Le cacao pourrait s’envoler grâce à la « mutinerie »…
Et si cette petite mutinerie était un mal pour un bien ? Je m’explique : depuis deux semaines, des tonnes de cacao sont bloquées au port pour une raison simple. Le Conseil du café cacao a décrété que le prix de vente à l’export devait être de 1 850 FCFA, alors que le prix à la bourse de Londres est d’à peu près 500FCFA inférieur. Le prix bord champ officiel (1100 FCFA) est donc intenable. Et avec le système de ventes anticipées, peut-être que des réactions en cascade peuvent se produire. Bref, si la mutinerie fait paniquer les marchés et grimper les cours, elle pourrait être (disons le cyniquement) une belle opération financière. Ou bien ?
Théophile Kouamouo
Et de citer à l’appui de son argumentation, trois articles :
La chute du cacao et le Brexit font chuter Euromar et trembler Transmar
Transmar Commodity, filiale de la maison de négoce américaine Transmar Group, s’est mis le 31 décembre sous la protection du chapitre 11 du Code américain des faillites, afin de restructurer ses dettes qui s’élèvent à $ 413 millions, selon le document du tribunal de New York, juridiction dont dépend le groupe spécialisé dans le cacao.
Des dettes qui seraient essentiellement le fait des déboires financiers tout au long de 2016 de son pôle d’activité européen, l’allemand Euromar Commodities GmbH, qui, début décembre, a déclaré son insovabilité.
Rappelons que Transmar est un acteur et transformateur majeur de fèves de cacao avec des opérations sur tous les continents. Des fèves que lui fournissait en grande partie Euromar à partir de son usine à Fehrbellin, près de Berlin, avec des volumes qui avaient connu une forte croissance entre 2013 et 2015.
Mais en 2016, le groupe allemand a été victime de la forte chute des cours mondiaux du cacao et de la forte volatilité de la livre sterling, notamment liée au Brexit, peut-on lire dans les minutes du tribunal de New York. Apparemment, Euromar se serait insuffisamment couvert pour pouvoir fianncer sa croissance rapide et n’a pas pu redresser seul la situation lors du renversement de tendance du marché.
Euromar aurait alors essayé de sauver sa situation en appelant à l’aide Transmar Commodity qui, de ce fait, se serait aussi endetté. Euromar aurait aussi eu le soutien du géant japonais du négoce Itochu, qui, en février dernnier, avait pris des participations dans Transmar Group et donc qui détient partiellement Euromar et Transmar Commodity, rapportait mercredi le Wall Street Journal.
Le 20 décembre dernier, des négociations étaient toujours en cours entre l’allemand et ses créanciers afin de sauver l’entreprise.
Rappelons que Transmar est une entreprise familiale privée créée en 1980 par le trader en cacao Peter G. Johnson. Son fils, Peter B. Johnson dirigeait Euromar et a démissionnée en décembre.
commodafrica.com
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Cacao en Côte d’Ivoire: tensions au Port d’Abidjan
Des producteurs et des exportateurs de cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la fève, ont dénoncé vendredi le blocage de plusieurs milliers de tonnes de cacao au port d’Abidjan, suite au blocage du système d’achat mis en place par les autorités de la filière.
Plusieurs dizaines de camions chargés de sacs de cacao sont alignés le long des voies bordant la zone portuaire de Treichville et Vridi, où se concentrent la plupart des exportateurs.
« Depuis le 22 décembre nous sommes venus avec les camions chargés de cacao. On ne nous reçoit pas, on ne sait pas pourquoi », s’est plaint Mohamed Touré, un chauffeur de camion.
Le prix bord champ du kilo de cacao a été fixé à 1.100F CFA (1,67 euros) par le gouvernement ivoirien.
Mais selon un exportateur qui a requis l’anonymat, tout est parti « du gap de 470FCFA (0,71 euros) qu’il y a entre le prix du cacao à la Bourse de Londres qui est de 1.380 FCFA (2,10 euros) et le prix de vente à l’exportation imposé par le Conseil café-cacao qui régule la filière, qui est de 1.850 FCFA (2,80 euros) ».
