France : Qui est le nouveau Chef d’Etat Major ?
Âgé de 55 ans, issu de l’infanterie de marine, ce saint-cyrien a notamment servi au Rwanda pendant l’opération « Turquoise » puis durant la guerre en ex-Yougoslavie.
Le porte-parole Christophe Castaner vient de le confirmer : le général François Lecointre, actuellement chef du cabinet militaire du Premier ministre Edouard Philippe, va être nommé chef d’état-major des armées en remplacement du général Pierre de Villiers, démissionnaire.
Agé de 55 ans, issu de l’infanterie de marine, ce saint-cyrien a notamment servi au Rwanda pendant l’opération « Turquoise » puis durant la guerre en ex-Yougoslavie.
Il avait rejoint Matignon en septembre 2016, où il avait occupé le poste de chef du cabinet militaire de Manuel Valls, puis de Bernard Cazeneuve et enfin d’Edouard Philippe. Sa nomination en tant que chef d’état-major des armées a été confirmée en conseil des ministres mercredi 19 juillet.
L’entourage d’Emmanuel Macron avait indiqué un peu plus tôt qu' »un seul nom » de remplaçant serait proposé par la ministre des Armées Florence Parly et qu’il n’y avait « pas eu d’hésitation sur le profil » du nouveau chef des armées.
En nommant le général Lecointre, Emmanuel Macron n’a pas puisé dans le réservoir traditionnel des chefs d’état-major, parmi lesquels figurent actuellement le général Jean-Pierre Bosser (armée de terre), l’amiral Christophe Prazuck (marine) ou le général André Lanata (air), ainsi que le major général des armées Philippe Coindreau.
« Un héros reconnu comme tel dans l’armée »
Selon Emmanuel Macron, dont les propos ont été relayés par Christophe Castaner face à la presse, le général François Lecointre est « un héros reconnu comme tel dans l’armée ».
Selon Christophe Castaner, le président de la République a en effet évoqué en conseil des ministres « le parcours de cet homme d’exception ».
« Le général Lecointre est un héros reconnu dans l’armée comme tel, un héros qui a su combattre, un héros qui a su libérer les soldats français, notamment en 1995 dans la guerre en Bosnie-Herzégovine où nos forces armées étaient mobilisées. Et il a su monter à l’assaut […] à la baïonnette. »
« C’est un officiel général issu de l’armée de terre et qui dispose d’une solide expérience interarmées. C’est un militaire qui a une expérience reconnue des opérations et qui a pu dans sa carrière démontrer cette capacité dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui. Son expérience de terrain, son expérience de combat est évidemment quelque chose dans la période actuelle qui est particulièrement important pour nous », a précisé Christophe Castaner.
« Un général jeune »
« Et puis enfin c’est un général jeune, dont l’action pourra s’inscrire justement dans la durée », a pointé le porte-parole du gouvernement.
« Ce qui est important au moment où nous allons actualiser la loi de programmation militaire. Elle doit être discutée et votée en 2018 pour guider les armées dans les années à venir et donc ça nous paraît essentiel aussi d’avoir quelqu’un qui est né en 1962 et qui pourra accompagner évidemment le grand projet que nous venons de porter pour notre armée. »
Originaire de la Manche, le général Lecointre appartient à l’arme des troupes de marine et a occupé plusieurs postes en Bretagne, où il a notamment servi comme lieutenant et capitaine au 3e régiment d’infanterie de marine de Vannes. Il a aussi servi au sein du 5e régiment interarmes d’outre-mer à Djibouti.
Comme le rappelle « Ouest France », il a été engagé en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), en Somalie (1992), en République de Djibouti dans le cadre de l’opération « Iskoutir » (1991-1993), au Rwanda dans le cadre de l’opération « Turquois »e (1994) ainsi qu’à Sarajevo (1995) où le 27 mai 1995, alors jeune capitaine, il a donc mené l’assaut des forces françaises contre le pont de Verbania tenu par les Serbes.
« Après l’assaut du pont de Vrbanja , où nous avons eu 2 tués et 38 blessés lourds, j’ai demandé au psychiatre de voir les hommes. C’est du Rwanda qu’ils lui ont parlé », racontait le général Lecointre au « Monde » en 2014.
Dans ce pays où furent massacrés quelque 800.000 personnes, en immense majorité des Tutsi, en une centaine de jours, « j’ai appris sur ma propre violence. La mort appelle la mort », confiait-il.
Marié, père de quatre filles, François Lecointre a ensuite servi à l’état-major de l’armée de terre, au sein du bureau de conception des systèmes de forces, souligne encore le quotidien régional.
Il a également été, jusqu’à l’été 2011, adjoint « terre » au cabinet militaire du ministre de la Défense puis a commandé la 9e brigade d’infanterie de marine à Poitiers, jusqu’en janvier 2013. Il est alors chargé du commandement de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali.
Depuis septembre 2016, il occupait le poste de chef du cabinet militaire du Premier ministre.
« Intelligent », « cultivé », « malin »
Ceux qui ont travaillé à ses côtés ne tarissent pas d’éloges. « C’est quelqu’un de très charismatique, d’intelligent, de cultivé », affirme un conseiller qui l’a côtoyé à Matignon.
« C’est un homme rassurant, lucide, fiable, qui a le sens de l’Etat », commente un autre conseiller qui l’a fréquenté à Matignon, nuançant toutefois : « Sa lucidité fait parfois un peu peur […] il n’est pas vendeur de rêves. »
« Il est très malin et assez souple, il a moins la raideur du cavalier », commente un haut-gradé, faisant référence à l’arme de son prédécesseur.
Des qualités que François Lecointre devra mobiliser dans ses nouvelles fonctions, où il devra défendre les intérêts budgétaires des armées, auxquelles le président Emmanuel Macron a imposé des économies de 850 millions d’euros cette année.
Renaud février, Journaliste, NouvelObs
l’article ne le dit pas, mais l’Agence Ivoirienne de presse a mis en ligne cette photo qui le présente avec le CEMA Soumalia Bakayoko, probablement lors d’un déplacement en Côte d’Ivoire!