le discours de l’Indépendance, version Ouattara, sans réconciliation…
Message à la Nation du Président Alassane OUATTARA
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,
La Côte d’Ivoire, notre cher pays, célèbre, ce lundi 7 août 2017, le 57e anniversaire de son accession à l’Indépendance. A l’occasion de la commémoration de cette année, je souhaite que chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien place la fête de l’indépendance sous le signe de l’introspection et de la réflexion.
Chers frères, chères soeurs,
Notre pays a connu un premier semestre particulièrement difficile ; j’ai personnellement vécu les événements de ces derniers mois avec beaucoup de peine, autant que vous les avez traversés avec inquiétudes et incompréhensions.
Ce d’autant plus que l’histoire récente de notre pays, en particulier les crises successives de 1999 à 2011, nous ont montré que la paix et la stabilité peuvent être mises à mal par des comportements anti-démocratiques et violents, dont nous connaissons malheureusement les conséquences.
Certes, la vie d’une Nation n’est pas un long fleuve tranquille, mais nous devons tous, collectivement, œuvrer à éviter de nouvelles convulsions à notre beau pays. La responsabilité implique des choix, des renoncements, mais aussi et surtout des décisions courageuses qui doivent garantir la paix sociale et le bien-être de nos concitoyens.
La confiance que vous m’avez témoignée m’engage à faire face, avec détermination, à toutes ces épreuves en vue de renforcer nos Institutions et de sauvegarder notre idéal de paix et de développement.
C’est pourquoi, à la lumière des événements graves de ces derniers mois, je souhaite vous parler en toute franchise de sujets qui demandent une attention particulière de chacun d’entre nous, dans l’intérêt de notre Nation.
Tout d’abord, la sécurité.
Dès le début de l’année, la Côte d’Ivoire a été secouée par des revendications militaires qui ont pris une forme particulièrement violente. Les populations ont été effrayées. Les activités économiques ont été perturbées. Je sais que ces moments ont été traumatisants pour beaucoup d’entre vous.
Nous avons pris des décisions difficiles et importantes dans le souci de maintenir la paix et de préserver des vies humaines. En conséquence, les militaires ont regagné les casernes.
L’important travail de reprise en main de notre armée est plus que jamais nécessaire. A cet égard, nous accorderons une place de choix à la discipline et à la formation de nos soldats pour leur inculquer l’amour de la patrie et un sens civique élevé. Nous investirons encore plus dans l’amélioration des conditions de vie et de travail de nos forces de défense et de sécurité ; et nous mettrons à leur disposition les équipements nécessaires.
Notre armée doit retrouver un esprit de corps et être au service de la Nation pour protéger les populations et les Institutions.
Toutes ces mesures visent à créer une armée véritablement républicaine, réconciliée dans ses différentes composantes, mais aussi avec les populations.
En contrepartie de tous ces efforts de la Nation, j’attends, de la part de nos soldats, de la discipline ainsi qu’un comportement digne et exemplaire.
A cet effet, j’ai instruit la hiérarchie militaire d’appliquer avec fermeté le règlement vis à- vis de tout soldat qui fera preuve de manquements graves à la discipline militaire.
Par ailleurs, je demande à nos forces de défense et de sécurité de redoubler d’efforts pour éradiquer les braquages, le phénomène de coupeurs de route et le racket.
Des moyens importants seront mis à la disposition de la police et de la gendarmerie pour éradiquer ces fléaux qui perturbent la quiétude de nos populations. La lutte contre la détention illégale d’armes sera renforcée et la justice s’appliquera à tous.
Mes chers compatriotes,
Au plan social, il y a bien longtemps, presqu’un quart de siècle, que les fonctionnaires n’avaient obtenu autant de revalorisations salariales que celles que nous avons concédées au cours des cinq dernières années.
Pourtant, l’administration publique a été bloquée partiellement, pendant des semaines, à cause de mouvements sociaux et des grèves intempestives. La vie de nombreux Ivoiriens a été mise en danger dans les hôpitaux et les centres de santé. L’éducation de nos enfants a été mise en péril, laissant, dans le désarroi, les parents d’élèves.
Je veux donc appeler les fonctionnaires à davantage de solidarité : le service public est un sacerdoce qu’il faut assumer avec dévouement pour nos concitoyens. Toutes les revendications, quelles qu’elles soient, doivent se faire avec responsabilité, dans le cadre prévu par nos lois.
Je me félicite que le Gouvernement et les syndicats aient choisi la voie du dialogue pour trouver une solution aux différentes revendications. La concertation doit toujours constituer le mode privilégié de règlement des différends.
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,
Au niveau économique, la chute des cours du cacao sur le marché mondial a eu des répercussions néfastes sur notre économie et sur la vie de nos concitoyens, en particulier nos parents paysans.
J’ai une pensée pour ces millions de producteurs et pour leurs familles qui vivent directement ou indirectement de la culture du cacao.
L’une des décisions les plus difficiles qu’il m’a été donné de prendre depuis mon accession au pouvoir d’Etat a été la baisse du prix aux producteurs de cacao, face à la chute brutale de plus de 40 % des prix sur le marché mondial.
Cependant, pour éviter une baisse encore plus forte des prix aux producteurs, l’Etat a dû renoncer, au profit des producteurs, à une partie significative des prélèvements fiscaux sur le cacao.
Je veux remercier les producteurs pour leur compréhension car ils ont accepté cette décision avec responsabilité.
Je puis vous assurer, chers parents paysans, que nous continuons de travailler pour contenir l’impact de tels retournements du marché mondial par une gestion plus rigoureuse de la filière.