« Le problème c’est que c’est le Conseil qui donne les autorisation d’exportation. Mais comme il ne veut pas soutenir le gap de 470 FCFA, il ne donne plus d’autorisation à l’exportation – document qui permet aux exportateurs d’acheter le cacao -« , a expliqué un autre exportateur qui « attend depuis deux semaines une autorisation d’exportation pour 100 tonnes » de cacao.
LeFigaro.fr
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« Selon cette dernière, le chef de l’Etat Alassane Ouattara a pris en considération le monde paysan dans sa vision politique. Elle remarque que deux mois après l’ouverture de la campagne café-cacao 2016-2017, « l’inquiétude commence à se lire sur le visage des paysans », et aurait pour cause, « l’arrêt brusque, brutal et inquiétant » de ladite campagne démarrée en « fanfare. »
Poursuivant, Les planteurs s’interrogent sur les raisons de cet arrêt qui ne semble pas selon eux, émouvoir les premiers responsables de la filière café-cacao.
« Fort de cela, la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d’Ivoire (CNPCI) a décidé de se retrouver pour faire l’évaluation à mi-parcours de la gestion de leur filière. Il s’agit pour nous de faire le bilan de la gestion de Massandje Touré Litse, DG du Conseil café-cacao. Voir qu’est-ce qui a marché et essayer de comprendre les raisons profondes des difficultés de la vente actuelle de la production ? », a interrogé le président Bilé Bilé.
La Coordination Nationale des Planteurs de Côte d’Ivoire (CNPCI) a révélé également à la presse que la conclusion du rapport de l’audit sur le Programme de Vente Anticipé à la Moyenne (PVAM), réalisé le 29 septembre 2014 par le cabinet PWC d’Edouard Messou et associé achèverait de convaincre que le mal est profond.
« Non seulement, ce rapport confidentiel relève que la BCEAO se refuse de divulguer toute information relative au montant exact du fonds de réserve, pire selon les mêmes conclusions les 40 milliards déclarés par Massandje Touré comme fonds de réserve, devant garantir le prix d’achat du café et du cacao aux producteurs, sont largement en deçà des prévisions estimées à 120 milliards. Donc, il y a vraisemblablement problèmes. Car présentement le cacao n’est pas acheté », a-t-il révélé.
La CNPCI dénonce entre autres : « La distribution fantaisiste des phytos et de la sacherie-brousse dont les prélèvements sont faits au titre de la fiscalité et de la parafiscalité ; L’attribution des marchés de gré à gré au titre du Fonds d’Investissement en Milieu Rural (FIMR) qui est une pratique bien courante au Conseil café-cacao et dénoncée dernièrement par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) ;La gestion opaque du passif de « Coco Services », notamment le patrimoine de 50 ha dont 5 ha ont été attribué à une confession religieuse ; L’attribution du siège du FDPCC à un parti politique ;Les avantages accordés à certaines entreprises exportatrices dans le cadre du Programme Anticipé de la Vente à la Moyenne (PVAM) ; Le flou entretenu sur le montant exact du compte du fonds de réserve logé dans les livres de comptes de la BCEAO et l’insuffisance de ce fonds tel que dénoncé par l’audit sur le PVAM du 29 septembre 2014. »
Face à ce que la Coordination Nationale des Planteurs de Côte d’Ivoire(CNPCI) qualifie de dysfonctionnement au sein de la filière café-cacao, elle exige :
« La démission, sans délai, du Directeur Général du Conseil café-cacao, Massandje Touré ; La tenue des états généraux de la filière café-cacao suivi d’un audit par un cabinet; La dissolution pure et simple du conseil d’administration du Conseil café-cacao qui a failli à sa mission », par ailleurs elle demande aux planteurs de rester mobiliser pour les mots d’ordres à venir », a conclu Bilé Bilé.
Donatien Kautcha, Abidjan, koaci.com