trimestrielles et de logement, régularisation administrative des 250 agents des douanes issus de l’Accord politique de Ouaga, paiement de la prime trimestrielle, en tenant compte des nouveaux indices obtenus après le déblocage des salaires, paiement de la prime trimestrielle des journaliers, en tenant compte des augmentations obtenues depuis 2015, paiement de la prime trimestrielle après vérification des listings comme cela se fait aux Impôts, paiement de la prime de départ aux ayants-droit des agents décédé. En tout cas, Ouattara s’est mis dans un bourbier.
Et les étudiants sont aux aguets. L’université est bloquée à cause de la non satisfaction des revendications des étudiants. Il s’agit de l’attribution des bourses aux étudiants, équipement des laboratoires et bibliothèques en matériel, réduction du coup de l’inscription dans les universités publiques, garantir les libertés syndicales sur les campus, attribuer les chambres universitaires occupées par des non-ayants droit… En tout cas, Ouattara doit donner satisfaction à toutes ces revendications. Pour ne pas que l’image du pays soit ternie, il doit éviter de faire du « deux poids, deux mesures ». En d’autres termes, il doit éviter l’injustice. Car beaucoup d’injustice peut créer un petit désordre. Et pourtant ce sont les petits désordres qui créent souvent les grands gbangban. Bonne lecture. Allons-y seulement. Haut les cœurs. La liberté vaincra. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. A la semaine prochaine. Inch’Allah !
Yacouba Gbané
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