Mes chers compatriotes,
Vous le savez, mon ambition est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. C’est à cela que je consacre toute mon énergie. A cet égard, notre action, durant ce second mandat, est principalement axée sur la transformation structurelle de notre économie et l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment celles des jeunes et des femmes.
C’est un engagement que j’ai pris avec vous.
C’est un engagement qui sera tenu.
Dans ce cadre, nous comptons accélérer les réformes pour favoriser la transformation de nos produits agricoles, stabiliser les revenus des paysans et créer davantage d’emplois pour notre jeunesse.
L’autonomisation des femmes continuera d’être une priorité de mon Gouvernement. Le secteur privé continuera de jouer un rôle moteur dans la croissance économique de notre pays. Ainsi, en vue de relancer l’investissement et la consommation, l’Etat vient de payer les arriérés de la dette intérieure au profit de 3900 entreprises, pour un montant total de 232 milliards de F CFA.
Nous poursuivrons nos investissements dans les services sociaux de base que sont l’éducation et la santé, pour le bien-être de nos concitoyens les plus vulnérables.
Nous allons assurer un meilleur approvisionnement de nos marchés, afin d’alléger le quotidien de tous les ménages ivoiriens.
Je me réjouis que la lutte contre la vie chère soit maintenant abordée avec une approche nouvelle et pragmatique par le Gouvernement, en ciblant de façon spécifique les prix des denrées alimentaires, du logement et du transport.
Nous continuerons à investir massivement dans les infrastructures routières, énergétiques et de l’eau potable, pour améliorer les conditions de vie des Ivoiriens ainsi que la compétitivité de notre économie.
Enfin, la lutte contre la corruption à tous les niveaux continue d’être une priorité du Gouvernement. Les ressources de l’Etat doivent servir à la majorité des Ivoiriens et non pas à quelques-uns. Les détournements des deniers publics seront sévèrement punis et des poursuites seront engagées contre les auteurs.
Mes chers compatriotes,
Au plan politique, je voudrais rappeler que nous avons eu l’élection présidentielle il y a à peine deux ans, précisément en octobre 2015.
La prochaine élection présidentielle prévue par la Constitution, est dans plus de trois ans et elle mobilise déjà beaucoup d’énergie. De tels comportements attisent les tensions au sein de l’alliance au pouvoir alors que nous devons nous concentrer sur la mise en oeuvre de notre programme commun, approuvé massivement par nos compatriotes.
En tant que responsables politiques, nous n’avons pas le droit de rajouter des moments de doute aux difficultés que nos populations ont vécues depuis le début de cette année.
Nos populations ne méritent pas ce débat au sein de la coalition au pouvoir ; elles ne le comprennent pas. Nous devons rester unis dans l’intérêt de notre pays. La satisfaction des besoins de nos concitoyens doit, pour l’heure, être notre seule préoccupation.
En ce qui me concerne, c’est le seul objectif auquel j’ai l’intention de consacrer toute mon énergie jusqu’au dernier jour de mon mandat.
C’est le message que je partage régulièrement avec les membres du Gouvernement et tous mes interlocuteurs. C’est le message que je veux partager avec toute la classe politique et les hauts responsables de la Nation.
Je veux dire aux uns et aux autres que pour la prochaine élection présidentielle, tous pourront se porter candidat, selon les dispositions de notre loi fondamentale qui garantit des élections démocratiques et transparentes.
Mes chers compatriotes,
La Côte d’Ivoire est un grand pays, qui a retrouvé sa place dans le concert des Nations. Notre pays bénéficie de la confiance des investisseurs internationaux, comme en témoigne les résultats de nos récentes levées de fonds sur le marché financier international.
Au plan diplomatique, la Côte d’Ivoire sait mobiliser autour de ses valeurs d’hospitalité et de fraternité, comme l’atteste le succès des huitièmes Jeux de la Francophonie et surtout l’élection de la Côte d’Ivoire au Conseil de Sécurité de l’ONU pour la période 2018-2019.
Ce sont-là des motifs de grande fierté qui doivent pousser chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien à donner le meilleur de lui-même.
Le prochain sommet Union Africaine – Union Européenne se tiendra à Abidjan en novembre prochain et verra la participation de plus de 80 pays. Cet évènement contribuera également au rayonnement de notre pays ; ce sera aussi l’occasion pour les hauts responsables africains et européens d’adresser les questions liées au développement et à la jeunesse.
Mes chers compatriotes,
La Côte d’Ivoire est un grand pays, qui a su, aujourd’hui, se relever après les graves crises qu’elle a traversées. En cela, je veux rassurer chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien : tous les voyants dans notre pays sont au vert.
Un nouveau cadre institutionnel est en place, avec une nouvelle Constitution et une nouvelle dynamique a été engagée.
Faites-moi confiance.
Les trois années à venir seront caractérisées par plus d’actions, davantage de croissance et de mieux-être pour tous.
Chers frères, chères soeurs,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,
La fête de l’indépendance, que nous commémorons, nous rappelle justement que nos devanciers ont obtenu, avec dignité, l’indépendance de notre pays, parce qu’ils étaient unis. C’est pourquoi, je vous demande, chers frères et soeurs, de rester unis.
Pour ma part, je continuerai à oeuvrer, sans relâche, pour la réconciliation et une plus forte cohésion entre tous les Ivoiriens, sans exception.
A cet égard, chacun d’entre nous doit avoir à coeur de préserver la paix et la stabilité.
Je crois en la Côte d’Ivoire.
Je crois aux valeurs qui fondent notre Nation.
J’invite toutes les forces vives de la Nation à travailler main dans la main à cette noble ambition dans la fraternité et la responsabilité.
Bonne fête de l’Indépendance à toutes et à tous.
Vive la République !
Vive la Côte d’Ivoire !
Que Dieu bénisse notre beau pays !